Artiste/Groupe:

Hræ

CD:

Þar Sem Skepnur Reika

Date de sortie:

Février 2020

Label:

Indépendant

Style:

Black Metal Expérimental

Chroniqueur:

Mythos

Note:

17/20

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Il y a des albums qui vous touchent, instantanément, sans prévenir. Il y a quelque chose de mystique dans cette histoire. Bien sûr, vous pouvez vous dire : il y a tel ou tel aspect qui me fait penser à tel ou tel groupe que j’aime bien. Bien sûr, vous pouvez toujours tenter de rationnaliser la chose, de vous raccrocher à tel ou tel événement. Etc. Mais au fond, tout cela reste bien mystérieux. Pourquoi Hræ m’a percuté de plein fouet, comment je suis tombé dessus ? Je ne sais plus, ou je ne veux plus savoir. Ce que je sais, c’est que ce groupe, islandais d’origine, m’a tout de suite frappé par sa saillance inattendue, sa virulence extrême, son intimité profonde. Et dans l’inattendu, il y a des correspondances. Quelques recherches m’apprennent que c’est le side project de Þórður Indriði Björnsson, à l’origine d’Endalok, dont j’ai chroniqué les excellentes dernières productions. Inattendu, vraiment ? Tout cela est bien mystérieux. Et d’ailleurs, Þar Sem Skepnur Reika est passé complétement inaperçu dans la masse des sorties du genre. Il faut dire que le compère n’a pas vraiment donné du sien pour faire connaître son projet. Cent quarante-deux fans sur Facebook, pas de label, tout en indépendant. Du BM pur, sans expectative. Peut-être est-ce cela que l’on ressent à son écoute ? Une forme d’authenticité viscérale, honnête, sans bavure, sans prétention.

Mais pourquoi comprendre, après tout ? Ce que je sais, c’est que Þar Sem Skepnur Reika m’a fait tressaillir. Bête indomptable, aux confins de nuances expérimentales. Des sonorités surgissent, vous touchent instantanément. Une mélodie vous cueille comme une fleur, pour vous emporter jusqu’à la prochaine piste, sans même que l’on s’en rende compte. Puis le chant, grave mais chaleureux, a la puissance du magma qui sommeille sous l’Eyjafjöll. Frappant.


« Où Les Créatures Errent » est le titre traduit en français. C’est vrai qu’il y a quelque chose de monstrueux dans Hræ. Une véritable tératologie créatrice, parfois cauchemardesque, et en même temps fascinante, sublime. Ne dit-on pas que la terreur, l’horreur surgissent du sublime ? Comme ces visions ressenties par le héros d’Hannibal, la série menée par une main de maître avec Mads Mikkelsen. Le monstre d’ailleurs, vient du latin « monstrare » qui signifie « montrer », « indiquer ». Mais que nous indique Hræ ? À vous de voir, de percevoir plutôt, dans la profondeur des expérimentations du soliste Þórður Indriði Björnsson, démiurge de ce monde où errent ses propres créatures. Une œuvre intime et percutante, en plus il est gratuit sur Bandcamp (vous mettez la somme que vous voulez). Et puis si vous n’en avez pas assez, allez aussi faire un tour sur un de ses autres projet, Guðveiki, intense.

Tracklist de Þar Sem Skepnur Reika :

01. Sköpunarverkið
02. Tungur Og Eiturský
03. Lofsöngur Hinna Rotnu
04. Drep
05. Hafið Yfirþyrmandi
06. Hryllingurinn
07. Paradís

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