Il l’a dit : " Ok les mômes ? On y va ou bien ? Let’s go,1 ,2 ,3 , 4 !!!". Et il le fait carrément bien, il la plante même super bien cette Metalgraine chez nos mômes.
Quand Aldebert enfile le cuir et les clous pour devenir Helldebert, on peut légitimement se demander si l’esprit de Spinal Tap (the film) a soufflé sur son studio. Mais loin d’être une simple parodie de fin d’année remontant tout de même à 8 mois (juste le temps nécessaire pour que cela arrive à mon cerveau), Enfantillages 666 s’impose comme une pépite inattendue, un écrin métallique pour des textes acérés et des riffs affutés, le tout servi avec un soupçon d’espièglerie, de diablerie qui n’effraiera même pas le plus candide des marmots.
Imaginez un instant : le Père Noël troquant son traîneau pour une Harley, ses rennes coiffés de crêtes punk, et des elfes batteurs de double-pédale. C’est un peu cette image qui vient à l’esprit dès les premières notes de l’album. Avec des titres aussi évocateurs que Dr Terreur ou encore Le Cartel Des Cartables, Aldebert nous transporte dans un univers où l’innocence enfantine flirte avec la puissance brute du Metal.
Mais attention, ne vous y trompez pas : Enfantillages 666 n’est pas un vulgaire pastiche. Aldebert, alias Helldebert pour l’occasion, a su s’entourer d’artistes de talent issus du paysage Metal ou rock français ( Fetus des Ultravomit, Niko des Tagadasetc ...) ou planétaires (Serj Tankian des System of a Downet autres ... ). Les compositions sont impeccables, jonglant habilement entre power chords ravageurs, soli sympas et structures mélodiques qui restent en tête plus longtemps qu’un chant de Noël mal interprété (merci Maria Carrey de bien vouloir fermer sa gueule pour la postérité). Il faut saluer cette maîtrise, car réussir à marier la douceur de l’enfance avec l’intensité du Metal est un numéro d’équilibriste, dont le gars s’amuse à l’évidence.
Et que dire des textes, n’est ce pas ? Fidèle à son habitude, Aldebert s’adresse aussi bien aux sales gosses qu’aux adultes inéluctablement immatures. Derrière l’humour décapant et les jeux de mots croustillants, on trouve des messages qui font mouche : le respect des différences (A Mort La Vie), l’éveil à la créativité (L’apprentie Sorcière), le harcèlement scolaire (Le Cartel Des Cartables), et même une ode subtile à l’esprit de rébellion (Seum 51), celui-là même qui pousse un enfant à demander une troisième part de bûche sous les yeux réprobateurs de Super mamie gourmande (Super Momie) comme une vieille chatte.
Avec ses allures de cadeau de Noël décalé, cet album s’inscrit aussi dans une tradition bien française de la « poly lecture », cette manière subtile de parler à plusieurs publics en même temps. Les enfants y verront une aventure musicale endiablée, tandis que les adultes décrypteront les clins d’œil à leurs propres souvenirs de fans de musique extrême. L’album est délicieusement intelligent mais cela vous l’aviez pigé. En voici un bel aperçu en compagnie des Cavalera, Max et Igor des Sepultura.
Étonnamment, le succès de l’album ne s’est pas fait attendre. Radios (France Inter, RTL etc ...), journaux (Libération, le Monde, Le Parisien etc...), web : tout le monde en parle de cet Helldebert, alter ego ou clone métallique d’Aldebert, il est en train de devenir une véritable sensation qui ne cesse de croitre. Et pour preuve d’une amorce de légitimité dans le milieu parfois grognon à embrasser quelques originalités, il est annoncé au Motocultor Festival 2025, l’un des temples du Metal en France (The Temple dirait notre respecté JeanMich’Hell). Ce qui était peut-être au départ une expérience audacieuse, humoristique ou décalée, s’est transformé en un véritable projet artistique et musicale, la dingue giga-tournée en atteste (48 dates en France, et oui ça calme...)
Alors, si vous cherchez une façon de passer un Noël différent cette année, laissez tomber les chants cucul traditionnels et mettez Enfantillages 666 dans la Hellsound. Entre les sourires amusés des parents et les cris enthousiastes des enfants, une chose est certaine : le Metal n’aura que rarement été aussi festif. Ma mère est nulle !
A glisser rapidement sous le Hellsapin, celui que l’on aime tout piquant (pas celui en plastique tout dégueu), pour les Hellmarmots tout énervés car ressentant la neige à 200 kilomètres, pour mettre le sourire au plus dur des Deathmétalleux ou pour les vraiment plus grands comme Super momie. Magique comme un petit sapin en fin de devenir, dont la graine avait été placée pour la postérité et qui a poussé depuis plus ou moins sagement en attendant le Noël pris sous un mètre d’épaisseur de blanc manteau.
Nous y sommes, Joyeux Helldays à tous !
Tracklist de Enfantillages 666 :
1. Rock’n’roll 2. Le Cartel Des Cartables 3. Les Derniers Pirates 4. La Marche Du Monde 5. Guitar Hero 6. Super Momie 7. L’apprentie Sorcière 8. La Sorcière 9. Ça Vaut Des Points 10. Seum 51 11. La Princesse 12. Le Temps De Vivre 13. Croque-mitaine 14. Dr Terreur 15. A Mort La Vie