Hatebreed c'est un peu le AC/DC du hardcore. Le groupe tient sa recette, ne surprend plus personne mais continue de délivrer de très bons disques et concerts explosifs dont on ne se lasse vraiment pas. Ce Weight Of The False Self ne déroge pas à la tradition du groupe : douze titres, efficaces, percutants, dynamiques et suffisamment variés entre breaks bien sentis et toujours cette capacité à accélérer les tempos. Et toujours cette capacité à produire des hymnes bien scandés et dont le potentiel live est indéniable. Difficile donc de développer l'analyse sur la musique de Hatebreed (allez, une remarque sur ce petit côté Symphony Of Destruction de Megadeth sur A Stroke Of Red). Si certains pensent que Jamey Jasta se répète, rappelons que le garçon a d'autres groupes à son actif pour proposer autre chose (Kingdom Of Sorrow, Jamey Jasta) et Hatebreed ne semble pas avoir vocation à évoluer dans son style. Comme pour AC/DC, on peut trouver cela dommage ou au contraire se réjouir que Hatebreed ne nous décevra pas. Vaste et récurrent débat ... (à mon humble avis, les side-projects peuvent aussi permettre de gérer cette tension « évolution / respect des fondamentaux »).
Toujours intéressantes chez Hatebreed sont les thématiques abordées. La résilience, l'appréhension d'un monde jugé hostile sont des sujets chers à Hatebreed et il se dégage toujours une grande positivité de ces paroles. Outre la capacité à trouver des formules chocs tel un Nietzsche coreux. Bel exemple que Set It Right (Start With Yourself) et ce "If You Want To Change The World, You Have to Start With Yourself", joli monument à la prise d'initiative personnelle et à l'auto-responsabilisation. Désolé pour Jamey Jasta mais il n'a aucune chance d'intégrer notre gouvernement infantilisant avec de tels préceptes. On retrouve ce point sur le morceau éponyme ("If You Want To Make A Difference, You Have To Be Different From The World You See"). L'artwork renvoie aussi (du moins telle que je l'interprète) à la construction de soi. Et ce titre d'album sonne à mon sens comme une alerte au risque de narcissisme, individualisme et autres dérives de notre époque. J'ai vraiment l'impression que Jamey Jasta projette un regard acéré sur notre époque et ce n'est pas nouveau.
Point étonnant en ce sens de constater par ailleurs que la scène hardcore de par ses thématiques a pu voir l'émergence des mouvances straight edge. Plus surprenant est le contraste entre ces idéaux et la violence des fosses hardcore où certaines personnes sont parfois d'une rare agressivité. Un fan de deathcore nous avait sèchement rétorqué une fois que "si c'est trop violent, il ne faut pas venir à un concert de hardcore" (je laisse aux lecteurs le soin de profiter de la profondeur de cet échange digne des meilleurs débats sur BFM). Pardon pour cette digression, je ne cache pas le régal des concerts de hardcore (quelle énergie, quelle puissance, on en sort avec une de ces patates !!) mais les quelques dérives parfois rencontrées sont un peu dommageables, à mon sens.
Pour en revenir à mon sujet, ce Weight Of The False Self est comparable au Pwr/Up d'AC/DC : sans surprise mais efficace et au final bien agréable. Hâte de les revoir live (remarque qui vaut pour les deux groupes !!)
Tracklist de Weight Of The False Self :
01. Instinctive (Slaughterlust) 02. Let Them All Rot 03. Set It Right (Start With Yourself) 04. Weight Of The False Self 05. Cling To Life 06. A Stroke Of Red 07. Dig Your Way Out 08. This I Earned 09. Wings Of The Vulture 10. The Herd Will Scatter 11. From Gold To Gray 12. Invoking Dominance
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