Le carton commercial de la décennie 2010 est assurément à attribuer à Ghost qu’on ne fera pas l’injure de présenter à notre estimé lecteur. On peut plus ou moins apprécier leur musique mais les salles sont pleines, la renommée maximale et le succès désormais bien établi. Forcément, l’industrie du disque intègre cet état de fait et lorsqu’un groupe prend une telle ampleur, on voit inévitablement arriver quelques « suiveurs », les maisons de disques malines et avisées participant naturellement à ce phénomène. Pour tout dire, je suis même assez surpris du finalement pas tant de groupes « Ghost-like » sur le marché. Il y a peut-être un peu d’inertie mais sans offense aucune, Green Lung me semble faire partie de cette catégorie. C’est en 2017 à Londres que Matt Wiseman (Batterie), Scott Black (Guitare), Tom Templar (Chant), John Wright (Orgue) et Andrew Cave (Basse) fondent le groupe de stoner / doom / psychédélique Green Lung. Le premier constat est un peu dur mais j’ai vraiment eu la sensation d’entendre du Ghost ici. L’orgue déjà, le chant « popisant », on est vraiment dans une continuité. Repéré initialement par Svart Records et désormais membre du prestigieux catalogue Nuclear Blast, Green Lung joue désormais dans une catégorie supérieure, l’équivalent du Top14 après joué en Pro D2 (ça marche aussi avec Ligue 1 et Ligue 2 pour les footeux).
Alors bien sûr, on en revient au sempiternel débat sur ce genre de groupes. Opportunisme commercial ? Qualité du disque proposé ? On retrouve ces deux éléments ici, franchement l’écoute est plaisante, le disque bien produit. En plus, si j’ai cité Ghost, on retrouve aussi d’autres influences telles Deep Purple,Black Sabbath bref du très bon, du classique et Green Lung se démarque un peu de ses glorieuses et prestigieuses formations pour offrir une formule qu’on ne peut qualifier de pâle copie. La ressemblance est surtout générale et affaire de ressenti personnel. Surtout le groupe va plus vers une imagerie horrifique avec un très beau noir et blanc vintage sur le clip.
Produit par Wayne Adams et mixé par Tom Dalgety connu pour son travail pour Clutch (pour qui Green Lung a ouvert sur une tournée qui leur a fait du bien et offert une petite exposition), Opeth(autre influence qui mérite d’être citée) et Ghost dont j’ai déjà trop parlé concernant Green Lung. Pour ne pas générer de mauvaise interprétation, mon point est plus de parler ici d’une continuité d’ordre business, la jeune formation anglaise bénéficiant d’un contexte porteur pour le type de musique pratiqué. J’ai apprécié aussi la durée du disque, efficace avec huit pistes, le très bon prologue d’ambiance plongeant d’emblée dans l’atmosphère souhaitée par le groupe. Ce disque présente une bonne dynamique générale, le tout est très cohérent et on trouve de-ci de-là quelques bons riffs bien solides, bien doomy même si cela reste assez lissée. Pas un doom rugueux mais plutôt « accessible » si on me permet cette formule. Découverte récente, Green Lung bénéficie d’une belle petite renommée dans le milieu, d’un label puissant et peut tirer son épingle d’un jeu toujours plus évolutif. Bien dans son époque, qui de fait apparaît bien sombre, Green Lung est on l’a vu à réserver aux fans des groupes cités dans cette missive. Les anti-Ghost peuvent passer leur chemin.