Comment ? Green
Day sur notre estimé site ? Mais n'importe quoi, c'est pas du metal, c'est
même pas du rock, c'est de la pop pour ados débiles, c'est de la merde... Blabla,
taisez-vous, merci, voilà qui est mieux.
Green Day, donc, est un
groupe de punk rock ayant connu le succès pendant le revival punk des années 90,
notamment avec le culte Dookie. C'est surtout au début du millénaire que le
groupe a tout pété, avec l'excellentissime American Idiot. Leur meilleur album, soit dit en passant. Mais
comprenez-vous, comme on n'a pas le droit d'avoir un énorme succès populaire sinon
ça veut dire qu'on est un connard de vendu, eh bien Green Day s'est
également attiré les foudres d'un sacré paquet d'imbéciles. Soi-disant que
ce serait devenu de la pop. Ben tiens, c'est vrai qu'un Jesus Of Suburbia qui dure neuf
minutes, c'est de la pop commerciale, j'avais oublié.
Le plus ironique, c'est que je
me retrouve à défendre ce groupe alors que je n'en suis pas le plus grand fan. Non pas
que je les déteste, mais ça ne m'a jamais attiré plus que ça.
Dookie et American Idiot sont très bons, j'avais trouvé des trucs
chouettes sur le suivant, 21th Century Breakdown, mais c'est à peu près tout.
Pour être un peu plus complet dans cette chronique, j'ai écouté les quatre albums
précédents (donc Uno, Do, Tré et Revolution Radio) et
c'était pas glorieux.
Alors pourquoi je vous présente ce Father Of
All Motherfuckers (auto-censuré en Father Of All...) aujourd'hui ? Eh bien
parce qu'on me l'a bien vendu. Des articles que j'avais lus ici et là me parlaient d'un album
très teinté vieille pop, mais dans le bon sens du terme. Pas de la soupe
aseptisée mais une collection de tubes. Parce qu'un bon album de pop, c'est ça. Tu ponds
dix titres, il faut que les dix soient de potentiels singles juste géniaux. Et c'est exactement
ce qu'est ce Father Of All : dix tubes, emballés dans un package vachement
controversé puisqu'il se permet de saloper la pochette du tout-puissant American
Idiot. Le message est clair et assez marrant.
Evidemment, les fans du groupe sont
déstabilisés. Faut dire que bon, dès l'ouverture, ça sent pas du tout le
punk-rock que pratique d'habitude le groupe. On est plutôt sur un délire qui rappelle le
stoner-pop d'un groupe comme Eagles Of Death Metal - groupe que j'aime bien si tu
veux tout savoir, le deuxième album est fort chouette. Voilà qui
désarçonne, et ce n'est pas fini ! Parce que oui, Green Day a
décidé de quitter sa zone de confort et de revenir aux racines du punk. Parce
qu'à la base, le punk, c'est pas les Pistols qui veulent juste tout
brûler. Non. Le premier vrai groupe du genre, et sa meilleure itération, c'est bien les
Ramones. Et eux, ils ne voulaient pas tout casser. Ils voulaient juste proposer des
morceaux ultra efficaces, très courts, basiques mais impitoyablement bien foutus. Gros
refrains, grosses ambiances, gabba gabba hey. L'économie ? Non, l'écrémage
plutôt. On vire le superflu, on ne garde que l'efficace. Comme l'ont fait les pionniers du rock
qu'on aime tant (oui, c'est toi que je regarde, Chuck Berry).
Green Day tape là-dedans et dégaine tout un
tas d'influences qui datent d'avant les années 80. On retrouve, en vrac, les
Ramones, forcément, mais aussi les Beach Boys, les
Beatles (pour les harmonies vocales), Gary Glitter... C'est
Lemmy qui serait fier de la bande à Billy Joe
!
Prenez Stab You In The Heart par exemple : vieux rock, rythmique en clap-clap,
refrain ultra léger, le riff qui va bien, encore des claps, du tambourin et des choeurs... Mais
c'est du Beach Boys ! Et sûrement mon deuxième titre de l'album
d'ailleurs. Et ce dernier titre, Graffitia, ce serait pas du Gary Glitter
qu'on entend en fond (le riff me rappelle son fameux Rock'n'Roll Part II) ? Sûrement
mon titre préféré de l'album, d'ailleurs. Green Day n'a rien
oublié, a tout bossé. Tous les titres ont un refrain absolument formidable, souvent
plutôt mélodique (coucou Oh Yeah !).
Alors oui, ils ont calé
Sugar Youth, plus teinté punk-rock, qui plaira plus aux vieux fans. Mais ils
enchaînent avec Junkies On A High, qui s'approche pas mal de la pop actuelle et qui
fera fuir lesdits fans. Des vrais trolls, ceux-là !
Résumons : dix tubes,
deux, trois minutes max par morceaux, vingt-six minutes de pop-punk incroyablement riche et bien
foutue, du Ramones, du Beatles, des claps. Qu'est-ce qu'il vous faut
de plus ? C'est parfait pour les moments tout joyeux - je vais me le ressortir à coup sûr
cet été dans la bagnole - et pour les moments un peu tristounes - genre, au hasard, un
confinement contre un virus mortel. Foncez, c'est d'la bonne !
Evidemment, le groupe a eu la riche idée de mettre tout l'album en écoute gratuite sur
youtube. Intéressé, clique ici
!
Titres préférés : Graffitia, Stab You In The Heart
Tracklist de Father Of All Motherfuckers :
01. Father Of All... 02. Fire, Ready, Aim 03. Oh Yeah
! 04. Meet Me On The Roof 05. I Was A Teenage
Teenager 06. Stab You In The Heart 07. Sugar Youth 08.
Junkies On A High 09. Take The Money And Crawl 10. Graffitia
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