Ils sont inoxydables ! En pleine tournée pour leur quarante ans de carrière (alors qu’à peine avant-hier je me revois les yeux brillants en train d’assister à leur superbe performance pour leur trente ans au Wacken... que le temps passe vite !), Chris Boltendhal et ses comparses nous présentent leur... vingt-et-unième album, excusez du peu ! Dire que Grave Digger est prolifique est un doux euphémisme. Néanmoins, il faut distinguer quantité et qualité. Depuis pas mal de temps maintenant, le groupe est vu comme le groupe sortant des albums à la pelle, en composant une sorte de copier-coller du précédent album. Ce n’était pas totalement faux, pour ne pas dire en partie vrai... jusqu’à la sortie il y a deux ans de Fields Of Blood ! Et là j’ai retrouvé le sourire en écoutant un album du fossoyeur. Efficace, retour aux sonorités médiévales, (cornemuse is back, un visuel et une ambiance qui rappelaient effectivement leur trilogie médiévale), bref, un album comme on pensait ne plus en écouter de leur part. Quel pied ! C’est donc forcément avec un regain d’optimisme que j’appuie sur lecture afin de voir ce que ce Symbol Of Eternity a dans le ventre.
Petite intro symphonique et cinématographique avec The Siege of Akkon qui renvoie directement à la pochette : épique. Mais ne nous y trompons pas, ça ne va pas durer, puisque très vite déboule un riff rageur. Aucun doute, à la seconde près nous sommes rassurés, c’est bien un album de Grave Digger qui démarre. Ici on ne fait pas dans la dentelle, ça mitraille sévère. Le titre est assez concis, de facture classique mais passe bien. La basse claque bien et c’est toujours appréciable ! Axel Ritt nous balance son petit solo avant le refrain final. Du classicisme absolu mais efficace. Ce n’est par une bonne dose de basse en mode solo (et ça, mes enceintes aiment ça) que commence Hell is my Purgatory. Un titre connu bien avant la sortie de l’album, donc il devrait parler à du monde. J’imagine déjà aisément les "Hell is my Purgatory, HELL, HELL, HELL" scandés en chœur lors des futurs concerts du groupe. Typiquement le genre de titre qui reste dispensable sur album, mais qui prend tout son envol et son ampleur en live. Alors certes on retrouve quelques longueurs (Symbol Of Eternity et Heart Of A Warrior demeurent dispensables à mon humble avis) mais l’ensemble, cohérent et costaud et devrait contenter largement les nombreux fans. Grace Of God et ses sonorités légèrement asiatiques propose une facette plus discrète du groupe, prouvant (mais on le savait déjà) que le groupe n’est pas qu’une machine à riff tranchants.
Mais Grave Digger c’est aussi un certain savoir-faire en matière d’hymnes. Disons en tout cas que le groupe a composé quelques mythes dans le genre. Vous voulez donc du gros refrain bien épique et bien gras ? Ces messieurs sont là pour vous servir. Demandez un King Of The Kings, vous ne serez pas déçus ! Quel refrain ! Le solo de guitare, certainement bien difficile à exécuter, est excellent. Bref, une petite pépite de ce nouvel opus. On en redemande ! Mais mon petit préféré reste Sky Of Swords, vraiment cliché dans sa manière de répéter le refrain, mais j’avoue que je suis très client ! Encore un tube et je l’espère, un futur malheur en concert. Le dernier titre est un petit délire très Rock’n Roll, et pour cause, il s’agit d’une reprise d’un titre de Vasilis Papakonstantinou, un chanteur Grec de Rock, qui participe également en duo avec Chris Boltendhal. Son timbre chaud apporte vraiment un plus, bravo, voilà une fin réussie et un bel hommage au chanteur. Les fins connaisseurs noteront que le groupe avait déjà repris ce titre en live sur Lost Tunes From The Vault. Cette fois-ci, c’est donc en studio, avec un son plus propre.
Que dire de plus... Grave Digger fait partie de ces groupes sur lesquels le temps ne semble pas avoir d’emprise. Inoxydable, je vous dis ! Le groupe revient en forme avec un album plus brut et agressif que le précédent. Si ma préférence va toujours à Fields of Blood, plus varié et riche, il ne faut pas faire la fine bouche et se rendre compte de la chance qu’on a de pouvoir écouter encore et encore des albums de cette trempe après quarante ans de carrière. Je trouve même incroyable de trouver encore de l’énergie, de l’envie et de l’inspiration après tant d’années et tant d’albums. On doit appeler ça la passion. Et de la passion, Grave Digger n’en manque visiblement pas.
Tracklist de Symbol Of Eternity :
01. The Siege of Akkon 02. Battle Cry 03. Hell is my Purgatory 04. King of the Kings 05. Symbol of Eternity 06. Saladin 07. Nights of Jerusalem 08. Heart of a Warrior 09. Grace of God 10. Sky of Swords 11. Holy Warfare 12. The Last Crusade 13. Hellas Hellas