Il y a pratiquement cinq ans sortait Aethra, un album d’exception qui laissait déjà quelques pistes d’évolution de la part de Gorod. Pour autant, le groupe n’a pas fait évoluer son line-up, on retrouve Matthieu, compositeur en chef, et Nicolas aux guitares, Karol (batterie) et Barby (basse) à la base rythmique, et Julien au chant. Il y a déjà quelques mois que le quintet bordelais tease différentes parties de l’album dont le title track The Orb, qui lui aussi, pouvait laisser présager quelques nouveautés.
Le groupe a d’ailleurs commenté : « La composition globale de cet album s’est étirée davantage dans le temps qu’Aethra, ce qui nous a permis d’essayer de nouvelles choses. Nous voulions à la fois aller un peu plus loin dans les nouvelles expériences mais aussi revenir à nos propres sources afin de mettre en valeur les contrastes. Du plus spontané au plus abouti, nous avons rassemblé le matériel le plus accessible et le plus extrême possible. »
Et il faut reconnaître que cela va être, pour un fieffé chroniqueur comme moi, difficile de trouver meilleure synthèse que cette phrase. Parlons d’abord du retour aux sources, autrement dit le côté le plus direct du groupe, basé sur du bon Death qui tâche. Le titre d’ouverture Chrematheism, ou Waltz of Shades, en particulier le début du titre, sont des modèles de titre Death à tendance Morbid Angel- Cannibal Corpse. Mais le titre qui arrache tout sur cette galette, c’est bel et bien Victory. Ouh là là ce riff qui tient la baraque ! Je l’avais découvert en live, et je dois vous avouer ne pas vraiment avoir compris ce qu’il se passait, mais une fois digéré, quel titre !!! Il se situe à la frontière du Thrash, du Death avec une rapidité d’exécution totalement délirante.
Côté innovation, il faut bien reconnaître que le titre The Orb peut déstabiliser à bien des égards l’auditeur habituel de Gorod. Pour autant, est ce qu’il est si délirant de voir les bordelais sur ce chemin, pas tant que cela. Ou alors il faudrait faire une croix sur le très bon EP Kiss The Freak ou encore quelques titres comme 5000 At The Funeral, ou plus récemment Aethra pour avoir oublié que Gorod est aussi totalement capable de s’aventurer avec talent vers d’autres horizons. Quant à la reprise, hommage aux DoorsStrange Days, elle me donne automatiquement le sourire de Sieur Matthieu Pascal dès que je l’écoute, tellement je la trouve juste dans son équilibre entre les deux groupes. Tout simplement remarquable.
Finalement, le groupe a redécoupé ses compositions. Là ou Aethra avait tendance à chercher le compromis entre parties plus mélodiques, et parties plus bas du front, The Orb organise plus les tendances par titre. Il reste l’excellent We Are the Sun Gods, qui se rapproche un peu plus de ces modèles simultanément, avec une première partie très cash, un pont délicieusement mélodique, et un retour au modèle initial.
Gorod a encore réussi à nous proposer un album hors norme. Il confirme leur place dans un créneau rare en France, celui du Death Technique Progressif, mais pas comme étant un modèle à suivre à la lettre, comme étant une inspiration au service des compositions. Ce groupe reste unique dans sa manière d’aborder leurs œuvres, et de facto, cet album est encore un album unique dans le petit monde du Metal. Il peut certes déstabiliser par bien des aspects, mais sincèrement Gorod, et en particulier M. Matthieu Pascal, a cette patte si particulière et, une fois de plus, remercier ce groupe de continuer à me régaler. Merci.
Tracklist de The Orb :
01. Chrematheism 02. We Are the Sun Gods 03. The Orb 04. Savitri 05. Breeding Silence 06. Victory 07. Waltz of Shades 08. Scale of Sorrows 09. Strange Days