C H R O N I Q U E

Avec Process Of A New Decline, Gorod avait marqué les esprits avec un groove et une technique imparable, qui n'était sans rappeler un certain Necrophagist. Les Bordelais, grâce à un death metal technique lumineux, se sont imposés en France comme un grand espoir du metal hexagonal. Trois ans plus tard, les voilà de nouveau avec A Perfect Absolution sous le bras ! Alors, qu'attendre de ce nouvel opus ?

En tout cas, pas de la technique ! Eh non ! Gorod semble avoir délaissé ce qui faisait son charme jusque-là, ce qui les rendait différents de la plupart des groupes, ce qui était leur force... plutôt étrange. En fait, le terme "délaisser" est peut-être fort, mais comprenez bien que les fans de la première heure auront du mal avec cet album. Les adorateurs de ces solos qui dépassaient l'entendement et frisaient la crise épileptique ont disparu, Gorod lève le pied, pour le meilleur et pour le pire.

Mais, entre nous, qui ne l'a pas vu venir ? L'artwork, à lui seul, montre le virage amorcé par Gorod. De la sphère lumineuse et énigmatique perdue dans une... grotte à la fois radieuse et inquiétante, nous passons à une figure féminine, les cheveux embrasés, les yeux enflammés par la haine et la bouche déformée par un cri strident vers le lointain. Le tout dans un univers aux couleurs ardentes, à des années-lumières de la sobriété du visuel de Process of A New Decline. Un changement qui n'est pas forcément malvenu, après déjà quatre albums à l'actif du groupe...

Soyez sûrs que Gorod n'a pas perdu le sens du groove pour autant ! On retrouve sur chaque morceau des parties musicales fort plaisantes, durant lesquelles on se surprend à hocher frénétiquement la tête de haut en bas. The Axe of God et sa violence colossale, Elements of Spirit et son riff diabolique, sont de superbes exemples du travail fourni par les Bordelais. Cet album est taillé pour le live, indéniablement, et l'on a qu'une hâte : voir les gars sur scène jouer leurs dernières compos ! Car quand on n'est pas pris dans un headbang furieux et incontrôlable, c'est l'heure de se ramener dans la fosse et de se fracasser, épaule contre épaule, dans des pogos dignes d'un grand groupe de death metal !

Un nouveau chanteur aux timbres variés (enfin !), un nouveau son (enfin ?), toujours autant de groove si ce n'est plus (ouh yeah !), Gorod a trouvé là une recette différente, qui fait mouche. Ou presque. En effet, on reste légèrement sur notre faim devant des morceaux, certes de haute volée (mon coup de coeur revient à Varangian Paradise, avec son riff déjanté et son break à la limite du funky... oui oui !), mais il manque encore ce petit quelque chose, ce petit je-ne-sais-quoi, pour faire de cet album une masterpiece comme l'était Process of A New Decline. Qui sait, A Perfect Absolution est peut-être l'élément déclencheur d'un nouveau virage amorcé par Gorod. Allez, on peut quand même le dire : vivement le prochain album !

Tracklist de A Perfect Absolution :

01. Birds Of Sulphur
02. Sailing Into The Earth
03. Elements And Spirit
04. The Axe Of God
05. 5000 At The Funeral
06. Carved In The Wind
07. Varangian Paradise
08. Tribute Of Blood

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