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Gojira![]()
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C H R O N I Q U EIl fut un temps où, pour découvrir de la musique, je ne me jetais pas avidement sur internet mais préférais parcourir les rayons de la médiathèque locale. Et si, à mes débuts, je m'en tenais à emprunter les albums de groupes que je connaissais, il arriva un jour où tous ces albums étaient passés entre mes mains. Il fallait donc commencer à découvrir. Et quel meilleur moyen qu'une compilation pour cela? C'est ainsi que j'ai emprunté Nu Metal 3, une compilation qui, malgré son nom, ne contenait pas exhaustivement que du nu metal. Dans cette compilation se trouvait entre autres The Link de Gojira, et même si je n'ai pas apprécié immédiatement le style, j'ai décidé de m'intéresser à ce groupe et cherchais dans les rayons un de leurs CD. Il n'y en avait qu'un seul: avec un superbe artwork signé Joe Duplantier. Une baleine, elle semble voler dans le vide autour de deux planètes. Intrigué, j'emprunte le CD et arrivé chez moi, le place dans le lecteur. Un sample, des baleines qui chantent dans le vide entre Mars et Sirius... Puis c'est la baffe: Ocean Planet est lancée. Il n'y a pas de mots pour décrire mon ressenti à la première écoute de cet album. Un tiraillement entre la violence de la musique (qui me rebutait encore légèrement à l'époque) et le sentiment qu'il y a une aura de génie qui plane sur ce disque. Les passages plus doux me permettent de reprendre mon souffle. Merci Unicorn, merci au début de Flying Whales, et merci encore à From Mars, grâce à vous je me suis accroché et ne suis pas passé à côté de ce monstre gargantuesque, ce disque purement parfait. Finalement, j'ai réussi à mettre des mots sur cette première écoute... Qui changea ma conception du metal ! Parlons maintenant du ressenti que j'ai, après maintes écoutes. Excuse-moi, lecteur, ce qui suit est subjectif. Ocean Planet. Rappelons que The Link se finit avec Dawn, un instrumental de grande qualité conclu par des samples d'oiseaux. Ocean planet commence par des samples de chants de baleines. Le lien? Peut être, mais si The Link commence et finit en douceur, From Mars To Sirius nous en met plein la tronche dès le départ avec ce morceau. Suit Backbone, ce morceau est dantesque. Il est avec Flying Whales l'un des plus cités sur la toile, et ce n'est pas pour rien, car avec un riff dévastateur et cette injonction finale: « Beat your feet on the ground now, go ! » , il n'y a pas le choix, le sol tremble et tremblera lors des concerts. From The Sky nous pilonne à coups de double pédale tout au long de ses cinq minutes, tandis que Joe nous met face à nos origines et à la nécessité de comprendre la vie sauvage. La piste suivante nous transporte dans l'antre des Dragons, ceux-là même qui vivent dans nos cœurs et qui sont ce que l'humanité a de plus sombre. Tout cela porté par une musique poignante et débordante de la puissance des quatre Landais. Godzilla n'est pas loin. The Heaviest Matter Of The Universe porte bien son nom : on se sent happé par les mélodies jouées, comme si l'on chutait en tourbillonnant dans le trou noir. Trou noir qu'il est nécessaire de comprendre si l'on veut y survivre. La notion de compréhension revient régulièrement dans cet album, car elle est la voie qui mène à la sagesse et au respect. Flying Whales. Ça y est, elles reviennent avec leur chant envoûtant, ce moyen qui leur permet de communiquer à travers les océans. Selon les dire de Joe, ces animaux présentent une intelligence insoupçonnée, je suis prêt à le croire . Et Elles ont "tant à nous dire, sans aucun mot", à nous d'être humble et de les écouter. In The Wilderness est une injonction à tous les bûcherons : « Living respectful / Low your axe / And learn from the trees » Car la terre survivra à la destruction de l'homme, non pas l'inverse. World To Come est un message d'espoir. Pas pour l'humanité, désolé. La terre nous survivra. Notre forme de vie n'est pas la seule et lorsque le déluge arrivera, il n'est pas dit que Noé daigne accueillir un homme et une femme sur son arche salvatrice. Au tour de From Mars puis To Sirius, ces deux morceaux pourraient très bien n'en former qu'un, tellement leurs paroles et leurs mélodies sont liées. Mars, la guerre. Sirius, la paix. C'est l'essence même de ces deux morceaux. Il s'agit d'un voyage initiatique en soi-même, il faut se regarder dans les yeux avant de se déclarer perdu, pour pouvoir changer et se sauver, trouver la paix. Paix que le narrateur trouva en lui même. Ou sur Sirius. L'heure a sonné, le dernier morceau s'approche à grands pas pour une fin épique : Global Warming. Ce morceau alterne un riff en tapping avec un autre, plus conventionnel et plus bourrin. Le début est sombre, il met l'humanité face à son irresponsabilité. Mais il place petit à petit un espoir dans les générations futures, pour finir sur un dernier couplet carrément optimiste, dans lequel il croit à une évolution de l'humanité. « We will see our children growing » C'est sur cette note d'espoir, répétée maintes et maintes fois, accompagnée à la basse, puis sur le riff final qui monte en puissance jusqu'à l'insoutenable que le morceau se finit. Tout comme l'album. Le silence qui suit est lourd de sens, nos yeux se sont ouverts et on réalise que cet album vient de nous mettre sur le cul. Gojira nous a livré avec cet album un chef d’œuvre du metal, et même de la musique en général, une pièce maîtresse à connaître absolument, à la fois pour la puissance et la beauté de ses riffs et pour ses textes, qui méritent un interprétation approfondie. Tracklist de From Mars To Sirius : 01. Ocean Planet Venez donc discuter de cette chronique, sur notre forum ! |
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