Artiste/Groupe:

Glen

CD:

Pulse!

Date de sortie:

Mai 2021

Label:

Anesthetize Productions - Soundeffect Records

Style:

Post Rock

Chroniqueur:

dominique

Note:

16/20

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Le second album des Berlinois de Glen vient de sortir. Pull! est 100% instrumental, ne se compose que de quatre titres et dure pourtant quarante minutes environ. Les compositions longues et cinématiques sont dans l’ensemble très soft. Initialement classé pur post rock, notamment à la suite de l’album Crack de 2018, le groupe a, pour cette nouvelle sortie, absorbé des ingrédients rock mélodieux. Les quatre titres proposent des univers assez différents, tous complémentaires d’une trame rythmique expérimentale et hypnotique. Rien de bien révolutionnaire, mais plutôt agréable à écouter.

Un retour en arrière si l’on considère Crack ? Je ne crois pas. Je dirais plutôt un pas en retrait assez bénéfique, tant le côté expérimental du premier EP était parfois pointu, voir même à la limite du supportable. Là où les choses étaient donc complexes avec Crack, Pull! apporte beaucoup de simplicité et de cohérence. Les lignes de guitare sont soutenues par une partie rythmique de qualité, ce qui donne à cet album un côté plutôt plaisant. Comme souvent dans ce genre d’approche musicale, les titres semblent un peu trainer en longueur. La répétitivité des loops rythmiques, même avec des variations mélodiques constantes, donne cette impression de dilater le temps. Comme pour d’autre groupes, genre Hypnodrome Ensemble, il faut donc aborder l’écoute avec un état d’esprit ouvert et joueur. Et il vous faudra peut-être, malgré la certaine simplicité de Pull !, plusieurs écoutes pour réussir à l’apprivoiser pleinement.

Le quatuor, construit autour des artistes pluridisciplinaires Wilhelm Stegmeier et Eleni Ampelakiotou, se complète par le bassiste Maria Zastrow, qui apporte une touche plutôt jazz à l’ensemble, et le batteur percussionniste américain Brendan Dougherty. Ce pluralisme culturel est mis en valeur dans Pull!. La structure des titres reste très similaire ; une base rythmique simple et répétitive, hypnotique, à laquelle de multiples couches mélodiques sont ajoutées. Loin d’être indigeste, ce gâteau permet à chacun d’apporter sa petite touche personnelle. Je ne peux confirmer si l’un des membres de Glen est l’initiateur spécifique de l’un des univers proposés, mais je peux affirmer que tous les thèmes abordés se fondent parfaitement avec la base rythmique post rock.

Le voyage commence par le franchement desert rock Lecture. Titre très facilement abordable et assez joueur, Lecture laisse beaucoup d’espace aux guitaristes et à la batterie. Là où la ligne de basse reste relativement sobre, les deux autres instruments laissent libre court à leur inspiration, proche de ce qui pourrait-être produit lors d’un bœuf entre amis. Korinth appuie sur le côté ethnique et un brin médiéval. L’utilisation d’instruments plus spécifiques, tels que le cimbalom, apporte un vrai plus. Le titre est bien plus complexe que Lecture ; la rythmique plus agressive et stimulante vous prend à la gorge et ne laisse que peu respirer l’auditeur. Les variations mélodiques se font plus par touche, via l’intermédiaire des instruments à corde. Les percussions, qui complémentent le travail de la batterie, ainsi que l’apport d’un piano, sont essentielles et apportent de la profondeur. Un très joli titre plein d’énergie et d’atmosphère. L’ouverture de Ahab est sombre et lente. Plus cinématique que les autres titres, Ahab semble soutenu, durant près de trois minutes par le son électro-rock planant des synthétiseurs. Les intonations me font penser à la bande-son de la saison 6 de Kaamelott composée par Alexandre Astier. La seconde partie du titre est bien plus stimulante. Les synthés apportent toujours le côté spatial, mais cette fois complémenté par une base krautrock des plus intéressante. C’est soudainement très rythmé et enlevé, telle une course, ou alors, comme imagé sur le trailer de l’album, comme des motos qui tournent en rond dans une boule. Le titre de fin, Davos est plus minimaliste, à la fois mélodique et mélancolique. Son approche jazz rock semble faite pour l’improvisation. La basse est plus présente et les guitares se répondent sur un jeu de balance. Par touches, elles construisent aussi un univers bien spécifique qui donne de la matière aux mélodies douces. Personnellement j’aime beaucoup Davos ; proche de ce que je souhaite entendre lors d’une fusion jazz et ethno rock, le titre semble presque avoir été improvisé lors de l’enregistrement. Purement jouissif.

Deuxième chronique pour cette mise à jour, et deuxième recommandation. Pull!, sans être exceptionnel, possède de réelles qualités, dont la première est une facilité d’écoute pour les non-initiés. S’il ne restera pas forcément dans les mémoires de tous, je sais que je réécouterai l’album encore, dans quelques semaines ou mois; preuve que ses textures, ses sons et ses ambiances ne m’ont pas laissé insensible.

Tracklist de Pull! :

01. Lecture
02. Korinth
03. Ahab
04. Davos

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