Si les confinements ont été pénibles pour tout le monde, on imagine sans peine la frustration pour un Frank Carter quand on voit l’énergie déployée par l’Anglais sur scène. Allez savoir, peut-être que le garçon surcompense son impressionnant abattage réalisé lors de ses tournées en se perdant au milieu des bois ou en allant à la pêche ; mais pour qui a vu l’animal sur scène, cela paraît difficile à concevoir (quoique, allez savoir !). Alors lorsque les tournées sont tombées à l’eau en 2021, il a bien fallu trouver de quoi s’occuper et réorganiser son emploi du temps, a minima le remplir utilement. Et enregistrer un nouvel album semblait dès lors une excellente idée. Dans un tel contexte, Frank Carter et son guitariste d’origine Dean Richardson se sont enfermés en studio et ont bossé sur ce qui allait devenir Sticky, quatrième effort des Anglais. Oh, il y a bien eu un « concert-test » organisé en lien avec les autorités pour voir la faisabilité du retour des shows (le même protocole fut essayé en France avec Indochine), l’occasion de tester des nouvelles pistes en format live mais cela est bien insuffisant pour ce qui reste avant tout un groupe de scène.

N’en demeure pas moins que ce disque fonctionne plutôt bien et contient quelques pépites ma foi bien plaisantes. Le premier single My Town et son groove se posent déjà là. Idem pour Go Get A Tattoo au thème un peu téléphoné vu que Frank Carter met en avant ses nombreux tatouages, mais un titre très sympa. J’aime pour ma part beaucoup Cupid’s Arrow avec un super refrain à l’excellente ligne mélodique, la meilleure piste de Sticky m’est avis. Le chanteur y sonne incroyablement anglais renvoyant à une certaine image d’Epinal du rock anglais et cela le fait bien. Bien que prise en main par le guitariste Dean Richardson, la production offre ici une place de choix à la basse avec un super groove (Go Get A Tattoo). C’est clairement un instrument mis en avant par ce groupe où on retrouve une dimension que j’aimais beaucoup chez le Green Day des débuts, autre groupe auquel on songe ici avec plaisir. La référence à laquelle on songe le plus demeure malgré tout les Sex Pistols avec ce côté dangereux mis en avant, même si on sent Frank Carter moins viscéralement hors système que ne l’étaient ces pionniers du punk (j’irai même jusqu’à affirmer qu’il est un pur produit du système, celui des festivals notamment). On notera quelques invités de choix (Bobby Gillespie, Joe Talbot) mais ces derniers renvoient ouvertement les Rattlesnakes à une scène rock s’éloignant de fait de notre univers Metal. 

Bien que modifiant son calendrier, Frank Carter et ses Rattlesnakes ont enregistré un bien bon disque qui, s’il ne révolutionnera pas la scène punk-rock, se révèle des plus agréables et surtout a permis de pondre quelques très bons titres qui depuis font un malheur en live. Bien sûr, c’est dans ce format que Frank Carter & The Rattlesnakes excellent et se démarquent mais il reste intéressant de voir que l’exercice studio n’est pas bâclé. Une formation sympathique, une écoute plaisante. 

Tracklist de Sticky :