Depuis que j’ai découvert Flayed un soir au Korigan de Luynes, le groupe fait partie de mes chouchous, à savoir des groupes, souvent français que j’ai découverts tôt et dont je suis la carrière autant que faire se peut. Depuis ce concert, nos Viennois n’ont pas chômé. Pile un an après leur premier album, Symphony For The Flayed, ils ont sorti leur second album, Monster Man, et alors qu'on ne les attendait pas de si tôt, voilà qu’ils nous pondent ce petit EP pour nous faire patienter. Décidément, ils sont très productifs et veulent garder notre attention. Cet EP s’appelle, XI Million et on y trouve cinq titres dont une reprise.

Le line-up du groupe n’a pas changé, avec toujours les deux guitaristes Julien et Rico, cette puissante section rythmique composée de Charly et JP, l’ami Rafinet à l’orgue Hammond et toujours le bondissant Renato au chant. Si le line-up n’a pas changé, j’ajouterais que la formule musicale proposée par Flayed n’a pas changé non plus et on retrouve sur cet EP tous les ingrédients qui m’avaient séduits dans Flayed : du groove, des riffs appuyés par l’orgue Hammond et le bon style de chant de Renato.

On retrouve tout ça dans XI Million, le premier titre de cet EP. Nous avions pu entendre ce titre testé en live lors du dernier festival Morts Subites à Hyères. J’avais déjà aimé, j’aime encore la grosse basse, le son de l’orgue qui vient doubler les guitares, et le chant de Renato, qui se balade là-dessus, super à l’aise. Ca groove bien, c’est assez irrésistible, difficile de ne pas marquer la mesure du pied ou de la tête. On remarque des chœurs féminins qui viennent ponctuer certaines fins de phrases et qui ajoutent de la profondeur au morceau. Niveau solo, on enchaine orgue Hammond de Rafinet puis guitare de Julien, c’est bien foutu. On pourrait dire à peu près la même chose du morceau suivant Trend Is Over. Les chœurs sont encore présents pour souligner certaines phrases. Si on comparait, un peu naïvement au début, le son de Flayed, à celui de Deep Purple, surtout du fait de l’orgue, je pense qu’en écoutant cet EP on peut se dire que Flayed a trouvé un son, un créneau plus original et, qu’aujourd’hui, les morceaux sont, certes inspirés de leurs aînés des années 70, mais avec une touche personnelle et un son reconnaissable, parmi des milliers, en une seconde. C’est déjà un bon point. En parlant d’aînés, le troisième morceau est une reprise que nous avions pu goûter avec bonheur lors du même festival mentionné plus haut, à savoir Fortunate Son de Creedence Clearwater Revival. Le morceau original est déjà une tuerie des années 70, mais cette reprise est un pur kif. Le chant est excellent, la basse défonce tout, les solos successifs, d’orgue puis de guitare, sont géniaux. Renato est encore appuyé par d’excellents chœurs féminins qui viennent accentuer ce côté vintage. Une vraie réussite et une super hommage à un groupe trop ignoré des hardos de base que nous sommes, bravo ! J’accroche un poil moins à Shoot The Trail, par contre j’aime l’énergie du dernier morceau Rollin’ Monkey, sorte de boogie endiablé porté par un riff guitares/orgue qui défonce tout. Renato n’a plus qu’à se déchaîner et faire son show, ce qu’il fait à merveille. Il laisse la place à Julien pour un excellent solo de guitare, avant le refrain final.

Je ne reviendrai pas sur le fait que c’est un EP et étant donné qu’il est déjà particulièrement difficile de vendre des LP, il me semble que l’idée de sortir un EP n’est commercialement pas viable. Mais la motivation du groupe est palpable, et ça c’est bien. On comprend leur envie de nous proposer des choses, et pourquoi pas sous la forme d’un EP. Mon seul petit reproche est cette impression de chewing-gum dans le chant de Renato. Je ne dirais pas que son accent n’est pas bon, ce n’est pas le cas, mais il y a quelque chose dans son phrasé qui fait qu’on croit comprendre les paroles mais en fait… non. Ca ne gâche rien, rassurez-vous.


Tracklist de XI Million :

01. Eleven Million
02. Trend Is Over
03. Fortunate Son (Reprise de Creedence Clearwater Revival) 
04. Shoot The Trail
05. Rollin’ Monkey