En cette belle année 1989, un OMNI (Objet Musical Non Identifié) s’abat sur le petit monde du Metal. Pour son troisième album, Faith No More n’a pas fait les choses à moitié.
Depuis quelques années déjà, Faith No More était un nom qui commençait à se répandre. Un certain James Hetfield arborait souvent un tee-shirt du groupe (regardez les photos promo de Garage Days), il n’en fallait pas plus pour que l'intérêt naisse chez les hardos de tous poils. Déjà, le second opus du groupe, Introduce Yourself (1987), laissait entrevoir un truc pas banal et avait connu un certain succès notamment grâce à son single We Care A Lot. Mais il manquait le grain de folie que le groupe va trouver en la personne de son nouveau chanteur, Mike Patton, et de sa voix incroyable. Il va sans aucun problème faire oublier son prédécesseur à ce poste, Chuck Mosley. The Real Thing, c’est la grosse baffe. Et celle-là, personne ne l’avait vue venir.
Dès le premier morceau, From Out Of Nowhere, les synthés pleuvent, le rythme est endiablé et la voix de Patton déboule. Et là, c’est le choc : un chant halluciné et hallucinant. Ca devient très vite une évidence : ce type est un malade. Comment peut-on chanter de cette manière en étant tout à fait sain d’esprit ? Le fait est que sa voix amène au groupe un truc spécial qui fait la différence. Si musicalement, Faith No More apparaissait déjà comme un groupe hors normes, maintenant, ça ne fait plus aucun doute : ils sont à part. Le refrain est un must. Ce morceau est, en outre, le premier single extrait de l’album. Epic rend les choses encore plus déstabilisantes car il s'agit ni plus ni moins d'un Rap Metallisé, du moins sur les couplets. La basse slappée de Bill Gould marque la mesure. La mélodie provenant des synthés est hypnotisante. Sans compter les paroles délirantes. Voilà le second single de l’album. Un choix osé quand on y pense mais qui reflète bien la folie de cet album. Le plus calme Falling To Pieces laisse encore une grande place à Patton et sa voix nasale. Les synthés de Roddy Bottum font la mélodie. On note que l'utilisation des synthés, tout en étant très importante chez Faith No More, n'a rien à voir avec l'utilisation que les groupes de Hard FM en avaient à l'époque. La basse tient encore une fois une place importante. On note depuis le départ une guitare essentiellement rythmique (il y a très peu de solos de grattes sur ce disque). Troisième morceau, troisième single extrait de l’album. Avec Surprise! You're Dead!, Faith No More nous fait découvrir encore une autre facette du groupe, un morceau bien agressif. Patton a cette fois-ci un phrasé Hardcore sur ce titre. Zombie Eaters nous plonge dans une ballade toute douce à la guitare acoustique et synthés. Patton chuchote presque. Puis le titre bascule d’un coup dans l’électrique. A partir de là, tempo lourd (mais aéré par un synthé toujours omniprésent). Vient ensuite le titre éponyme, un des moments forts de l’album. Huit minutes quinze de génie musical. La batterie de Mike Bordin parle en premier et donne tout de suite au titre un rythme improbable. Le synthé vient ensuite jouer les premiers rôles pour amener la mélodie. Mike Patton est sur une autre planète, là, sa voix est juste incroyable, allant d’intonations de psychotique à des grognements retenus. Une pause centrale nous ramène à l’intro du morceau et de là, la folie redémarre. Underwater Love remet la basse en avant. Un morceau étrange encore une fois. Difficile de définir un style musical de toute manière. C’est du Faith No More millésime 89. Point barre. The Morning After est un morceau groovy à souhait avec un excellent refrain. Morceau qui aurait pu faire un carton aussi s’il avait été choisi d’en faire un single. Mais bon, on n’allait quand même pas sortir tous les morceaux de l’album en single… Woodpecker From Mars est un instrumental venu d’autre part aussi (de Mars, donc). Le synthé s’y taille la part du lion. Il lance les hostilités avec une mélodie arabisante. On notera quand même une basse omniprésente une fois encore. En fait, tous les instruments, chacun leur tour, ont leur espace, mais dans une véritable entité, pas un morceau prétexte à une démonstration technique. L'album vinyle se terminait sur ce titre. War Pigs (de Black Sabbath, faut-il le préciser ?) est la reprise sur le gâteau (nouvelle expression). La guitare de Jim Martin, cette fois-ci, s’en donne à cœur joie. Pour le clin d’œil, Mike Bordin ne savait pas encore, à l’époque, qu’il se retrouverait par la suite le batteur attitré de l’ex-chanteur de Black Sabbath. L’album (en CD, donc) se termine sur une ballade aux paroles assez terribles, ce qui contraste complètement avec sa mélodie très suave. Non, décidément, Faith No More n’avait rien fait comme les autres avec cet album.
Vous l’avez compris, The Real Thing est un album culte dans tous les sens du terme. Le groupe sortira trois ans plus tard un Angel Dust d’anthologie mais déjà, la voix de Patton ne sera plus aussi délirante que sur cet opus. The Real Thing est une pièce unique dans la carrière de ce groupe unique... comme chaque album du groupe, en fait.
Tracklist de The Real Thing :
01. From Out Of Nowhere 02. Epic 03. Falling To Pieces 04. Surprise ! You're Dead ! 05. Zombie Eaters 06. The Real Thing 07. Underwater Love 08. The Morning After 09. Woodpecker From Mars (instrumental) 10. War Pigs 11. Edge Of The World
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