Voici enfin le second album de Faetooth, ce trio féminin de « fairy doom metal » comme elles aiment s’autoproclamer. Le groupe californien entièrement féminin est composé de Jenna Garcia pour la partie chant et basse, Rah Kanan derrière les futs et Ari May à la guitare et au chant. Trois jeunes demoiselles, donc, mais dont la musique est très loin de ce qu’on pourrait imaginer. Il faut dire que j’ai découvert Faetooth un peu par hasard lors du dernier Hellfest, flânant ça et là une pâquerette dans la bouche (non pas vraiment, mais pas si loin), juste après avoir coché leur show uniquement suite à la lecture du résumé sur le programme du festival. Juste comme jugement me direz-vous, ou bonne surprise possible. Il n’en fut rien car, soit les filles sont un peu passées à côté du truc, soit c’est moi, en tout cas l’interaction ne s’est pas faite entre nous, mais j’ai senti un je-ne-sais-quoi dans leur musique qui m’a fait creuser cette découverte, et bien m’en a pris.
Il ne faut pas chercher quelconque joyeuseries dans cet album, sur aucun titre. Leur musique est très sombre, doom avec une basse très présente et un rythme à faire déprimer. C’est très sombre avec des textes tout aussi sombres. Les titres de Labyrinthine s’enchainent malgré tout avec plaisir et devraient faire mouche auprès des âmes écorchées, c’est le moins qu’on puisse dire. L’alternance de chant clair et fluet et de growls féminins sortis d’outre-tombe (White Noise, Eviscerate) sont jubilatoires, tout comme les cris en arrière-plan sur Iron Gate.
Ces derniers sont flippants à souhait et fouetteraient presque la chair de poule, la vache ! Bon tout n’est pas si noir, même si c’est l’idée première de Faetooth puisqu’on trouve aussi des riffs de guitares plus clairs qui, accompagné des passages chantés contrebalance avec la noirceur ambiante et donne une impression presque malaisante à l’auditeur, mais tellement jubilatoire tant on se surprend à plonger dans leur univers telle une chute dans un trou noir. Et même quand le groupe propose un morceau plus facile d’accès avec October, on reste toujours dans ces thématiques d’une noirceur opaque et complexe qui, de toute façon, ne risque pas de faire sortir l’auditeur de sa torpeur. C’est bien simple : Labyrynthine est réussie de bout en bout.
Après un silence radio de quelques années entre ses deux albums, Faetooth revient en force avec un second album pleinement abouti qui leur confère une place de choix dans l’univers sludge doom. Et même si leur univers est loin d’être gai, quelle claque à écouter ce Labyrinthine, ce qui m’interroge sur mon rendez-vous manqué avec le groupe vu la qualité de la galette. Un groupe qu’il faudra que je revoie sur scène, forcément.
Tracklist de Labyrinthine : 01. Iron Gate 02. Death Of Day 03. It Washes Over 04. Hole 05. White Noise 06. Eviscerate 07. October 08. Mater Dolorosa 09. The Well 10. Meet Your Maker