C H R O N I Q U E
Quatre ans après son dernier album, Exodus is back ! On ne va pas vous refaire tout l'historique du Thrash américain mais sachez simplement (si vous ne le saviez pas encore) que Exodus est l'un des pionniers du style. Il aurait d'ailleurs dû faire partie du "big four" (qui serait devenu un "big five" du coup) mais le destin en a décidé autrement. Avec le départ du chanteur Rob Dukes (dans le groupe pendant neuf ans) et l'intégration de Gary Holt dans Slayer pour remplacer, au moins en live, le regretté Jeff Hanneman, on aurait pu penser que c'en était fini d'Exodus. Que nenni ! Gary Holt n'a jamais voulu hypothéquer l'avenir de son bébé au profit de sa place dans Slayer. Il emmènera d'ailleurs son groupe en première partie de Slayer pour la future tournée, histoire de lever toute ambiguïté sur la question (et on saluera au passage sa performance puisqu’il assurera donc deux concerts de suite). En ce qui concerne le chanteur, le problème ne fut pas long à régler. Gary a tout simplement fait appel à Steve Souza pour reprendre le micro. Et pour ceux qui l’ignorent (sans doute les mêmes qui ne savaient pas qu’Exodus était l'un des pionniers du Thrash, cf. plus haut) Steve "Zetro" Souza fut le chanteur du groupe de 1986 à 1992 et sur l’album de la reformation en 2004. Autrement dit, pour moi, le choix de Steve coulait de source : il EST la voix d'Exodus (le regretté Paul Baloff, chanteur originel, n'ayant enregistré qu'un seul album). Et retrouver Steve derrière le micro, je dois dire que ça rappelle des souvenirs. D'excellents souvenirs même si on évoque le superbe Fabulous Disaster sorti en 1988. Et donc, même si les derniers albums d’Exodus n'étaient pas mauvais du tout (les deux parties de Exhibit notamment), il est indéniable que ce retour de Souza sent bon le passé et les grandes heures du groupe. Voyons maintenant si ce retour tient ses promesses.
L'intro un peu déstabilisatrice de Black 13, très électro, est juste là pour tromper l’ennemi. Car une fois passée la minute vingt-cinq de questionnement qu'elle suscite, on ne s'en pose plus des masses, des questions : Exodus is back in the 80's ! Riff tronçonneuse dans la grande tradition, rythmique rapide au millimètre (Tom Hunting, troisième membre historique du groupe dans cette mouture 2014, abat toujours un sacré boulot à la batterie) et bien sûr, le chant de Souza, reconnaissable entre mille et que ça fait super plaisir de réentendre car il n'a rien perdu de son timbre agressif et de sa gouaille. On est tout simplement transporté vingt-cinq ans en arrière. Le titre éponyme enfonce carrément le clou. Rythme bien rapide encore une fois, débit de paroles à vitesse grand V et refrain repris par tout le groupe (les fameux "gang vocals" que l'on retrouvera aussi sur Collateral Damage, Body Harvest et Honor Killings). Si vous n'avez toujours pas l'impression de vous retrouver à la fin des années 80 à l’écoute de ce morceau, c'est que vous n'avez pas connu cette époque ! On notera d'ailleurs au passage dans ce titre le petit clin d'œil au premier album du groupe, Bonded By Blood. Clin d'œil qui devient évident à la lecture des paroles de la chanson puisqu'elle se conclut sur ces mots : "Tonight we’re gonna rage and make Paul Baloff proud". En tout cas, ça sent le futur classique live, ce titre. On remarque aussi que le groupe revient à des titres plus courts, bien punchy, celui-ci ne dépassant pas les quatre minutes et deux autres morceaux de l’album restent sous la barre des cinq minutes. On se rappelle que sur les Exhibit, on avait du morceau à rallonge. Exodus garde quand même son goût pour les morceaux assez longs (toutefois tous inférieurs à sept minutes) qui lui permettent de développer à loisir les parties instrumentales (Numb, Body Harvest, My Last Nerve, BTK, Food For The Worms). Vous l’avez compris, tout est fait pour que l’on se sente de retour à la grande époque du Thrash. Les deux morceaux suivants, Collateral Damage et Salt The Wound, ne changent pas la donne. Brisage de nuques en règle ! On retrouve les légendaires échanges de solos du groupe et au niveau rythmique, on se délecte de ce tricotage à deux guitares, Gary Holt et Lee Altus se complétant à merveille. Notez que c’est un troisième guitariste qui est à l’honneur sur le premier solo de Salt The Wound, celui-ci étant joué par Kirk Hammett (le premier qui demande de quel groupe il est...). Là encore, on note le clin d'œil au passé puisque Kirk a débuté comme guitariste chez Exodus avant d'être recruté pour aller remplacer Dave Mustaine au sein de Metallica. Pourtant, si Exodus renoue avec le passé avec cet album, il n'est pas tombé non plus dans l'auto-plagiat ou la nostalgie facile. Chaque morceau marie habilement passé et présent (les cris de sauvage sur le final de BTK, My Last Nerve avec sa guitare mélodique sur le refrain, Numb et sa rythmique hypnotique) et apporte sa pierre à l'édifice. On pourrait aussi citer Body Harvest qui sonne un peu moins old-Exodus musicalement, sans doute parce qu’il a été composé par Lee Altus et non par Gary Holt. En revanche, dès que Souza pose sa voix dessus, il rentre complètement dans le moule. Un seul mot d'ordre pour résumer l'album : THRASH ! Enfin, le son non plus ne fait pas passéiste du tout, la basse de Jack Gibson étant par exemple bien audible (ce qui n'était pas vraiment le cas sur les productions du groupe dans les années 80).
Blood In Blood Out est un très bon album. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il égale les meilleurs albums du groupe (laissons-lui le temps de mûrir pour ça) mais en matière de Thrash, sur la production annuelle, je le mets largement au-dessus de la mêlée. Il est temps de rendre à Exodus ce qui lui appartient : sa place de très grand du Thrash. Car, soyons honnêtes cinq minutes : ça fait combien de temps que les groupes "star" du Big Four n'ont pas sorti un album de cette qualité ?
Tracklist de Blood In Blood Out :
01. Black 13 02. Blood In Blood Out 03. Collateral Damage 04. Salt The Wound 05. Body Harvest 06. BTK 07. Wrapped In The Arms Of Rage 08. My Last Nerve 09. Numb 10. Honor Killings 11. Food For The Worms
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