Artiste/Groupe:

Evil Scarecrow

CD:

Silicon Tea

Date de sortie:

Octobre 2025

Label:

Deadbox Records

Style:

Gothique Horror Metal

Chroniqueur:

KABET

Note:

14/20

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Dire qu’Evil Scarecrow ne se prend pas au sérieux, ou plus trivialement se fout du monde serait un résumé réducteur de leur projet. Et pourtant c’est un peu le sentiment qui perdure quand on écoute un peu attentivement ce qu’ils proposent. Pourtant avec plus de vingt ans d’existence et déjà quatre albums à leur actif, ils prouvent qu’ils tiennent dans le temps avec leur…oui leur ??? Oui leur quoi au juste ? Black metal ? Horror metal ? Humour-parody metal ? Parce qu’on en est un peu là avec eux. C’est tellement éclectique que c’est d’autant plus difficile à catégoriser, mais ça on va y revenir. Le groupe est composé de Dr Hell pour la partie guitare et voix, Kraven Moredeth à la basse, Ringmaster Monty Blitzfist à la batterie, Count Gravedïga à la guitare et Alice Babylon aux claviers. Il n’y a qu’a voir les photos officielles du groupe pour constater qu’ils sont attentifs à tous les pans de leur projet, le maquillage faisant partie intégrante du combo, mais là n’est pas le propos, il est temps de se pencher sur ce cinquième album, Silicon Tea qui va nous pousser très très loin dans nos retranchements.

Silicon Tea démarre à fond avec Nuclear Fallout Machine Sentience, un heavy horror metal bien ficelé entre le chant habité, les parties electro et les riffs puissants. Et pourtant ce refrain répétitif et lourd laisse un sentiment un peu particulier sur la suite à venir. Le groupe donne cette impression de tout envoyer sur la feuille comme si tout dépendait de ce premier titre. Alors oui, pour le coup c’est une très bonne entrée en matière avec ce Nuclear Fallout Machine Sentience répétée à souhait tout le long des cinq minutes de ce morceau.

L’interrogation s’agrandit avec Shred The Evidence, court et concis, mais bien suffisant puisqu’on a du mal à comprendre où le groupe veut en venir entre passage black metal, d’autres parodiques avec la présence de claviers. Si à cela on rajoute un solo bien exécuté limite shred et une ambiance presque metalcore par moment, on s’y perd. Et tout ça en à peine plus de deux minutes. Le genre de titre qui déboussole l’auditeur, moi le premier. Ca enchaine avec Shoptimus Prime dont l’influence Ghost est très prégnante, même si Evil Scarecrow montre plus les crocs que ces derniers ici. Il en reste un titre efficace sans pour autant être un hit en puissance malgré un solo à tomber, la présence des claviers font presque penser à un titre danse nineties, vous voyez ? Toutes ces chansons qu’on a fui pendant des années (et toujours d’ailleurs). Heureusement que ce passage n’est pas très long, mais il marque ce dernier telle une verrue sur un pif.

Toujours déroutant, toujours à contre-pied, le groupe propose Green Bin Day, sorte de skate punk à la sauce thrash qui renvoie cette fois-ci sur The Offspring. Evil Scarecrow possède cette faculté à changer de style d’un titre à l’autre, mais le grand écart est tellement bien exécuté qu’il est compliqué de trouver un fil conducteur à l’ensemble. Si on découvre les titres avec une certaine surprise, une fois celle-ci passée, pas sur que l’envie d’y retourner se fasse ressentir. Avec Master Of The Dojo, on part sur du beaucoup plus sombre avec un chant guttural qui donne cette noirceur. Les riffs sont toujours aussi efficaces et lourds. Je vais me répéter, mais si là-aussi c’est une découverte étonnante, ce morceau ne va pas avec le reste (ou alors le reste ne va pas avec ce morceau), l’auditeur est complètement perdu, et si c’est l’objectif du combo, c’est parfaitement réussi. Après une intro qui fait la part belle aux volailles sur Release The Krakhen, c’est maintenant vers du heavy horror metal que le groupe se tourne. Les chœurs, plutôt bien foutus, nous plonge dans cet univers, dont le chant pourrait presque faire penser à un prêche dans l’intonation. Et on revient sur du horror metal à la Ghost mixée avec un black metal puissant avec Welly In The Mud. Entre chant guttural et belle frappe bourrine et speed, c’est un tourbillon dans lequel Evil Scarecrow nous entraine. Le problème c’est qu’à ce stade de l’écoute une grande partie des auditeurs auront quitté le navire, complètement perdu dans cette écoute. Et ce n’est pas la suite qui va faire retrouver le chemin de la boussole puisqu’avec Wrath On The Sexbots on retrouve des riffs heavy mais ici ce sont surtout les éléments electro qui dominent pour encore une fois, un truc totalement différent. Bon ici on retrouve un excellent solo qui sauve un peu le titre du naufrage. Loin d’être le meilleur d’Evil Scarecrow, mais il reste correct tout en montrant un essoufflement de l’inspiration (et des auditeurs). Et le final sur The Future MachinePapa Perpetua sors de ce corps ! Sors de ce morceau ! Du Ghost, presque en copier-coller. Alors si les amateurs du groupe seront cléments, les détracteurs tireront à boulot rouge sur ce titre, et les autres hésiteront entre plagiat et groupe en manque d’inspiration. En tout cas ce n’est pas ici que le groupe sortira moins bancal de leur projet.

Si les morceaux sont pris individuellement ils pourraient s’en sortir, on trouverait une certaine logique à Evil Scarecrow, mais quand tout est renfermé dans un LP qu’on pourra qualifier de fourre-tout, ça devient un joyeux bordel. Si l’objectif premier est de perdre l’auditeur, le faire plonger dans un tourbillon à lui faire perdre les pédales et le fil, c’est parfaitement bien vu. Si tel n’est pas le cas…Ce même auditeur aura lâché depuis bien longtemps l’écoute de cet album et zappé sur autre chose. C’est un pari risqué, mais pas sûr qu’il soit payant. Chacun jugera.

Tracklist de Silicon Tea :
01. Nuclear Fallout Machine Sentience
02. Shred The Evidence
03. Shoptimus Prime
04. Green Bin Day
05. Master Of The Dojo
06. Release The Krakhen
07. Welly In The Mud
08. Wrath Of The Sexbots
09. The Future Machine
 

 

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