Éva Polgár & Sándor Vály

Artiste/Groupe

Éva Polgár & Sándor Vály

CD

Gilgamesh

Date de sortie

Février 2014

Label

Ektro Records

Style

Musique contemporaine/surréaliste

Chroniqueur

Mythos

Note Mythos

17/20

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C H R O N I Q U E

Bien étrange album que voilà. Ni Metal, ni vraiment trop Classique, ni même Electronique, ce nouvel album des Hongrois Éva Polgár & Sándor Vály a de quoi surprendre. Mais la surprise a souvent du bon, du très bon même. Impossible de ne pas rester un moment interdit à l’écoute de l’album. Les Hongrois vous embarquent, du prologue à la dernière piste, dans une épopée vieille de plus de quatre mille ans. Car c’est aux côtés de Gilgamesh, le non moins célèbre roi-tyran sumérien, que vous ferez le trajet. Et quel trajet ! Sublime.

A la manière d’une scène d’exposition au théâtre, le prologue vous annonce tel l'aède en son temps, l’épopée qui va suivre. C’est bien sur les traces des récits du IIIème millénaire av. J.-C. Gilgamesh et le Taureau Céleste ou encore Gilgamesh et Huwawa que vous allez embarquer… Les titres des pistes le confirment, on suit même l’épopée mésopotamienne à la lettre.

Mais faites silence, car l'histoire est en marche... Gilgamesh règne alors sur la ville d’Uruk, en roi tyrannique et tout-puissant, défiant de son aura implacable la majesté des dieux. Débute alors un piano contemporain et minimaliste, agrémenté petit à petit de percussions surréalistes. Le résultat est un surprenant mélange de musique expérimentale des années soixante-dix et de jazz improvisé. L’ambiance est parfaite, presque insolente. Mais cette insolence ne va pas durer : les dieux, dans leur jalousie maladive, décident de punir Gilgamesh en créant un être guerrier, Enkidu, chargé de détruire le tyran. Les violons entament la marche, introduisant le combattant, mélodie répétitive agrémentée d’un piano au phrasé jazzy. On sent une symétrie cachée avec la piste précédente. Symétrie qui se confirmera par la suite… Mais avant cela, les sons d’une orgie qu’on croirait venus directement de la capitale des vices et des péchés, j’ai nommé Babylone la Grande, résonnent dans la salle des banquets. Des femmes crient. Cris jouissifs et orgasmiques sur fond de batterie rythmant la cadence. Gilgamesh, dans un dernier sursaut de vantardise, ne compte pas se laisser si facilement impressionner par la vengeance annoncée des dieux.  

Le combat avec Enkidu commence alors, piano ajusté dans les graves, la tension est forte, on entend presque les doigts d’Éva Polgár marteler la mélodie tortueuse. Mais Enkidu finit par se nouer d’amitié avec Gilgamesh, qui se lancent ensemble à la poursuite du géant Humbaba (sixième piste de l’album).

Bientôt, Isthar, fille du dieu Anu, éconduite par Gilgamesh, se présente dans un piano mélancolique, proche à certains moments de la beauté d’un Erik Satie. On imagine très bien la scène, tant elle nous paraît familière. La déesse, dans sa tour d’ivoire, préparant sa revanche dans un monologue vengeur…

On pourrait continuer l’épopée encore longtemps, Gilgamesh et Enkidu combattant le taureau ailé envoyé par Isthar. Enkidu mourant par la force des dieux en colère (très beau moment dans l’album). Gilgamesh cherchant en vain l’immortalité sur l’île Umnapistim, puis revenant finalement à son point de départ, la majestueuse ville d’Uruk, pour y finir ses jours…

L’œuvre d’Éva Polgár et Sándor Vály est splendide, une maîtrise totale de leurs instruments, un piano remarquable et des arrangements irréprochables. Ils abordent une histoire vieille de plus de quatre mille ans avec une originalité incroyable, leur version de Gilgamesh est juste magistrale. A tous ceux dont l’ouverture d’esprit est le fer de lance, je ne peux que vous le conseiller, certes un peu difficile d’approche à la première écoute, il saura vous séduire par la suite.

Tracklist de Gilgamesh :

01. Prologue
02. Gilgamesh - The City
03. Enkidu
04. Shamhat
05. The Fight of Gilgamesh and Enkidu
06. Humbaba
07. Isthar
08. The Bull
09. Death of Enkidu
10. Umnapistim
11. Close to immortality
12. Back to the City

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