Artiste/Groupe:

Eldritch

CD:

EOS

Date de sortie:

Novembre 2021

Label:

Scarlet Records

Style:

Metal Progressif

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

14.5/20

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Trois ans et demi après un Cracksleep qui m’avait bien plu, Eldritch revient avec son douzième album nommé EOS. Toujours chez Scarlet Records, ces valeureux Italiens sont de retour avec un petit changement de lineup, enfin deux puisque l’on note l’arrivée d’un certain Dario Lastrucci à la basse mais aussi l’évolution du quintet qui redevient un sextet avec la réintégration d’un claviériste dans ses rangs... et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit d’Oleg Smirnoff, celui-là même qui jouait sur les trois premiers disques du combo dans les années 90. A part ça, on retrouve le batteur Raffahell Dridge (fidèle au poste depuis près de quatorze ans), le guitariste Rudj Ginanneschi arrivé en 2010 et - surtout - le duo fondateur constitué du guitariste Eugene Simone et du chanteur Terence Holler

Comme vous le savez peut-être, suite à des débuts progressifs, ces Italiens ont opté pour une musique plus directe laissant leurs influences thrash prendre de plus en plus d’importance, tout en évoluant d’album en album, pour finalement, depuis dix ans environ, réintroduire davantage de clavier, mélodie et d’éléments prog, se rapprochant avec chaque nouvel opus un peu plus de leurs racines. Avec EOS, Eldritch poursuit cette progression et ressemble encore plus à ce qu’il était dans les 90s, ce que le retour de Smirnoff aux claviers pouvait laisser penser. Au menu : des guitares heavy, du riff thrashisant de temps à autre, des structures complexes propres au prog metal, des plages plus mélodiques et aériennes, des sonorités électro... tout cela servi par une production imposante et moderne. Cette recette riche mais pas franchement déroutante comprend deux petite surprises : un long morceau de onze minutes (chose courante chez les formations prog mais c’est la première fois pour Eldritch) et une reprise inattendue du hit de Bon Jovi, Runaway, alors qu’on avait plutôt été habitué à des reprises de Fates Warning ou Queensrÿche lors de la décennie précédente.

Dès l’intro (Dead Blossom) hautement électronique, on sent que Smirnoff n’est pas revenu pour rien. Son clavier domine et on retrouve l’ambiance particulière des premières heures. Puis arrive Failure Of Faith, un morceau rapide et percutant qui rappelle qu’Eldritch a toujours aimé mêlé le thrash à son metal progressif et mélodique. Les guitares sont particulièrement volubiles (dès l’excellent démarrage). Technique et mélodie font bon ménage... le titre est très réussi, en met plein les oreilles et montre un groupe qui maîtrise sa formule. C’est à la fois dark, complexe et accessible avec de bonnes mélodies et une énergie entraînante. On retrouve ces qualités sur The Cry Of A Nation, une compo bien dense (l’espace sonore est bien rempli avec Eldritch, en plus le son est particulièrement costaud, ça peut fatiguer...) aux lignes de chants assez particulières / originales (la voix de Holler et ses mélodies sont souvent assez singulières et contribuent fortement à l’identité du groupe, on aime ou on n’aime pas...) sur le couplet alors que le refrain est plus consensuel ou fédérateur. Le break instrumental est très classe, la dextérité des musiciens impressionne. Circles développe une atmosphère un peu "creepy" dès l’intro grâce aux claviers de Smirnoff qui distillent une sensation d’étrangeté. Plus on avance dans l’album, plus le propos semble torturé... Encore une fois, la performance du groupe est très forte, mais cette fois-ci, malgré quelques passages que j’apprécie beaucoup, je trouve le titre un peu long (il dure plus de sept minutes) et moins accrocheur. 

Ce léger décrochage se confirme avec quelques autres pistes qui sont pourtant loin d’être mauvaises et qui comportent souvent des passages intéressants mais qui manquent un peu d’immédiateté à mon goût. Je le sais bien, on est en terre prog là, ce n’est pas censé être easy listening et j’accepte ce postulat. Mais j’ai parfois la sensation qu’Eldritch se prend un peu trop la tête. Vous ne serez peut-être pas d’accord avec cette impression et tant mieux, je ne prétends pas que c’est LA vérité... mais disons que j’aimerais être plus touché ou séduit par ce que j’écoute. Une ambiance bien travaillée, une mélodie originale, un passage instrumental virtuose... pas de problème, on retrouve très souvent ces éléments... mais, pour autant, certaines compos ne me hantent pas une fois l’écoute terminée. Soit parce que pas assez "catchy" ou parce que leur force de frappe se voit diluée dans des détours trop tortueux... ou parce que l’émotion a du mal à passer (la ballade I Can’t Believe It, portée par des claviers, me semble assez plate et elle finit par m’ennuyer). Heureusement, les Italiens ne plantent pas totalement leur album et se ressaisissent avec quelques compos un peu plus directes et musclées dans la seconde moitié d’EOS (Fear Me et The Awful Closure ont du punch et reviennent à une qualité proche des premières pistes). Et comme le tout se termine avec la sympathique reprise du Runaway de Bon Jovi (très fidèle à l’original bien qu’un peu plus puissante et complexe d’un point de vue instrumental), on reste sur une bonne impression finale qui, pour le coup, ne manque pas d’accroche. 

Dommage, ça partait très bien et j’ai cru que j’allais trouver cette nouvelle livraison d’Eldritch remarquable... Elle reste cependant de bonne facture, variée, avec un démarrage très réussi et une bonne fin. Au milieu, c’est un peu plus compliqué mais il y a tout de même des choses intéressantes à se mettre sous la dent. Ces Italiens sont d’excellents musiciens, leur virtuosité et leur personnalité (car ils ont un son et un style assez distincts) sont à mettre à leur crédit mais il leur manque encore - à mon sens - ce petit plus qui leur permettrait de tutoyer l’excellence.

 

Tracklist de EOS :

01. Dead Blossom
02. Failure Of Faith
03. The Cry Of A Nation
04. Circles
05. No Obscurity
06. Sunken Dreams
07. Fear Me
08. I Can’t Believe It
09. The Awful Closure
10. Eos
11. Runaway

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