Ecr.Linf nous propose son premier album Belluaires. Il est composé de huit titres de Black Metal inspirés par Voltaire et son combat contre l’obscurantisme. Le groupe est né des retrouvailles musicales de Dorian Lairson et Krys Denhez (Ophe, Neo Inferno, etc.) dix ans après la fin de Jarell, Ecr.Linf passe rapidement de duo à quintet. D’abord avec l’arrivée de Jiu Gebenholtz (ex-No Return) à la basse, puis de Rémi Sefarino (ex-Svart Crown, Hyrgal, etc.) à la batterie et enfin de Jean Lassalle (Jarell) aux claviers.
Les présentations sont faites, parlons musique maintenant, car cantonner Ecr.Linf à “juste du Black Metal” serait bien réducteur. Certes la base est bien présente, et à la lumière de titres comme Le Désespoir du Prophète ou encore Ultime Projection, il est assez évident que vous retrouverez cette référence, la brutalité directe est présente et globalement ces titres sont des bons représentants du genre.
Pour autant le groupe sait ouvrir ses horizons, tout d’abord en créant de l’ambiance lancinantes, avec presque des boucles et développe une ambiance qui dépasse les frontières du style, Missive fait partie de ces titres ayant un ADN particulier qui emmène l’auditeur par la main vers un voyage aussi inquiétant que rentre-dedans. Le Désespoir du Prophéte inclus par instant un brin de Hardcore tout aussi cru que le reste des compositions, quant à La Danse Des Crânes, il s’ouvre sur tout autre chose avec une conclusion de fond de taverne avec accordéon et chant de comptoir, l’ensemble sonne tout aussi fou que ce que peut produire Pensées Nocturnes, ce sont deux univers qui n’étaient pas prédestinés à se rencontrer et qui s’entrechoquent. Le chant n’est pas non plus dans les standards du Black, ce growl est plus proche de la scène core et les paroles en français permettent d’apprécier plus aisément les paroles.
Et puis, il existe des titres qui font le lien entre leur univers, c’est le monumental titre de conclusion Valetaille (Feu pâle est plutôt une Outro) qui débute avec un excellent riff qui reste bien en tête, qui sert de fil rouge, mais connait des ruptures qui donnent envie de remuer de la tête à en planter des clous dans le sol. Cet alliage entre puissance, brutalité, rapidité et hargne est juste parfait.
Belluaires dépasse les clivages et s’autorise à faire des entorses au genre, pour ma part c’est plutôt gage de qualité et de créativité. L’équilibre est on ne peut plus intéressant, et j’apprécie plus la prise de risque que la réponse au standard. Un album à découvrir.
Tacklist de Belluaires :
01. Le Désespoir du Prophète 02. Tribunal de l’Âme 03. La Danse des Crânes 04. Missive 05. Le Royaume du Vide 06. Ultime Projection 07. Valetaille 08. Feu Pâle