Artiste/Groupe:

Dredg

CD:

Catch Without Arms

Date de sortie:

2005

Label:

Interscope Records

Style:

Rock / Heavy Emotionnel

Chroniqueur:

ced12

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Dredg. Vous ignorez sans doute jusqu'au nom de ce groupe. Je suis lucide, le monde de la musique regorge de groupes géniaux qui n'ont pas eu le succès mérité. Tout cela est bien sur subjectif et c'est aussi ce qui rend tout cela passionnant. Pour ma part, Dredg est mon groupe coup de cœur de cette décennie. Alors que je venais tout juste de commencer à travailler, gagnais mes premiers sous, je partais découvrir l'Europe avec des potes et alors que nous traînions dans Amsterdam chez des connaissances flamandes (no comment please !!), ce groupe jouait dans la salle de concert du Melkweg (au Leidseplein, pour ceux qui connaissent). Je me souviens juste avoir trouvé ce groupe démentiel et quelle ne fut pas la bonne surprise quand le chanteur annonça "we'll be in Paris in two days" pile pour notre retour programmé. L'album Catch Without Arms (celui dont je vais vous expliquer que c'est un authentique chef-d'œuvre) acheté immédiatement accompagnant ce retour et hop ! deuxième salve au Virgin Megastore (et là, ça me fout un coup de vieux, cette enseigne qui a beaucoup fait pour notre musique étant fermée depuis un bon moment maintenant) et re-claque monumentale.

Dredg, ce sont quatre musiciens surdoués, Gavin Hayes et sa merveilleuse voix au chant, Mark Engles le guitariste qui passe son temps à jouer sur son pédalier, Drew Roulette bassiste époustouflant et Dino Campanella, batteur à la frappe surpuissante (qu’il faut avoir vu en live jouer la mélodie de piano de Sang Real main gauche et assurant le tempo bras droit dans un exercice de désynchronisation de haute volée). Sérieux, le type a une attaque de caisse claire qui claque mais d'une rare force (on a vu quelques baguettes souffrir en live). Le quatuor s'est connu sur les bancs de l'université de Los Gatos (Californie) et il y a une dimension artistique chez Dredg. Ça se voit notamment dans les visuels du groupe, plutôt arty. Un premier disque, Leitmotif en 1998, avait déjà fait son petit effet avec quelques titres hyper classieux. Le groupe frappera fort, très fort avec le conceptuel El Cielo en 2002. Si vous cherchez l'artwork de ce disque, regardez en haut à gauche de cette chronique, je n'ai pas choisi par hasard ce visuel tant cet album, hautement émotionnel et contenant quelques titres démentiels que je ne résiste pas au plaisir de citer, est un chef-d'œuvre : Same Ol' Road, Triangle et Sorry But It's Over. Cet album fit un sacré effet et bénéficie d'une bien belle - et méritée - réputation.

J'ai choisi ce Catch Without Arms sorti en 2005 pour pas mal de raisons. C'est celui-là que j'avais acheté au fameux concert cité plus haut (merci pour ceux qui suivent), c'est le plus percutant et le plus accessible. Produit par un certain Terry Date (le type qui a produit Pantera dans les années 90), le son du groupe y est plutôt solide, et j'irai presque jusqu'à dire qu'on a ici un El Cielo à la sauce rock metallisé. Ode To The Sun, Bug Eyes et son intro à la slide surpuissante, Tanbark, ces titres claquent bien et méritent le détour. D'autres sont ouvertement plus mélodiques (Sang Real et sa mélodie de piano génialement arrangée, Planting Seeds et son chant aérien, Matroshka aux faux airs d'un U2 à son top). Ce disque suinte l'inspiration de partout, enchaîne les perles (Not That Simple et sa guitare versatile tantôt mélodique, tantôt écrasante le tout sur un tempo de batterie diabolique et à la frappe digne d'un Chris Slade période Razor's Edge). D'une élégance folle, réhaussée de mélodies vocales envoûtantes (Catch Without Arms, le morceau), de lignes de guitares lumineuses, ce Catch Without Arms (l'album !!) ravira tout fan de rock - metal émotionnel et allant vers du progressif. Vous l'avez compris, et si ce n'est pas le cas j'en remets une couche, ce disque est une perle.

Me reste à vous raconter la suite des aventures de Dredg. Un The Pariah, The Parrot, The Delusion plus rock, bourré de trouvailles de production de très grande qualité, de nouveau un passage parisien dantesque à la Boule Noire mais une carrière qui ne décolle toujours pas. Trop rock pour les métalleux, trop agressif pour les fans de rock, Dredg ne trouvera jamais le grand public et se contentera d'un succès critique. Un album paru en 2011 (dont je préfère taire le nom ne le trouvant pas à mon goût) à la qualité incertaine vaudra de sévères critiques au groupe qui se mettra en pause, encore effective à ce jour. Mark Engles œuvre aujourd'hui dans Black Map, très bon groupe de rock alternatif assez typé US où ses lignes de guitares font toujours mouche, mais les autres sont portés disparus de la scène musicale. Voilà c'est Dredg, groupe immense que j'adore profondément. Cette formation mérite d'être redécouverte. A découvrir pour tout fan de musique rock métallisé ouvert d'esprit. Quant à moi, je continue d'attendre religieusement leur retour.

 

Tracklist de Catch Without Arms :

01. Ode To The Sun
02. Bug Eyes
03. Catch Without Arms
04. Not That Simple
05. Zebraskin
06. Tanbark
07. Sang Real
08. Planting Seeds
09. Spitshine
10. Jamais Vu
11. Hungover On A Tuesday
12. Matroshka

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