Un nouvel Album de Maître Devin, c’est comme un peu plonger sa main dans un paquet de clopes. On risque fort de devenir "Atticius" (Drogué en Savoyard), donc de devoir la replonger indéfiniment et finalement y revenir de plus en plus rapidement.
Alors que l’on avait juré tous les démons de la terre, que cette fois c’était bien fini... preuve, on avait évoqué une véritable reprise du vélo cet été sur les routes des montagnes. Alors que l’on avait promis à tante Berthe, celle qui a du poil sur la joue gauche, que l’on allait s’inscrire au mois sans tabac... histoire d’arrêter cette fichue dépendance onéreuse. Alors que l’on avait supplié le doc, celui affublé d’une splendide coupe rose et d’une belle frange poisseuse, pour qu’il nous prescrive des patchs... parce que quand on entend tousser Tonton Raymond qui fume comme un pompier depuis l’âge de sa première communion, et bien ça fout les jetons.
Donc, j’étais armé pour ce mois de novembre, comme jamais. J’avais enfin ces sérieux appuis qui m’avaient toujours fait défaut.
Et le voilà ce nouvel album de Devin Townsend, Lightwork. Et donc, la voilà initiée cette chute brutale des belles résolutions. Que l’on sentait véritablement naitre, et qui riment déjà avec illusions.
Une nouvelle écoute en appelant une autre, elles mêmes, faisant écho à quelques clopes virevoltantes lors de chaque micro pause dans l’inter sillon de la galette.
A chaque volée, je me trouve désarçonné par un assemblage improbable. Un morceau, type gitane maïs pour bucheron canadien pris par les glaces, fort, puissant, étouffant... qui force à tousser Tantôt aromatisé, genre pop aux saveurs enlevées et rythmées... motivant à reprendre le refrain Ou tout bourré de tabac noir, sombre, poussiéreux, qui s’accompagne d’une bière brune... peu propice à la rigolade Un autre, genre clope mentholée pour nana surveillant sa ligne, aux senteurs sucrées, un rien acidulées... qui met en joie Une dernière dans laquelle manifestement on ne trouve pas que du bon tabac et des feuilles d’eucalyptus, du genre euphorisant et qui rend nigaud... qui aide à planer
Tout ça dans un seul et unique paquet, immense, contenant au bas mot vingt tiges (tiens tiens...), pour la version élargie (Deluxe édition en 2 CD), que je vous recommande. Vous trouverez tout ça dans ce paquet, bien plus encore, et chaque bouffée vous apportera son florilège de surprises. Un sacré tout, au "packaging" étonnant, assez éloigné du monde habituel de son créateur, un tout, je vous le concède, très loin de l’industrie du Metal.
L’artiste a toujours été habité par quelques démons, il n’a jamais tenté de nous les cacher. Cependant, dans cette galette, on en perçoit encore plus les affres, conséquences de cette coquine de Vie toujours surprenante. On y discernera sans doute la maladie, les problèmes familiaux, les dérives personnelles, les démons de midi .. Car oui, à l’instar de Devin, chacun plongera ainsi dans ses propres affres, lors de l’écoute de son œuvre, histoire peut être, d’identifier ses propres démons. Manifestement, le monde de la mer n’était pour lui que prétextes et jeux de mots. Il est pour nous une ouverture vers un monde totalement Dévinesque.
Un mois sans tabac... pfff Tout foutu à la poubelle avec seulement cent minutes de musique. De beaux moments, de très beaux moments ...
C’est presque du gâchis, quand on se remémore le temps qu’il a fallu à notre joli monde pour le rendre plus propre, pour retirer, par exemple, les trains fumeurs.. Empêcher le Prof de français de cracher ses fumées sur les élèves ... D’interdire de fumer dans les restaurants ... De faire questionner Tante Berthe sur sa tabagie invétérée au volant de la 4l, alors que les gosses sont vautrés sur la banquette arrière ..
Un mois sans tabac... vraiment déprimant. Un nouvel album de Devin... pas évident, mais enthousiasmant.
Amies lectrices, amis lecteurs, plongez dans le paquet, mais surtout prenez le temps d’apprécier chaque taffe, et replongez dans ce paquet. Oui, ce ne sera pas simple, vous l’avez compris, mais peut-être serez vous finalement touchés par un artiste attachant et radicalement martien. Plus qu’un sculpteur de lumière, il est le gardien du phare.
Track list de Lightwork (Version Deluxe) :
Disque 1
01. Moonpeople 02. Lightworker 03. Equinox 04. Call Of The Void 05. Heartbreaker 06. Dimensions 07. Celestial Signals 08. Heavy Burden 09. Vacation 10. Children Of God
Disque 2
01. Starchasm Pt 2 02. Stampys Blaster 03. Factions 04. Yogi 05. Precious Sardine 06. Hope Is In The World 07. Children Of Dog 08. Sober 09. Boogus 10. Carry Me Home