Alors que certaines légendes du thrash nées dans les années 80 arrivent encore à sortir quelques bonnes choses de temps en temps sans arriver à égaler leurs classiques, il est un groupe qui semble se bonifier avec le temps : Death Angel ! Certes, vous pourrez dire que ces Californiens peuvent toujours agréablement surprendre dans la mesure où - bien que The Ultra-Violence (1987) soit une galette culte pour beaucoup de fans de thrash - ils n'ont pas sorti beaucoup d'albums devenus des références intemporelles du genre comme Master Of Puppets, Rust In Peace, Among The Living ou Reign In Blood, pour ne citer que les plus évidents, peuvent l'être. En tout cas, même s'il n'a pas l'aura ou la renommée des grands leaders du mouvement, ce combo ne manque pas de qualités et s'évertue depuis son retour (au début des années 2000) à nous servir des disques solides, de mieux en mieux composés ou de plus en plus efficaces. En 2013, The Dream Calls For Blood fut même si réussi que je me suis dit qu'il serait difficile à surpasser... Mais ça, c'était avant d'écouter The Evil Divide.
Quel démarrage, mes amis !! Les treize premières minutes de ce disque semblent avoir été conçues pour envoyer un message à la concurrence : l'ange de la mort est de retour et ne fera pas de prisonniers. Trois pistes, trois chansons qui tuent, chacune se démarquant des deux autres en affirmant une personnalité propre couplée à un sens de la composition bien aiguisé. The Moth balance son thrash avec une efficacité redoutable. Riff galopant, tempo décoiffant qui décélère le temps d'un couplet puissant avec des choeurs qui accompagnent le chant vindicatif d'un Mark Osegueda toujours aussi convaincant, une section rythmique qui défonce tout, un solo véloce qui colle bien au morceau, une mélodie accrocheuse... Bref, du Death Angel en forme olympique. Cause For Alarm maintient le niveau et l'énergie démontrés avec le titre précédent. La rythmique est différente, la sensibilité est plus punk mais les soli sont techniques et mélodiques... Bam ! Deuxième claque. En troisième position, Lost ne ressemble pas du tout à ses copines et donne dans le heavy moderne et mid-tempo. Osegueda hurle moins et nous rappelle qu'il est un très bon vocaliste, quel que soit le style abordé. Cette chanson, en plus d'être très catchy, est stylistiquement différente de la plupart des autres morceaux proposés sur The Evil Divide et la diversité qu'elle apporte à cet album est très appréciable. Vraiment, avec ces trois premiers morceaux, on a un début d'album irréprochable.
Heureusement, le bonheur ne s'arrête pas là... même si la suite est plus homogène et réserve finalement moins de surprises. Point d'autres plages à la Lost donc... mais quelques salves thrash bien senties. Cavestany et Aguilar nous sortent une suite de riffs et soli parfaitement exécutés. La technique des gars est aux petits oignons, rien à redire là-dessus. Quant à la section rythmique toujours tenue - pour la troisième fois consécutive - par Carroll et Sisson (respectivement batteur et bassiste), elle n'est pas là pour faire jolie dans le fond... les gars se défoncent et on les remarque. Pour faire court, le groupe est au top, le niveau des musiciens force le respect. Au rayon des compos qui marquent, on retiendra surtout l'excellente Hatred United / United Hate aux riffs thrash parfaits et sur laquelle un certain Andreas Kisser (Sepultura) est venu poser un bon petit solo. Super chanson, grand moment de headbanging en perspective sur la prochaine tournée. A côté de cela, on trouve quelques très bons morceaux (un Father Of Lies proche de l'excellence qui se termine joliment sur quelques notes de guitares sèches, un Breakaway qui dépote sévère ou un Let The Pieces Fall bien carré) mais il est vrai que, globalement, la conclusion n'est pas aussi puissante que le démarrage. Après, il convient de relativiser : si tous les groupes avaient dans leurs albums des compos du calibre des moins bonnes chansons de The Evil Divide, ils seraient franchement bien lotis.
C'est l'heure du bilan : les Death Angel se portent bien, ils sont même plus fougueux que jamais ! Oui, c'est vrai, leur nouvelle offrande n'est pas totalement infaillible. Une poignée de pistes, malgré une forme bien solide, a un peu plus de mal à laisser une véritable trace lors des premières écoutes. On se dit que c'est bien fichu, que l'énergie est là, qu'il y a du riff, de l'agressivité mais que, malgré tout, ça manque parfois un peu d'immédiateté et ne sort pas toujours du lot (ou des sentiers battus). C'est, à mon sens, ce qui empêche The Evil Divide d'atteindre la perfection... Mais cela ne l'empêche pas de s'en rapprocher dangereusement. En fait, c'est bête à dire, mais cet album souffre peut-être d'un début trop réussi. Malgré ce petit bémol, ce huitième effort des Californiens est, à bien des égards, l'un des plus solides qu'ils aient jamais sorti. Comme je le disais en introduction, le combo semble se bonifier avec l'âge car chaque nouveau disque paru depuis sa reformation se situe un petit cran au-dessus de son prédécesseur. Si ce principe perdure, le prochain opus risque bien d'être un véritable chef-d'oeuvre ! En attendant, même si The Evil Divide n'en est peut-être pas un, il est tout de même bien placé pour figurer parmi les meilleures sorties thrash de l'année 2016. Fans du groupe et amateurs du style, régalez-vous !
Tracklist de The Evil Divide :
01. The Moth 02. Cause For Alarm 03. Lost 04. Father Of Lies 05. Hell To Pay 06. It Can't Be This 07. Hatred United / United Hate 08. Breakaway 09. The Electric Cell 10. Let The Pieces Fall
|