Depuis quelque temps, Death Angel semble inarrêtable. C'est bien simple, depuis sa reformation au début de ce millénaire, le groupe aligne les albums avec régularité, chaque nouvelle offrande se montrant un peu plus convaincante que la précédente. Il y a trois ans, le gang californien avait fait très fort avec The Evil Divide, l'une de ses pièces maîtresses (peut-être bien celle que je préfère)... Peut-il encore surenchérir avec ce neuvième opus intitulé Humanicide ? Je vous le dis tout de suite : non. Mais, à mon sens, ce petit nouveau fait (presque) aussi bien que son prédécesseur... ce qui n'est pas rien, vous en conviendrez. Evidemment, si vous n'avez pas spécialement accroché aux trois dernières réalisations de Cavestany et compagnie, toutes produites par Jason Suecof (qui est donc de retour à son poste pour la quatrième fois consécutive), et que vous regrettez des albums plus surprenants ou variés (comme pouvaient l'être Frolic Through The Park, Act III ou The Art Of Dying), il est fort possible que Humanicide ne vous enthousiasme pas plus que cela. Car, soyons clairs, nous sommes dans un cas typique de "on prend les mêmes et on recommence". Le line-up n'a pas bougé depuis Relentless Retribution, le producteur est le même (oui, je viens de le dire juste au-dessus, c'est pour voir si vous suivez)... même la meute de loups présente sur les pochettes de Relentless et The Dream Calls For Blood est de retour !
La chanson titre qui ouvre l'album donne tout de suite le ton. Un lead de guitare hérité du passé (on peut penser à la NWOBHM) sur l'intro, un riff rapide survient, Oseguada pousse une gueulante belliqueuse quand la machine se lance et s'emballe... et c'est parti en mode "full thrash" ! Très classique, rien d'avant-gardiste ou expérimental ici... mais un titre rapide, puissant, efficace. Le son est bon, tous les instruments ressortent bien, la prod de Suecof est encore une fois de qualité... je trouve que les guitares auraient gagné à être un peu plus costaudes mais ça va, rien de grave. Le groupe a toujours la niaque, ça riff comme il faut - Cavestany et Aguilar se (et nous) font plaisir - et Oseguada n'a rien perdu de sa rage, sa voix ne semble pas vieillir. Tout cela démarre bien, sans prise de risque, mais ça continue encore mieux avec Divine Defector qui franchit un cran en terme d'agressivité. Le riffing renvoie à une forme sombre et hargneuse (plus extrême) de thrash et le batteur Will Caroll lâche carrément les chevaux (je crois que c'est la première fois que le gars se laisse aller à un peu de blast beat). Excellent. Aggressor propose une petite intro où la guitare a un son clair, avec une ambiance Annihilatorienne pas dégueu, avant de partir sur du thrash bien puissant histoire d'être raccord avec son titre. Break ultra travaillé et intéressant (c'est l'occasion de se rappeler qu'on a affaire à d'excellents musiciens), gang vocals sur un refrain efficace... rien à redire. Et on reste sur de la qualité avec I Came For Blood qui maintient l'énergie dispensée jusqu'ici mais avec, cette fois-ci, une touche plus punk/thrash qui peut rappeler un style à la Overkill/Motörhead. Ok, ça ne rigole pas, quel démarrage ! Je commence à me dire que les gars ont le feu sacré et nous présentent un de leurs meilleurs disques. Quatre pistes hyper solides, homogènes qualitativement parlant, et avec une personnalité propre pour chacune d'entre elles. Qu'exiger de plus ?
A cette question, plusieurs réponses possibles : "un peu plus d'originalité ou de surprises", peut-être... Ou "que le reste de l'album soit aussi bon". Mais soyons clairs : il n'y aura pas beaucoup de suprises même si le groupe fait un effort pour varier un peu le propos, histoire qu'on n'ait pas l'impression d'entendre toujours la même chose. Viendront donc se mêler à des pistes thrash classiques quelques morceaux un peu différents comme Immortal Behated (qui propose un tempo plus lent, une ambiance sombre, bien installée pendant l'intro, et une longue conclusion où se mélangent guitare sèche et piano) ou Revelation Song, morceau heavy et groovy, qui tranche avec le reste du disque. C'est bien de varier les plaisirs, même si on reste sur quelque chose d'assez classique au final. Pour ce qui est de prolonger la qualité ou l'inspiration des quatre premiers titres, ce n'est pas totalement ça non plus. On a encore de bonnes pistes, de l'énergie, un vrai talent pour sortir des petits riffs et solos sympas mais les compos de la seconde moitié du disque ne sont, à mon sens, pas aussi marquantes que leurs copines qui ont si bien lancé les hostilités. The Pack, avec ses gang vocals et sa hargne, est pas mal... Alive And Screaming ou The Ghost Of Me font dans le thrash classique et incisif, peut-être un peu trop familier et pas si marquant au final. La dernière piste, Of Rats And Men reste dans un genre similaire mais offre des mélodies plus chiadées et permet donc à cet opus de se conclure sur une note convaincante.
Comme ses prédécesseurs, Humanicide a un peu de mal à maintenir l'intensité de son excellent démarrage pendant quarante-cinq minutes. Death Angel ne sort donc toujours pas un album parfait que l'on serait amené à qualifier de chef-d'œuvre. Cependant, une fois encore, les thrasheurs californiens démontrent leur constance et proposent un très bon disque qui compte quelques excellentes pistes qui viendront s'ajouter à la liste de leurs classiques et enflammer les salles de concerts de leur prochaine tournée. Vu que rien n'est mauvais sur ce neuvième album (au pire, on a deux ou trois pistes un peu plus anecdotiques) et que le niveau oscille entre le bon et l'impeccable, que le groupe balance d'excellents riffs avec une fougue indiscutable, bref que la rage et l'efficacité sont toujours là, on peut affirmer que Death Angel fait incontestablement partie des vétérans issus de la vague thrash des 80s les plus pertinents (et performants) aujourd'hui.
Tracklist de Humanicide :
01. Humanicide 02. Divine Defector 03. Aggressor 04. I Came For Blood 05. Immortal Behated 06. Alive And Screaming 07. The Pack 08. Ghost Of Me 09. Revelation Song 10. Of Rats And Men
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