DeadRisen est un tout nouveau groupe ayant sorti son premier album en mars dernier... et qui retrouve-t-on dedans ? Un musicien américain bien connu des fans de metal prog et qui multiplie les projets. Son prénom : Mike. Eh non, il ne s'agit pas de Portnoy mais de Mike Lepond, le bassiste de Symphony X. Vous aviez une chance sur deux. Et si vous faites une petite moue dubitative quand je dis que Lepond est surbooké, jetez un petit coup d'œil à son actualité. Un nouvel album avec Ross The Boss le mois dernier, un prochain Mike Lepond's Silent Assassins qui arrive fin mai... et ce fameux DeadRisen qui nous intéresse aujourd'hui. Un nouveau Symphony X est en cours d'écriture et le bassiste fait également partie du groupe de metal symphonique Everdawn qui prépare son retour. Vous voyez ? Je ne vous ai pas menti... et j'en oublie peut-être.

DeadRisen est d'abord le projet de Lepond et du guitariste Rod Rivera (Rivera/Bomma). Les deux compères se connaissent depuis 2007 et les voilà qui lancent ce nouveau groupe, se donnant comme objectif de jouer un heavy metal puisant ses influences dans la fin des 70s et les années 80, avec une production moderne, et sans se fixer trop de limites, stylistiquement parlant (quelques touches prog sont à prévoir). Le reste de la formation ? Le batteur Dan Prestup (Midnight Eternal), Tony Stahl (clavier) et Will Shaw, un vocaliste s'étant fait remarquer sur YouTube et qui a fini par travailler avec Arjen Lucassen (sur le dernier Ayreon) et devenir le nouveau chanteur des vétérans Heir Apparent. Les présentations sont faites, passons à la musique ! 

L'intro Risen Death A.D. fait penser que DeadRisen va nous faire du Symphony X. Clavier en avant, orchestrations symphoniques, chœurs classiques (en latin évidemment), on retrouve totalement le style du fameux groupe américain dont Lepond est issu (l'ambiance évoque fortement l'album V). Après un tel démarrage, c'était un peu obligé, le morceau Prophecy poursuit dans cette tonalité et rappelle donc également le metal progressif de Symphony X (le riff, l'ambiance, ce mélange de prog épique et de heavy metal bien direct... avec un chanteur puissant et doté d'une belle amplitude) tel que le groupe le pratiquait pendant la première partie de sa carrière (avant d'y ajouter plus de testostérone). Toute la partie break/solo se distingue cependant de ce modèle. C'est un bon démarrage, bien joué, bien chanté, bien produit aussi... mais j'espère que la suite va réserver davantage de surprises car si ce nouveau projet de Lepond n'a pas d'autre ambition que de sonner comme un ersatz du groupe pour lequel il est (surtout) connu, l'intérêt de la chose posera question. Les pistes suivantes vont, petit à petit, me rassurer sur ce point. Le riff de Destiny n'a plus grand-chose à voir avec du Michael Romeo et le refrain très mélodique et catchy s'éloigne aussi de cette influence. On reste dans un style powerprog mélodique, pas démonstratrif, entraînant... franchement bien fait. The Maker durcit un peu le ton et les guitares se remettent à sonner comme du Symphony X. Par contre, la compo part dans pas mal de directions, ne fait pas dans le copier/coller et ses mélodies font mouche. On trouve même un petit passage de guitare flamenco pendant le break (pour info, le père de Rivera était guitariste flamenco professionnel, on retrouve donc un peu de cela dans ses influences).

Avec Reach For The Sun, l'atmosphère change de façon radicale. Voilà une plage très cool aux influences 70s plus présentes. Le clavier apporte un feeling Deep Purple indéniable... et Will Shaw démontre sa versatilité en adoptant un chant plus doux. La compo est gorgée de feeling et se révèle très agréable. On retrouve de la guitare sèche sur l'intro de Visions avant que le morceau ne reparte de plus belle vers un powerprog racé. La voix de Shaw me fait parfois penser à celle de Mark Boals et la musique du combo peut d'ailleurs évoquer celle pratiquée par quelques groupes de metal prog néo-classique qui sévissaient dans les années 90 ou le début des années 2000 (je pense à Ring Of Fire ou Artension). Les influences latines de Rivera reviennent momentanément sur le début du break alors que le refrain propose une ambiance plus orientale. Intéressant. Il y aura des compos plus directes ou rentre-dedans comme Chains Of Time ou encore But You qui flirte avec le thrash (sans totalement s'abandonner au genre), mais aussi des détours plus mélodiques comme la compo Fear And Fury, plus mid-tempo et moins énervée. Vous avez noté le mot thrash dans la phrase précédente, sachez que l'album se termine justement sur la reprise de For Whom The Bell Tolls de Metallica. Choix surprenant mais qui représente finalement assez bien la diversité musicale arborée par DeadRisen. C'est plaisant mais pas hallucinant non plus. Bien joué, avec une petite touche plus heavy et mélodique (à cause du chant et du clavier), mais tout de même très proche de la version originale.

Ce premier essai de DeadRisen est très agréable et montre de belles qualités. Il lui manque cependant un petit quelque chose qui lui permettrait de frapper encore plus fort. Les musiciens font un super job (oui, je ne me suis pas trop étendu mais ça joue évidemment très bien, la basse de Lepond brille, les ambiances sont travaillées, les breaks et solos sont bien amenés, toujours mélodiques, jamais rébarbatifs...) et Will Shaw est un chanteur dont on devrait entendre parler dans les années à venir. De plus, les compos sont tout à fait honnêtes et mettent l'accent sur l'accroche mélodique, laissant l'esbroufe stérile de côté. Cela fait beaucoup de bons points qui font que cet opus intéressera les fans du genre... il se trouve juste que, malgré tout, ce DeadRisen n'est pas spécialement novateur ou extraordinaire, c'est tout. Est-ce grave ? Je ne le pense pas. Le plaisir est là... et c'est déjà bien. 

Tracklist de DeadRisen :

01. Risen Death A.D. 
02. Prophecy
03. Destiny
04. The Maker
05. Reach For The Sun
06. Visions
07. Chains Of Time
08. Fear And Fury
09. But You
10. For Whom The Bell Tolls (Metallica cover)