Je vous avais prévenu ! Ce trio batave est exceptionnel et mérite toute votre attention. Après les Tascam Tapes qui m’avaient fait craquer en 2020, voilà DeWolff de retour en 2021 (merci la pandémie !), avec Wolffpack, leur 9ème album, ce qui n’est pas mal du tout pour un groupe formé en 2007. Le trio est toujours composé des deux frères Van de Poel, Pablo et Luka (guitares et batterie respectivement) et de leur compère Robin Piso aux claviers (vintage uniquement s’il vous plaît).
Si le groupe se définit comme Raw Psychedelic Southern Rock, il manque clairement une composante qui saute aux oreilles dans ce nouvel album (même si elle était déjà présente dans le précédent) qui nous vient de la soul, du R&B et même du disco. Oui, oui, vous ne rêvez pas, certains codes de l’époque disco se retrouvent clairement dans la musique de DeWolff, que du coup je qualifierais de Disco ou Groovy Psychedelic Rock. Certains morceaux illustrent particulièrement bien cette influence disco. On y retrouve les ingrédients caractéristiques du style: du chant de tête aigü (Bee Gees, époque Massachusetts), une ligne de basse en octaves, des chœurs féminins typiques, un bon gros orgue hammond et surtout un "putain" de groove de dingue. Écoutez Half Of Your Love pour comprendre de quoi je parle:
Certaines autres pépites dans ce style sont Treasure City Moonlight, avec son intro de batterie bien cool, ces petits duels voix/guitare, ou encore la ballade Do Me, d’un autre temps, pulsée par un bon orgue hammond et une belle basse. On peut y ajouter aussi Sweet Loretta, très funky, R&B avec des très bons chœurs.
Quand DeWolff ne revisite pas les codes du disco, ils tapent clairement dans le blues et le Rythm ’n’ Blues. Il faut dire que Pablo n’est pas manchot et que son jeu de guitare fait clairement penser à celui d’artistes présents au célèbre concert de Woodstock (Alvin Lee de Ten Years After par exemple). Les morceaux les plus dans cette veine sont Bona Fide dans laquelle Pablo déploie un gros travail à la guitare, ou bien R U My Savior, où déboulent une section cuivre et des chœurs féminins. On peut aussi y ajouter le morceau qui ouvre l’album, Yes You Do, une tuerie dans laquelle j’adore la grosse distorsion de guitare, les deux voix très complémentaires des deux frères, le solo de Korg hystérique et ce léger changement de tempo qui fait tout.
Le jeu de Robin s’orienterait plus vers du Deep Purple, il doit être fan de John Lord, c’est évident. Certains morceaux font du coup, penser à du Deep Purpleépoque Hughes/Bolin (Mark III/Mark IV) quand ces deux derniers insufflaient un vent de soul sur le groupe. C’est le cas de Roll Up The Rise et le fantastique Lady J, pour moi, un des meilleurs morceaux de l’album, rien que pour cette intro qui monte en puissance entre la guitare et l’orgue. Le chant est aussi très réussi, la guitare bluesy de Pablo démonte, les chœurs ajoutent cette petite touche de perfection.
L’album se termine par une petite pépite, Hope Train, inspirée d’un bouquin sur l’esclavage de Colson Whitehead (The Underground Railroad), atypique et assez indescriptible, elle termine en beauté cet étalage, disparate, mais oh combien inspiré de titres.
Je vous conseille de découvrir ce groupe en live au travers de cette vidéo tournée lors du live stream de la release party de l’album. En plus, on y découvre les invités, nombreux, qui ont contribué à l’album. (Passez juste les 15mn du décompte).
Voilà, ici, un bon exemple d’un groupe qui, frustré de n’avoir pu défendre son album précédent sur scène (tournée interrompue brutalement), a su se transcender et mettre à profit leur période de confinement pour créer un petit chef d’œuvre débordant de créativité et complètement hors des codes rock n’ Roll. A la croisée du funk, de la soul, du blues, du southern rock, tantôt psychédélique, tantôt disco, bien chanté (souvent à la double voix des deux frères), bien interprété, avec un magnifique son vintage comme on en fait plus, ce skud est pour vous. Et pour moi, puisque déjà précieusement rangé dans mon top 5 de 2021.