Artiste/Groupe:

Cryptosis

CD:

Bionic Swarm

Date de sortie:

Mars 2021

Label:

Century Media

Style:

Futuristic multi-metal eruption !

Chroniqueur:

Ignatius

Note:

18/20

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La jeune histoire de Cryptosis commence là où s’arrête celle de Distillator, entité dédiée au Thrash metal old school tel qu’il se pratiquait dans les années quatre vingt. Emmené par le trio que nous retrouvons aujourd’hui à la tête de Cryptosis, Distillator enregistra un Ep en 2013, deux albums de (très) bonne facture, Revolutionary Cells (2015) et Summoning The Malicious (2017) et un split terminal avec les Allemands de Space Chaser avant de revoir ses ambitions à la hausse afin de laisser libre cours à d’autres envies artistiques et d’entamer ainsi une transformation radicale et fatale...la chenille devint alors papillon.
Lassés par un style laissant finalement peu de place à l’expérimentation et à la nouveauté, nos trois Hollandais, estimant avoir fait le tour de leur proposition musicale, décidèrent donc de faire évoluer leur musique, de la nourrir d’influences différentes et changèrent le nom de leur projet pour sceller officiellement ce nouveau départ vers un futur plus aventureux et probablement plus excitant, pour eux comme pour nous. Le roi est mort, vive le roi ! Distillator n’est plus, vive Cryptosis

Cryptosis s’affranchit donc des codes bien marqués du thrash et s’émancipe d’un genre devenu trop limitant pour lui. Le trio ambitieux et boulimique de musiques cite parmi ses influences Opeth, Dream Theater, Dimmu Borgir, Megadeth, Rush, la bouillonnante scène rock progressive des 70’s et ne cache pas son intérêt pour le jazz, l’opéra ou les musiques électroniques. On comprend alors rapidement pourquoi la Bay Area est rapidement devenue un terrain de jeu bien trop limité pour ces musiciens audacieux, affamés et insatiables.

Doit-on alors s’attendre à l’écoute de ce Bionic Swarm à subir un album fourre-tout, kaléidoscopique, un disque qui explose dans tout les sens, confus et décousu ? Que nenni, et malgré la pompeuse description proposée par le label "Futuristic multi-metal eruption" (!?), ce premier opus est un bloc compact, réfléchi dans ses moindres détails, hyper cohérent et définitivement bluffant ! 

Le trio se donne les moyens de ses ambitions, en montant d’un cran son niveau technique pour satisfaire ses envies progressives lorgnant du côté de chez Vektor (avec qui le groupe partage un split), Coroner ou Nocturnus et en soignant la production de son album, absolument parfaite, équilibrée, claire et ultra puissante. Cryptosis prend aussi soin de rester parfaitement lisible malgré la complexité de ses titres en offrant à ses compositions des structures solides et mémorisables, marquées par des refrains saillants, des breaks toujours bienvenus en évitant l’empilement d’idées et ce déluge de riffs étouffant que trop de groupes hyper doués techniquement nous servent sans grand talent. Pas de ça chez Cryptosis, on vient du Thrash et on en garde certains réflexes, ce soucis d’efficacité redoutable et de concision intelligente. Pas de démonstration, juste des compétences mises au service de compositions de haut niveau qui ne souffrent aucun temps mort, aérées et mélodiques malgré la virulence et la nervosité de l’ensemble. Assurément, ce groupe maîtrise l’art de la mise en musique et du song writing percutant, Chuck Schuldiner eût été fier de ces lointains rejetons.

Le groupe reste solidement planté sur ses bases, un metal incisif, véloce, des riffs velus, fins et précis et agrémente l’ensemble de claviers (un mellotron pour être précis), parfaitement intégrés au reste, que l’on aurait pu entendre chez Dimmu Borgir ou chez Nocturnus. Des arrangements pertinents qui donnent une réelle profondeur à ce concept album évocateur et enivrant. Les solos sont virtuoses, explosent un peu partout au cœur des morceaux, les vocaux content avec hargne ce futur inhumain, définitivement flippant, qui sert de trame à toute l’œuvre, la batterie sème des détails à chaque coin de riffs et la basse, imposante, ronronne dans ce mix chirurgical avec une aisance insolente. 

Bionic Swarm est un album hors norme et rafraîchissant qui, non content de nous faire naviguer habillement entre différentes approches, Thrash, Prog, Death ou Black Metal, nous plonge dans un univers futuriste dominé par une technologie devenue inquiétante, les fans de la série Black Mirror devraient s’y retrouver avec bonheur. Difficile de prendre le groupe en défaut tant tout est ici maîtrisé, chacun des trois musiciens donnant le meilleur de lui-même pour un résultat époustouflant, regorgeant d’énergie, de créativité, de fougue et de talent. "Futuristic multi-metal eruption" ? Hum, pas si pompeux finalement et presque juste en fait !

Tracklist de Bionic Swarm :

01. Overture 2149
02. Decypher
03. Death Technology
04. Prospect Of Immortality

05. Transcendance
06. Perpetual Motion
07. Conjuring The Egoist
08. Game Of Souls
09. Mindscape
10. Flux Divergence

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