En 2012, Converge peut se targuer d’être proche du grand chelem depuis le début des années 2000. Lorsque l’on écrit des albums tel que Jane Doe en 2002, You Fail Me en 2004, No Heroes en 2006 et Axe to Fall (un peu plus critiquable) en 2009. Autant vous dire que All We Love We Leave Behind est attendue comme LA nouvelle bombe du hardcore chaotique que tout le monde veut se mettre entre les oreilles, histoire de les rendre plus propre. Et autant le dire tout de suite, cet album est un peu plus mitigé que les productions que je viens de vous citer.

Une des forces de Converge c’est la stabilité de son line-up. Le groupe est toujours le même depuis l’arrivée de Ben Koller à la batterie en 1999. On retrouve donc Jacob Bannon au chant, Kurt Ballou à la guitare et Nate Newton à la basse. Autre force du groupe c’est son hyper activité, entre les neufs albums écrit entre 1994 et 2017, il faut y rajouter douze EP et/ou splits ! C’est tout de même énorme ! Si vous y rajoutez les tournées à rallonge, Converge n’arrête jamais et est un groupe définitivement à part dans le paysage du Metal extrême.  

Comme souvent avec Converge l’album commence sous les chapeaux de roues avec Aimless Arrow. Un titre de Converge pur jus qui renvoie au chaos musical que sait si bien orchestrer le groupe. Bannon se laisse aller à placer sa voix à la limite du chant et du scream ce qui donne à ce titre une teinte particulière. Les chœurs enfoncent le punk qui couve toujours chez les bostoniens. Quelle belle mise en bouche !

Pour le reste il y a tout de même à boire et à manger. Certains titres tutoient l’excellence tandis que d’autres peuvent laisser quelques regrets. Le riff sautillant de Sadness Comes Home est une merveille technique qui offre une énergie de tous les instants. L’ambiancé Coral Blue qui oscille entre lourdeur et passage plus léger, présage déjà du futur de Converge. Sparrow’s Fall me rappelle, avec plaisir, au bon souvenir des brulôts de leurs débuts. L’enchainement de Precipise et All We Love We Leave Behind n’aurait pu faire qu’un titre comme sur le clip tellement il semble être indissociable.

Et puis il y a du moins bon, pas mauvais hein, moins bon le côté thrashisant de Trespasses me semble plus conventionnel. Empty Inside, malgré son côté à fleur de peau me laisse de marbre, enchainer une marche militaire, un chant soufflé et baser son titre sur des larsens me semble un peu léger. A Glacial Pace manque aussi cruellement d’inspiration, et sonne très convenu.

Bien qu’inégal, je pense que cet album est celui de la transition entre No Heroes, monument de brutalité frontale, et The Dusk In Us, qui confirme que le quatuor a évolué dans la manière de composer. All We Love We Leave Behind est globalement une réussite mais n’est pas parfait, à l’inverse d’autres albums du combo.
Mais une recette ne s’affine pas en un jour. Converge, même si ils sont reconnaissables entre mille, a cette capacité assez incroyable de toujours tester, ne pas rester sur ses acquis, et surtout de souvent partager ses créations afin de les faire valider (ou pas) par son public. Ceci explique la grosse vingtaine de production (si l’on inclut les live, vidéos…) en plus de vingt-cinq ans de carrière.

Tracklist de All We Love We Leave Behind:

01. Aimless Arrow
02. Trespasses
03. Tender Abuse
04. Sadness Comes Home
05. Empty On The Inside
06. Sparrow's Fall
07. A Glacial Pace
08. No Light Escapes
09. Vicious Muse
10. Veins And Veils
11. Coral Blue
12. Shame In The Way
13. On My Shield
14. Precipice
15. All We Love We Leave Behind
16. Runaway
17. Predatory Glow