Artiste/Groupe:

Cachemire

CD:

Dernier Essai

Date de sortie:

Février 2022

Label:

At(h)ome

Style:

Punk ’n’ Roll

Chroniqueur:

Didier

Note:

17.5/20

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Au moment ou certains préconisent l’autonomie et la souveraineté à tous les niveaux, voilà encore une belle découverte musicale de chez nous: Cachemire ! Le groupe est, en effet nantais et il sort son troisième album Dernier Essai. Je me trouve un peu bête du coup car c’est leur troisième album, après Qui est la Punk ? sorti en 2018 et Photochope-moi sorti en 2015. Vous l’aurez compris, c’est chanté en Français et si au départ le groupe était plutôt catalogué punk rock, je dirais qu’avec ce troisième opus, le groupe élargit largement son champ d’action musical, entre punk, rock et hard rock. Pour vous expliquer le style par rapport à d’autres groupes avec lesquels vous pourriez être plus familier, on pourrait placer Cachemire à la croisée de No One Is Innocent et de Sidilarsen. Le groupe est composé de Sven à la guitare, Farid à la batterie, Seb à la basse et Freddy au chant et à la guitare. Première chose importante, le chant de Freddy est impressionnant: il braille "clairement" quand il n’est pas content (c’est à dire souvent, dans les thèmes abordés par l’album) mais il est aussi capable de pousser dans les aigus très haut et ce parfois dans une même phrase. Ça lui permet aussi de doubler par moment sa voix en version aigue, pour un très bon effet. Autre truc que j’adore c’est sa façon de balancer des petits thèmes en chœurs, qui te restent scotchés dans le ciboulot et que tu as envie de gueuler en écoutant le morceau et ce, dès la première écoute. Même si la pochette met en scène le Freddy dans un cercueil, il ne semble pas que le titre Dernier Essai annonce une quelconque idée de dernier baroud d’honneur. Bien au contraire, ils ont l’air bien en vie et remontés à bloc, prêt à tout défoncer lors de leur tournée de promotion. Ce titre est simplement le titre d’un des morceaux écrit en langage rugbystique et c’est aussi une pointe d’humour qui perce régulièrement au travers des textes pourtant souvent lourds et rentre-dedans. C’est d’ailleurs avec beaucoup d’humour que Freddy a répondu à nos question dans cette petite interview (qu’il faut lire jusqu’à la fin, si vous voulez me avis).

L’album attaque avec une intro genre western, qui sert d’intro au premier SKUD, Criez, un morceau sur l’inclusion dont le clip est très fort. Tiens, jette donc un œil et une oreille ici:

Alors ? T’as pas envie de gueuler “Oh Yé Yé” à la fenêtre pour faire chier tes voisins ? Attends, parce que si comme moi, t’aimes ça et ça te remue tout partout, tu vas être servi car les deux morceaux qui suivent sont tout aussi atomiques. Il y a d’abord Je et ses textes bien travaillés (“le maître du je”), sa ligne de basse qui est une pure tuerie, les guitares bien acérées (à la Mass Hysteria). Le chant est superbe, le refrain super accrocheur. La troisième lame c’est celle de Influenceur. Là encore, gros travail sur les textes, une belle réflexion sur les réseaux sociaux, leurs risques et leurs aberrations. Le refrain ne vous lâche plus la grappe, une belle ligne de basse, une guimbarde, tout ça est bigrement addictif. Des petits côtés No One Is Innocent , bien énervé, bien sympa. Ah ben tiens y a aussi la vidéo percutante qui va avec:

On change pas trop de style avec la suite, pas d’inquiétude, il n’y a pas vraiment de temps mort dans cet album. Rester Mort est puissant, un orchestre (des cordes, des cuivres) fait son apparition sur le refrain, c’est super bien arrangé. Shanka, guitariste de No One Is Innocent est crédité pour les arrangements et comme le dit Freddy dans l’interview: c’est le pied !

Pas de panique, personne de bouge, mais la suivante c’est Rouge et ça pète ! C’est une satire de la vie politique, de notre société ("reste bien assis, reste à crédit"), dans un bon style No One Is Innocent , avec cerise sur le gâteau, l’apparition de Kemar de No One Is Innocent , qui vient alterner les couplets avec Freddy: Boum ! Deuxième invité surprise, sur la suivante, Les Petits Poings, Niko de Tagada Jones. Le morceau, dans le style du précédent, avec des textes rentre-dedans sur fond d’écologie, est assez jouissif (malgré le thème grave de la merde qu’on laisse à nos enfants). Le “ho ho ho ho ho hoooo” sont faciles à reprendre en chœurs et c’est d’ailleurs ce que fait un groupe d’enfants qui vient rejoindre Freddy et Niko pour un super effet. Bien trouvé, encore plus percutant d’avoir ses enfants qui viennent enfoncer le clou et nous mettre face à nos absurdités. Grosse prestation vocale de Freddy sur Freeman et encore plus impressionnante prestation sur Plus tu me: là il m’a vraiment scotché, c’est beau et c’est fort en émotion ! On chavire ! Le clip est aussi magnifique, je vous laisse en profiter:

J’aime beaucoup les textes du morceau éponyme, qui utilise des termes du rugby pour encore nous alerter sur le fait qu’on est en train de tout pourrir sur cette Terre et que cette période COVID aurait pu être un moyen de repartir à zéro pour un “nouvel essai”. Mais au vu des dernier épisodes de l’actualité, je crois que ça ne va pas le faire. On préfère se foutre sur la gueule plutôt que s’occuper des vrais problèmes. Misère !

L’album se termine avec un petit côté funky que j’adore et qui donne envie de bouger son corps de rêve. Chers Collègues, qui me fait penser à l’ambiance de Danser le Jerk de Thierry Hazard (en version musclée), puis Saturday Nights, plus léger, carrément disco, carrément géniale, dans laquelle Freddy se double en voix super aigu, impressionnant, j’aime bien la guitare en talkbox et le jeu de charley de Farid. La petite dernière, Back to the est un petit bijoux, sur le thème du film Back To The Future. Là encore, une bonne section rythmique, des textes amusants, des effets percus vintages typique du disco ou du reggae, une voix de dingue et même un solo de guitare bien posé. La mélodie du chant est imparable, les “hou hou hou houuuu” et le charley vont vous rendre hystériques. Ne soyez pas trop pressés de remettre votre CD au début car après une petite minute de silence il y a un "golden egg" avec une petite fin doucereuse, un dernier clin d’œil bien caché.

En fait, je suis carrément sous le charme du groupe et de l’énergie dégagé par cet album. Le groupe aligne les morceaux tubesques comme des perles, les textes, bien soignés, bien dans ta face, sont intéressants, c’est agréable aussi de comprendre tout ce qui est dit dans un morceau de hard rock. On s’en rend bien compte tout à coup. La production est superbe et on accroche dès les premières notes de Criez ! Alors oui ça donne carrément la grosse patate, malgré les thèmes grave abordés et on a effectivement une furieuse envie de crier “Ho Yé Yé” et de tout envoyer balader ! Un conseil ne les ratez pas sur scène pour la promo de ce petit bijou.

Clairement, je dis oui à l’autonomie et la souveraineté du metal (à défaut d’avoir celle de l’énergie)

Tracklist de Dernier Essai :

01. Il était une fois
02. Criez !
03. Je
04. Influenceur
05. Rester mort
06. Rouge (feat. No One Is Innocent)
07. Les petits poings (feat. Niko Jones)
08. Freeman
09. Plus tu me
10. Dernier essai
11. Déconnecte
12. Chers collègues
13. Saturday Nights
14. Back to the

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