C H R O N I Q U E
Après l'incroyable, l'imparable, l'incontournable Imaginations From The Other Side sorti 3 ans plus tôt, Blind Guardian revient en 1998 avec ce grand album qu'est Nightfall in Middle-Earth, inspiré par Le Silmarillion de J.R.R. Tolkien. Dire que ce disque était attendu relève du doux euphémisme ! Je me souviens de mon impatience lorsque je suis allé l'acheter le jour de sa sortie... que le temps dans les transports en commun qui me ramenaient chez moi m'a paru long... in-ter-mi-nable ! Une fois l'album écouté, le verdict tomba: encore un grand album... malgré une toute petite déception. Et oui, il fallait bien que ça arrive un jour...
Je sais bien que, pour beaucoup de fans de Blind Guardian, Nightfall représente le point d'orgue de la carrière de nos chers gardiens aveugles. J'ai beau trouver cette album excellent (je l'ai écouté plus de fois que je ne pourrais le dire... la tournée était fantastique... que de beaux souvenirs !), je ne ressens pas tout à fait la même chose que les plus enthousiastes. Avec les 3 albums précédents (tous fabuleux, chaque nouvelle offrande étant encore meilleure que la précédente), le groupe avait atteint, pour moi, une sorte de perfection... un équilibre magistral. Ce coup-ci, il nous offre une oeuvre toujours aussi riche, puissante, mélodique, avec des ambiances encore plus travaillées, et un ensemble globalement plus fouillé et complexe... mais un poil moins intense, ravageur ou jouissif, je trouve. On ne peut être qu'admiratif devant le travail fourni, cependant la production (bien que tout à fait correcte) manque un peu de puissance, chose qui m'avait frappé dès la première écoute du single Mirror Mirror. Le tempo est également moins frénétique qu'auparavant (cela dit, je veux bien reconnaître qu'en matière de speederie furieuse, le groupe avait probablement déjà tout dit). Et puis, quelques morceaux honnêtes mais pas transcendants font leur apparition (je pense notamment à Bloodtears, Noldor...). Alors forcément, comparé à l'immense claque que fut l'album précédent, ça déçoit un peu. Et pourtant, Nightfall n'usurpe pas son statut de référence et sa place dans cette rubrique.
Peu importe, la qualité de l'ensemble reste supérieure à ce que bon nombre d'autres groupes du même style sont capables d'offrir. La fougue et la flamboyance sont toujours de la partie, et un grand nombre de chansons vaut le détour: la puissante Into the Storm, la plus calme et magnifique Nightfall avec son refrain imparable (toujours un grand moment en concert), la speed Mirror Mirror et son excellent solo (les guitares sont, encore une fois, superbes avec des rythmiques et soli originaux et toujours mélodiques, jamais démonstratifs), ou la plus agressive The Curse of Feanor... N'oublions pas la sobre The Eldar où Hansi est juste accompagné d'un piano, ou la fantastique (et épique) Time Stands Still (At the Iron Hill) avec son refrain dantesque...
Bref, je reconnais à Nightfall son statut de classique que tout fan de metal mélodique se doit de posséder. Ce n'est pas mon disque favori de Blind Guardian, mais je ne suis pas choqué à l'idée que ce soit celui de nombreux fans. C'est un album puissant, ambitieux et épique, qui n'oublie pas d'être original et très personnel. Et même s'il me donne l'impression d'être un peu en dessous de mes albums préférés du groupe, des déceptions aussi belles, riches et travaillées que celle-ci, j'en veux bien tous les jours !
|