On ne peut pas dire que Blackbriar soit un groupe très prolifique vu qu’ils nous proposent seulement leur deuxième album après onze ans d’existence. Si le premier opus The Cause of Shipwreck était autoproduit, maintenant qu’ils ont signés chez Nuclear Blast, ils jouent dans la cour des grands. Les membres de Blackbriar nous arrivent tout droit les Pays-Bas, contrée assez fournie en groupe de métal symphonique loin s’en faut, et dont le plus dur challenge est de se tailler une place au soleil avec un line up qui a la qualité d’avoir assez peu bougé depuis la création en 2012 avec Zora Cock au chant, René Boxom aux futs, Bart Winters et Robin Koezen aux six cordes, Ruben Wijga aux claviers et l’arrivée en 2022 de Siebe Sol Sijpkens à la basse. C’est avec cette base solide qu’ils ont construit A Dark Euphony dont l’artwork est particulièrement travaillé et ferait frissonner les pires groupes de death metal (uniquement sur la pochette, faut pas pousser non plus). Sur la totalité de l’écoute, nous sommes sur un disque de très haute qualité, un métal symphonique qui reprend tous les codes qui fonctionnent mais avec la singularité de la voix de Zora qu’on pourrait comparer à Anette Olzon voir à Kate Bush par moment tant on est dans la douceur. Donc pas la peine de s’attendre à un chant lyrique de ce côté-là ni une voix typique et marquée à la Floor Jansen ou Tarja Turunen. D’entrée ça balance du lourd avec An Unwelcome guest, un gros titre qui met le feu, Blackbriar prévient, ils ne sont pas là pour rigoler et envoyer de la petite musique. Du gros son, des riffs de gratte acérés, pas de temps mort, bing d’entrée ! On retrouve d’autres titres très punchy comme Spirit of Forgetfullness, WeMake Mist ou Bloody footprints in the snow aux rythmes très accrocheurs et entrainants, taillés au plus juste pour la scène. Ce dernier titre propose lui un refrain à tomber par terre qu’on a de suite envie de reprendre à tue-tête.
Blackbriar s’essaie également à la traditionnelle ballade qui fait le sel de ce type de métal avec The Evergreen and Weeping Tree, un titre tout en douceur qui permet d’apprécier les talents vocaux de Zora Cock sur ce titre qui lui laisse la part belle contrairement au reste de l’album où le chant est plutôt considéré comme un instrument formant un tout. C’est très instrumentalisé autour du piano / voix, une très belle réussite. Avec Cicada le groupe propose un palette différentes de son talent, les riffs sont toujours présents, solo de gratte carré et changement de rythme. A chaque titre écouté, on ne peut que se les imaginer sur scène en version live. C’est à se demander si on va trouver un titre un peu moins bon. Bon j’y viens pour ceux qui s’impatientent pour citer Thumbelina ou de légers relents pop teintent ce titre qui pourtant est comme les autres, très bon, toujours dans le même registre que le reste de cet opus. Mais il est vrai que ces notes un peu plus pop feront reculer certains puristes car c’est se vendre à l’ogre commercial, mais faut pas pousser, on est loin de certains groupes qui ont basculé bien plus loin dans ce registre (je ne cite personne, suivez mon regard).
Après un Forever and a Day qui sonne encore comme un hymne de concert qu’on espère écouter live, l’album s’achève sur le Crimson Faces, le single de A Dark Euphony. Un choix étonnant tant ce titre ne se démarque pas des autres titres et que d’autres ont beaucoup plus d’atouts pour porter le drapeau Blackbriar.
Si certains vont très vite enterrer Blackbriar comme un énième groupe de métal symphonique, force est de constater qu’ils ont sorti une sacrée galette avec A Dark Euphony. Il n’y a quasiment rien à jeter, c’est novateur, original. Si le renouveau du métal symphonique est plus que nécessaire, Blackbriar devrait être de ceux-ci en lui apportant une bonne dose de fraicheur. Il faut prendre date avec ce groupe car sur scène ça risque de décoiffer menu !
Tracklisting de A Dark Euphony :
01. An Unwelcome Guest 02. Far Distant Land 03. Spirit Of Forgetfulness 04. Bloody Footprints In The Snow 05. The Evergreen And Weeping Tree 06. Cicada 07. My Soul’s Demise 08. We Make Mist 09. Thumbelina 10. Forever And A Day 11. Crimson Faces