Black Sabbath



Artiste/Groupe

Black Sabbath

CD

Heaven and Hell

Date de sortie

1980

Style

Heavy Metal

Chroniqueur

Blaster of Muppets

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Heaven and Hell ou la renaissance inespérée d'un groupe qui, dix ans auparavant, avait inventé le Heavy Metal ! Rien que ça. Présenté ainsi, ça en jette, n'est-ce pas ?
En 1979, Ozzy Osbourne quitte Black Sabbath et laisse un groupe décomposé et pas vraiment au top de sa forme ou de sa créativité (les deux albums précédents Technical Ecstasy et Never Say Die n'ont pas tout à fait la réputation d'être des chefs-d'oeuvre du genre). C'est alors que nos anglais, à l'instinct de survie développé, vont engager le providentiel Ronnie James Dio (tout juste débarqué de Rainbow) au poste de chanteur. Et là, il n'y a qu'un mot à dire: bravo ! Bravo pour la prise de risque. Le nouveau vocaliste officie dans un registre très différent de celui d'Ozzy, ce qui semble suggérer que le groupe a l'intention de véritablement se renouveler. Et c'est exactement ce qui va se passer: changement de chanteur, changement de style, Black Sabbath renaît de ses cendres et offre au monde un album absolument lumineux (tout en restant ténébreux, je vous rassure).

Tant qu'à bien faire les choses, autant en profiter pour travailler sous la houlette du producteur Martin Birch (Whitesnake, Deep Purple, Rainbow, bientôt Iron Maiden...), histoire d'avoir un son à la hauteur de ses ambitions. Grâce (entre autres) à une production impeccable et un son assez moderne (pour l'époque), les anglais démarrent la décennie des 80's sur les chapeaux de roues. Et c'est parti pour une succession de morceaux devenus, depuis, des classiques. Le disque démarre avec Neon Knights qui doit figurer en très bonne place dans le top des morceaux les plus repris de l'histoire du Heavy Metal. Superbe riff, tempo enlevé, voix incroyable... cette chanson a tout ce qu'il faut, là où il faut.
Sans tomber dans le commentaire piste par piste un peu fastidieux, laissez-moi juste vous rappeler à quel point cet opus n'est pas avare en compositions légendaires. Vous trouverez sur cette galette, en plus de l'excellente Neon Knights, la plus lourde et magnifique Children of the Sea (au lyrisme prononcé qui la démarque fortement de l'ère Osbourne), l'incroyable chanson titre qui démontre que Tony Iommi n'a rien perdu de son talent de "riff master", ou la plus enlevée et définitivement géniale Die Young qui démarre calmement avec un magnifique solo de guitare sur fond de claviers, avant de prendre de la vitesse et de vous ensorceler, notamment grâce à la magnifique voix de Dio.

Bien entendu, je mentirais si j'affirmais que ce surprenant Heaven and Hell ne contenait que des hymnes. Il y a bien des titres plus légers et fort sympathiques, mais qu'il serait sans doute exagéré de qualifier de classiques. Au pire, ces chansons sont tout de même très bonnes. Je pense bien sûr à Lady Evil (superbe section rythmique qui ouvre le morceau quand même !), Wishing Well ou la plus rock Walk Away. Ces compositions sont assez entraînantes et ne montrent pas le Sabbath sous son jour le plus sombre ou le plus envoûtant, mais elles s'écoutent avec plaisir. Elles n'ont juste pas (pour moi en tout cas) la même aura que les chansons évoquées lors du paragraphe précédent.
Enfin, l'album se termine de bien belle façon avec la mélancolique Lonely is the World, qui laisse transpirer tout le talent de ce sorcier de la guitare qu'est Tony Iommi (quel solo) ainsi que l'incroyable émotion qui émane de la voix de monsieur Dio. Bon... désolé, finalement je suis tombé dans le commentaire piste par piste un peu fastidieux que j'avais pourtant juré d'éviter.

Concluons: Heaven and Hell est un classique, c'est un second départ incroyablement risqué et réussi pour Black Sabbath, et un album qui a marqué et influencé un nombre incalculable de groupes de heavy metal. Moins bizarre, expérimental ou pesant que la musique développée par les anglais lors de leur décennie Osbournienne (certains ont également regretté que le groupe perde un peu de son aspect doom ou glauque), il n'en reste pas moins un incontournable du genre. Plus puissant, plus lyrique et épique (merci Dio), le nouveau Black Sabbath a gagné en immédiateté, et une bonne partie de ce disque se révèle tout simplement magique.