Artiste/Groupe:

Bâ'a

CD:

Deus Qui Non Mentitur

Date de sortie:

Avril 2020

Label:

Osmose Productions

Style:

Black Metal

Chroniqueur:

Mythos

Note:

17/20

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Bâ’a, on en avait entendu parler lors de la sortie du split des Acteurs De L’Ombre, accompagné de Verfallen et d’Hyrgal. Pourtant, ce premier album, Deus Qui Non Mentitur, amorce une toute nouvelle tendance chez Bâ’a. On a peine à croire que c’est tout à fait le même groupe, à commencer par le chant. Et là, au risque de me griller (de me tromper vertement), je mets ma main à couper qu’un certain Hreidmarr (encore lui !) s’est immiscé dans le projet. La voix est quasi similaire que sur le dernier Glaciation. D’ailleurs, il n’y a pas que la voix qui est similaire, le style de Bâ’a s’est considérablement affiné, avec des ajouts de samples par exemple. Néanmoins, et c’est là peut-être la différence avec Glaciation, Deus Qui Non Mentitur n’est pas à proprement parler un album épique, il est surtout très lyrique, et beaucoup plus court (trente-six minutes ici, pour plus de cinquante sur l’autre). Ce qui veut dire que Deus Qui Non Mentitur est bien plus direct. Point de tergiversations. Si vous trouviez Glaciation un poil trop long, ou grandiloquent, Bâ’a ne pourra que vous satisfaire.

Deus Qui Non Mentitur, que l’on pourrait littéralement traduire par « Dieu ne ment pas » (mais je peux me tromper), comme on peut le lire dans les Versets Parallèles : « Dieu n’est point un homme pour mentir, ni fils d’un homme pour se repentir. Ce qu’il a dit, ne le fera-t-il pas ? Ce qu’il a déclaré, ne l’exécutera-t-il pas ? », montre que Bâ’a prend une voix bien différente de celle de Glaciation. Il y a un questionnement beaucoup plus mystique sur Deus Qui Non Mentitur, notamment dans cette magnifique piste, Procession. Une guitare entame la marche avec un riffing acharné, soutenu par une batterie virevoltante, puis ça ralentit, la mélodie est plus perceptible, accrocheuse, jusqu’à l’arrivée de la voix. Un excellent sample entrecoupe les quelque dix minutes de Procession, on y entend en substance l’évangile de Jésus-Christ selon Jean : « Si vous étiez aveugles, vous n'auriez pas de péché. Mais maintenant vous dites : Nous voyons. C'est pour cela que votre péché subsiste ». Puis « cet homme-là est possédé du Démon ! ». Vous l’aurez compris, il y a un questionnement religieux, bien positionné et intelligemment construit, ce qui renforce considérablement l’approche lyrique de l’album. Procession porte très bien son nom, et se construit à la manière de ladite procession dans le Septième Sceau de Bergman, réflexion sur le divin, réflexion sur la portée du religieux, de manière ritualisée et transcendante. Un Bûcher Pour Piédestal peut d’ailleurs aussi faire penser au Septième Sceau, mais j’arrête là les spoils…


Décidément, côté français, on a du très bon en ce moment. Du Black Metal « savant », la pureté du son originel mariée à une approche réflexive et souvent conceptuelle. Deus Qui Non Mentitur satisfait amplement tout ce travail, il le parachève jusqu’à le monter à son point le plus haut, la mystique dans l’âme. Mais, ne dit-on pas que Dieu, tout en haut justement, n’est que le reflet de son alter ego d’ici-bas ? Le reflet de Satan… ?

En tout cas, si je devais choisir avec un autre alter ego, Glaciation, je prendrais peut-être Bâ’a, pour le coup de cœur surtout, et la surprise de l’objet, car la note reste la même. Mais Deus Qui Non Mentitur m’a plus touché pour son sujet et la concentration de ce dernier avec un style lyrique excellemment exécuté, dans un temps condensé et donc plus percutant à mes oreilles.

Dieu ne ment-il pas ?

Tracklist de Deus Qui Non Mentitur :

01. Transept
02. Titan
03. Procession
04. Des Profondeurs Je Crie
05. Un Bûcher Pour Piédestal
06. Outro

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