Artiste/Groupe:

Avatar

CD:

Dance Devil Dance

Date de sortie:

Février 2023

Label:

Black Waltz AB

Style:

Carnaval !

Chroniqueur:

Bane

Note:

15.5/20

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Pour votre serviteur, c’est l’heure de la rédemption. Parce qu’il y a presque trois ans, je m’étais fendu d’une chronique dévastatrice -et édulcorée, croyez-le bien- à l’endroit du dernier album d’Avatar en date, l’infect Hunter Gatherer, dont j’avais grosso-modo détesté chaque seconde. Bon sang, quel album horrible, à tel point que faire mes cinq écoutes minimum avant d’écrire quoi que ce soit sur un disque m’a paru être une tâche insurmontable. Encore maintenant, rien que de revoir sa pochette, je tremble d’effroi. Du coup, suite au traumatisme, je n’ai pas pris la peine d’aller fouiller le reste de la discographie du groupe, me disant tout simple : "Avatar, c’est pas pour moi" -un peu comme la saga de films du même nom, curieux hasard.

Oui mais, me direz-vous, tu es bien en train de nous parler du nouvel album du groupe, que tu as d’ailleurs sacrément bien noté. Exact. Alors que s’est-il passé ? Le temps, tout simplement. Presque trois ans après le drame, j’ai vu qu’une nouvelle galette des Suédois allait débarquer. Rien à cirer, évidemment. Mais l’engouement que j’ai observé sur les réseaux sociaux m’a intrigué. Point d’orgue de tout ça : l’estimé magazine RockHard consacre sa "une" du mois au groupe. Bon, allez, manifestement, je passe à côté de quelque chose, je vais écouter ce Dance Devil Dance, ne serait-ce que pour m’assurer que j’avais raison de dire du mal d’Avatar -ce que je peux être de mauvaise foi, des fois. Allez, faites voir, c’est quoi, le premier single ?

Hm. Gros riff comme j’aime pas trop sur le papier, couplet hurlé à la Lamb of God et consort. Mouais, c’est pas horrible, mais il en faudra plus pour me faire lever la tête... woooo, c’est quoi, ce refrain presque pop ultra accrocheur ? D’accord, chanson, tu m’as eu. Voyons la pochette, tiens, j’aime bien les pochettes. Absolument ridicule, j’en ai peur. Tiens, d’ailleurs, vu que je vais être gentil dans les lignes qui viennent, tapons d’entrée de jeu sur ce qui me dérange fondamentalement chez ce groupe : cette esthétique. Je sais, c’est un truc de métalleux de mettre des déguisements "qui font peur" blabla. Mais là, ça fait plus cosplay raté du Joker qu’Alice Cooper... Et ces photos promos, où Johannes, le chanteur, fait semblant de lécher des couteaux ou d’être complètement cinglé, bon, ça va deux minutes, les mecs. Vous n’avez pas besoin de cet emballage quand la musique est bonne !

Et bonne, doudieu que la musique l’est ! Mais du coup, me demanderont ceux qui n’ont jamais entendu parler du groupe, ils jouent quoi, Avatar ? Ah. Voilà exactement la question que je redoutais. Bon, faisons une analogie foireuse avec de la bouffe, tiens. Y’a quoi, dans un pudding ? Vous n’en savez rien, moi non plus. On met pleins de trucs, on touille et hop, sort un bon gâteau. Eh ben Dance Devil Dance, c’est un peu pareil : on prend pleins, PLEINS de trucs et paf, ça fait un chouette disque. Alors, bien entendu, faire ça n’est pas forcément concluant -Enforcer a essayé sur son dernier, échec absolu- et il faut un peu de savoir faire pour parvenir à un résultat concluant. Et Avatar dispose de ce savoir faire. Je suis d’ailleurs franchement bluffé par leur capacité à mélanger 2000 styles, parfois au sein d’une même chanson, tout en la gardant cohérente et fichtrement efficace. Un exemple ? Un exemple.

Gotta Wanna Riot, sans nul doute mon titre préféré de l’album. Qu’est-ce qu’on a ? Une intro à la Beach Boys (oui oui), un riff 80’s un peu modernisé que Steel Panther aurait aimé pondre sur son dernier album -sur lequel je n’exprime pas le souhait de m’étendre-, des couplets chantés/braillés par un Johannes hyper inspiré, avec des jeux sur les sonorités, les façons de placer les syllabes qui me rappellent ce que fait le grand Blackie Lawless de WASP sur l’excellente chanson Mean Man, avant de basculer sur un refrain bien plus teinté 90’s, avec du Strapping Young Lad (certaines intonations de Johannes m’évoquent pas mal Devin Towsnend, ça doit aider) ou le David Bowie de cette époque. Et un break à la Rammstein, histoire de. Tout ça, on pourrait croire que ça donne un gros bord*l incohérent, un capharnaüm sans queue ni tête. Sauf que non : Gotta Wanna Riot est un petit tube sacrément bien fichu et qui reste sacrément longtemps dans la tête.

Et tout l’album est comme ça ! Rien que Dance Devil Dance, qui ouvre les hostilités convie du death, du Lamb of God, du System of a Down et des lignes de chant que n’auraient pas renié des grands comme Rob Halford ou King Diamond. Puisqu’on parle de ce passage du refrain, après la superbe note hurlée falsetto, on a droit à un Johannes visiblement très content de lui qui nous gratifie d’un jouissif "wooooooou". C’est à ce moment-là que je me suis pris de sympathie pour le bonhomme, j’adore ce genre de trucs. Ça et les passages qui semblent penser pour faire gueuler le public lors des prochains concerts, comme sur Do You Feel In Control? ou sur Hazmat Suit, pour ne citer qu’eux.

Les passages évocateurs fusent : on pense à Slipknot (première période) sur Clouds, le morceau le plus brutal du disque. On pense à Type O Negative sur le break du tube The Dirt I’m Burried In -titre qui fera fuir les allergiques à la pop, vu son refrain ultra sucré. On pense même à Helloween et compagnie sur la fin de Hazmat Suit, encore un super morceau très accrocheur. Et, malgré ces nombreuses évocations très pop, très sucrées, très "cheesy", le groupe ne renie pas non plus son aspect plus bourrin, pas si éloigné du death. Faire tenir des refrains putassiers et des riffs énervés, ouais, ils y arrivent. Évidemment, sinon je n’aurais pas accroché, le groupe ne se contente pas de citer. Il s’inspire, on pense à des trucs, mais sans jamais tomber dans la copie pure. De plus, pour ne rien gâcher, ils ont le bon goût de ne pas faire trop traîner les morceaux. Trois minutes, quatre parfois, pas plus. Quand on a mis toutes les idées, on met fin au morceau et on passe au suivant, C’est malin, j’apprécie.

Finalement, à part sa pochette et ses paroles ridicules, je n’ai pas grand chose à reprocher à Dance Devil Dance. Sauf son dernier titre. Parce que ouais, c’est vrai, finir sur Train, une espèce de blues teinté de passages ultra violents, une recette à la Faith No More qui fonctionne super bien, ça aurait été trop beau. Alors voilà Violence No Matter What, une diatribe sur les fascismes, avec un riff fadasse et rien d’intéressant à proposer. Cauchemar, Hunter Gatherer revient... Et ça n’est pas l’intervention de Lzzy Hale qui sauve le truc. Alors ouais, ça part d’une bonne intention. Mais vous savez ce qu’on dit à leur sujet : l’enfer en est pavé. LE gros point noir de cet album, un truc qui aurait dû servir de bonus pour la version deluxe, comme ça je ne la prenais pas et on finissait sur Train.

Vous l’aurez néanmoins compris, j’ai beaucoup apprécié ce Dance Devil Dance, que j’ai même commandé juste avant de gratter ces quelques lignes. Varié, intéressant, accrocheur, déroutant mais rempli de tubes, voilà un chouette disque, pas excellent non plus, faut pas déconner, et qui risque de pas mal tourner cette année. Une conclusion qui est donc radicalement opposée à celle que je faisais sur Hunter Gatherer, ce qui me motive donc à aller découvrir le reste des albums du groupe prochainement, ayant en plus entendu beaucoup de bien de certains d’entre eux. Par contre, pour être sûr de moi, j’ai réécouté l’album incriminé. Mon avis n’a pas changé. Écoutez plutôt cette nouvelle galette, qui ne plaira clairement pas à tout le monde, mais qui vaut le détour pour ceux qui sont prêts à prendre le risque.

Tracklist de Dance Devil Dance :

01. Dance Devil Dance
02. Chimp Mosh Pit
03. Valley Of Disease
04. On The Beach
05. Do You Feel In Control?
06. Gotta Wanna Riot
07. The Dirt I’m Buried In
08. Clouds Dipped In Chrome
09. Hazmat Suit
10. Train
11. Violence No Matter What (feat Lzzy Hale)

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