Atavismo, trio composé de Pot (guitare), Pow (batterie) et Matt (basse), livre avec Desintegracion son premier album. Les trois Ibères qualifient leur musique de « Hard Psych Expérimental », ce qui jette d’une part une aura de mystère assez opportune autour de leur création, et d’autre part nous ouvre l’appétit. Car le « hard Psych Expérimental » est appétissant, assurément.
L’album est ouvert par Blazava, morceau instrumental des plus réussis. Une introduction aux bruits indéfinissables, spatiaux, nous accueille. On le sent, le tout risque d’être perché. La basse, au son rond, nous invite un peu plus avant, puis la batterie et enfin la guitare entrent dans la danse, doucement.
Les éclats dans la musique d’Atavismo sont rares, ils constituent bien souvent l’apogée. Vous savez, cet ultime solo ou riff qui nous secoue avec violence. La musique du groupe est fondée autour de cette conception de progession, d’évolution de la composition jusqu’à un point culminant. Leur premier atout est la finesse des transitions. Celles qui permettent la subtilité de la montée en puissance. Comme un crescendo qui vous laisse à votre question : comment est-on passé du pianissimo au forte ?
Le second atout est la consistance du propos tout au long de la progression. Chaque plan de cette progression garde son intérêt propre, outre celui de préparer le faîte du morceau. Ainsi donc se déroule Blazava, titre dans lequel l’influence des 70’ se fait le plus ressentir.
Les compositions sont, dans l’ensemble, lentes. Mises à part quelques séquences un peu plus énergiques, comme les solis de Blazava, Atavismo joue avec la pesanteur et installe son univers, cosmique. Une atmosphère d’immensité se dessine petit à petit, presque spatiale. Le spectre sonore n’est jamais saturé, ce vide laissé participant activement à l’atmosphère citée.
Ce jeu de lenteur est fin. Par moment, l'atmosphère se fait pesante, à d’autres planante. Cet aspect se révèle pleinement tout au long d’Oceanica. Les sons indéterminés, gazouillements haut perchés d’animaux robotiques, ainsi que la guitare, entament seuls le morceau. Le chant, doux et en double voix, s’y agrège, ajoutant une sensation de légèreté, apaisante. La batterie ne se dévoile qu’après de longues minutes, brisant sans brusquerie l’atmosphère développée et emmène le titre vers un final drapé de grandiose.
La maîtrise affichée lors des sections instrumentales dessert étrangement le chant, qui ne semble pas à sa place. Cela se ressent surtout sur Meeh, où les rares parties chantées jurent quelque peu avec le reste du morceau. Leur appropriation peut être un peu plus longue, mais saura s’effectuer.
Il suffit d’un rien de calme pour que l’univers d’Atavismo nous capte. L’on en ressort qu’une fois l’album terminé, non sans avoir ressenti cette étrange combinaison d’un désir de grands espaces et d’introspection.
Tracklist de Desintegracion :
01. Blazava
02. Kraken
03. Oceanica
04. Meeh
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