Me revoilà au charbon à faire un papier sur un album d’AOR, et au grand dam de me répéter, ce style de métal c’est soit tu aimes, soit tu détestes (moi perso j’y trouve mon compte hé hé). Je vais donc surtout essayer de contenter la première catégorie, ce qui ne va pas être chose aisée, parce qu’il est absolument impossible d’imaginer faire revenir du côté obscur ceux qui détestent le style avec cet album. Avec un nom de groupe qui ferait un magnifique prénom de héros de manga des années 80, Arkado nous arrive de Suède, et plus précisément de la ville d’Odakra, et les plus futés de nos lecteurs auront de suite trouvé l’origine du nom du groupe, pour les autres il suffira de lire le nom de la ville à l’envers. C’est autour de Philip Lindstrand (lyric et guitare), Mats Nillsson et Martin Kirschner (guitares, ce qui fait au total trois gratteux), Mikael Svensson (claviers), Bernt Lundgren (basse) et enfin Mikael Skafar (batterie) que le combo nous propose son deuxième album après un Never Say Never paru en 2020, un disque d’AOR / Hard FM comme son prédécesseur avec tout ce qui fait le sel de ce son, dans le bon comme le mauvais. Avant de rentrer dans le dur du côté musical, arrêtons-nous quelques instants sur l’artwork particulièrement réussi de cette galette qui montre un voilier auréolé du drapeau suédois qui rentre au port un jour d’orage. C’est superbement fait et inspirant et ça fonctionne car l’envie de passer à l’écoute est grande rien qu’en regardant la pochette. Pourtant, proposer un album d’AOR en 2023 est un exercice plus que périlleux tant ce style fait très daté s’il n’est pas maitrisé sur le bout des cordes et autres claviers. C’est malheureusement le sentiment que procure cette galette. Alors oui tout est placé et propre, les riffs de guitares sont ciselés tout comme les solos, le chant est maitrisé, la batterie bien à sa place, mais il manque ce supplément d’âme qui nous ferait le whoua des grands jours.
Les claviers sont omniprésents et très datés eighties tout comme les mélodies et les refrains, le single You Make Me Feel résume à lui seul ce que j’évoque ci-dessus, c’est super propre et bien réalisé, mais le titre ne fait pas vibrer tout comme le reste de l’album qui se clôture sur Show Me The Light Again, l’obligatoire ballade sirupeuse et dégoulinante d’effets tellement prévisibles que c’en est presque drôle. Non je suis un peu dur, mais la vérité n’est pas loin (mais pas au bout du couloir). Par moment on se surprend à se dire “tiens un truc sympa et un peu plus bourrin (tout est relatif)” sur Rising High, Arkado muscle légèrement les débats ou sur Unchain The Night si on occulte l’horrible intro au clavier, mais c’est trop peu sur l’ensemble.
Finalement Arkado réussi ce qu’il sait faire sur Open Sea, un AOR / hard FM plutôt bien fait mais qui ne bousculera pas les maitres du genre et risque de ne pas contenter les auditeurs qui apprécient ce style, et bien entendu ne pas convaincre ceux qui le détestent.
Tracklisting de Opensea:
01. Voyage 02. Opensea 03. Running Through The Night 04. I Gave My Heart 05. You Make Me Feel 06. Rising High 07. Her Mother Lullaby 08. Long Way To Go 09. Unchain The Night 10. Like Something Heaven Sent 11. Show The Light Again