Le succès semble bien sourire à Arch Enemy ces temps-ci. Le remplacement d'Angela Gossow par Alissa White-Gluz semble être passé comme une lettre à la poste pour une majorité de fans, l'album War Eternal a reçu un bel accueil, les tournées du groupe s'enchaînent avec très peu de temps mort et les salles ne semblent pas désemplir, la plus récente a été immortalisé par un live lui aussi bien accueilli... Il ne restait plus qu'à confirmer l'essai War Eternal avec un successeur à la hauteur. Nous voilà donc, trois ans plus tard, avec ce Will To Power tant attendu, deuxième album avec Alissa au chant et premier avec le redoutable Jeff Loomis (ex-Nevermore) à la guitare. Michael Amott, guitariste et compositeur, nous a promis beaucoup de mélodie et même quelques surprises. Formidable. Sauf que les deux singles mis en avant cet été ne m'ont pas ébloui. Attention, je les trouve bien sympas mais je m'attendais à être un peu plus surpris. Niveau mélodie, la promesse est tenue et, en cela, Arch Enemy a fait ce qu'il fallait pour accroître ses chances de plaire au plus grand nombre, son mélodeath est de plus en plus mélo et de moins en moins death. Mais, malgré cette légère évolution (déjà bien entamée sur Khaos Legions et War Eternal), on retrouve surtout les automatismes de composition auxquels nous sommes habitués depuis un bout de temps. Reste que The World Is Yours balance un riff sympa, que le morceau est énergique, les solos bien bons et l'ensemble globalement efficace. The Eagle Flies Alone me séduit un peu moins même s'il reste agréable. C'est pas mal mais ça sent un peu la facilité. Ce mid-tempo au riff simple a un petit goût de pilote automatique mais demeure catchy. Au moment de la découverte de l'album, j'espère que les surprises promises par Amott seront bien de la partie.
Ne faisons pas durer le suspense : si Will To Power apporte un peu de nouveauté, l'évolution du groupe reste légère. On est en présence d'un disque assez proche de War Eternal (ce qui, d'un point de vue qualitatif, ne me pose pas de souci étant donné que je fais partie de ceux qui l'apprécient)... mais en plus mélodique. Ceux qui espéraient voir Arch Enemy revenir à quelque chose de plus méchant seront peut-être déçus. Aujourd'hui, le groupe sonne finalement plus comme une formation de power mélodique vitaminé servi par une vocaliste au chant guttural que comme un combo de death mélodique. Pour un changement plus important, il aurait été bon que Loomis participe à la composition de l'album, mais ça n'a pas été le cas et c'est Amott qui a tout écrit. C'est très certainement ce qui explique l'impression de déjà entendu qui se dégage de certains passages. Cela fait-il de Will To Power un opus peu recommandable pour autant ? Pas à mon sens.
Passons donc aux bons points. La production est impeccable, le son est beau, énorme... tout va bien de ce côté-là. Ce disque regorge d'hymnes épiques taillés pour le live. Certes, ce n'est pas toujours très original mais c'est efficace. En plus de cela, on notera tout de même une certaine variété dans la tracklist. On a du très rageur (The Race, l'un des titres les plus bruts et agressifs de cette galette), du rageur (Murder Scene), du mid-tempo plus heavy mélodique (Blood In The Water, The Eagle Flies Alone), une power ballade (c'est une première) nommée Reason To Believe avec du chant clair (une autre première) sur les couplets et les pré-refrains (voilà donc LA double surprise du disque), une super compo changeante qui incorpore des éléments néo-classiques mais aussi des passages plus modernes (Dreams Of Retribution) et une conclusion épique et très réussie sous la forme de A Fight I Must Win et sa touche symphonique. Enfin, c'est la marque de fabrique du groupe, on a le droit à de superbes duos de guitares tricotés par la paire Amott/Loomis.
Avec Will To Power, Arch Enemy ne sort peut-être pas son chef-d'oeuvre mais propose un album qui plaira à ceux qui ont aimé War Eternal et ne sont pas rebutés par l'évolution mélodique du groupe. Encore un peu timide niveau surprises, ce disque tente quand même de petites choses, reste puissant, entraînant, parfaitement produit et varié. On peut toujours en demander plus, c'est sûr. On pourrait notamment souhaiter qu'Amott n'écrive pas tout seul afin de permettre à son bébé d'évoluer plus franchement à l'avenir (on rencontre un peu le même souci avec Jon Schaffer et son Iced Earth, Jeff Waters et son Annihilator...) mais, pour ma part, il y a encore largement de quoi se satisfaire ici et je ne compte pas bouder mon plaisir.
Tracklist de Will To Power :
01. Set Flame To The Night 02. The Race 03. Blood In The Water 04. The World Is Yours 05. The Eagle Flies Alone 06. Reason To Believe 07. Murder Scene 08. First Day In Hell 09. Saturnine 10. Dreams Of Retribution 11. My Shadow And I 12. A Fight I Must Win
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