Annihilator n'est pas le plus grand groupe de thrash de tous les temps, loin de là. Même dans la sphère thrash, il demeure parfois oublié. Pourtant, il m'est difficile de concevoir un top 10 des albums du genre sans mentionner Alice In Hell ou Never Neverland (ou les deux. Plutôt les deux, d'ailleurs). Et le groupe fait partie de mon top de mes groupes de thrash préférés.
Bon, évidemment le reste de la carrière du groupe n'a pas été aussi magique. Très vite, Jeff Waters et son ego devinrent un problème. Le tout dans un contexte compliqué : la mort du thrash et le virage des grands groupes vers le heavy (Metallica bien sûr, Megadeth...). Annihilator fera de même dès son troisième album et se perdra en suite un peu, jusqu'au raté Remains (que Jeff a fait tout seul, avec une boîte à rythmes). Depuis la toute fin du siècle, cela dit, Annihilator nous pond un album heavy/thrash presque tous les deux ans. Tout n'est pas fabuleux, faut bien le dire. En gros, on sauve un album sur deux, à peu près.
En 2015, Annihilator s'était séparé d'un de leurs meilleurs chanteurs (le super Dave Padden, qui a officié notamment sur le génial Schizo Deluxe) et Waters reprend le micro. Sort alors le franchement pas terrible Suicide Society. Il y a deux ans et demi, le miracle se produit quand arrive l'excellent For The Demented. Varié, thrashy, mélodique. Superbe quoi. Donc, quand le nouvel album est annoncé, j'applique le théorème Annihilator : ce Ballistic, Sadistic ne sera pas bon. En plus, la pochette est naze.
Sauf que non. Ce disque tue. Je le trouve même meilleur que son prédécesseur. D'après l'ami Jeff, le but était de mélanger les trois premiers albums du groupe. Pour le coup, s'il n'atteint pas la perfection des deux premiers, je trouve que le pari n'est pas trop mal tenu. On a bien une sacré collection de riffs qui tuent, des mélodies de partout, du solo ultra technique... Du rouleau compresseur (I Am Warfare, Riot, Attitude), du bon gros speed (Armed To The Teeth, super début d'album, Out With The Garbage) et des trucs un peu plus variés (Psycho Ward, gros tube, Lip Service).
Niveau son, rien à redire, ça tue. Tous les instruments sont mis en valeur par le mix et le line-up actuel du groupe est foutrement efficace. Quant à Jeff, il offre là sa meilleure prestation vocale : s'il était correct sur l'album précédent, je le trouve bien plus agressif sur celui-ci. C'est d'ailleurs le ton général qui se fait plus agressif, ce qui n'est pas pour me déplaire.
Évidemment, ça reste Annihilator. Comme je l'ai dit, l'ego de Waters reste un problème. Il tient toujours à tout composer seul (même si, semble-t-il, le bassiste l'aurait un peu aidé cette fois) et il y a souvent des redites. Le début de Lip Service par exemple nous ramène à Knight Jumps Queen sur Set The World, l'instru d'un refrain me ramène à No Way Out sur Feast et les petits breaks mélodiques à ambiance font évidemment penser à ce que le groupe fait sur Never Neverland.
Mais qu'importe, cet album est excellent. Du bon thrash mélodique et technique comme je l'aime, pas trop répétitif. Je crois que je ne pouvais pas mieux commencer une année qui s'annonce riche en bonne sorties, d'ailleurs ! Il n'y a absolument rien à jeter sur l'album, tous les titres sont au top ! Malgré tout l'amour que je lui porte, le précédent avait un titre ou deux que je zappe par moment. Pas ici. Là, tout est à mon goût. Et voilà, ça devient mon quatrième Annihilator préféré, derrière Alice, Neverland et Schizo. Et donc mon premier coup de cœur de l'année. Bravo, Jeff. Bravo, les gars. Continuez sur cette lancée, d'accord ?
Tracklist de Sadistic, Ballistic :
01. Armed To The Teeth 02. The Attitude 03. Psycho Ward 04. I Am Warfare 05. Out With The Garbage 06. Dressed Up For Evil 07. Riot 08. One Wrong Move 09. Lip Service 10. The End of The Lie
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