Le split de l'année ? Pour ma part, c'est tout à fait possible ; du moins, jusqu'ici.

Même si j'ai jeté mon dévolu sur cette sortie en raison de la partie de The Ruins Of Beverast (TROB) qui, je ne m'en cache pas, est un de mes groupes fétiches, la partie d'Almyrkvi, groupe de black atmo islandais qui vous a déjà été présenté dans ces pages (cf. chronique d'Umbra), ne m'a pas laissé indifférent.

Je ne me suis jamais penché sur le sujet Almyrkvi jusqu'ici, et c'est avec plaisir que j'ai découvert un combo qui sait composer des morceaux subtilement mélodiques, profondément atmosphériques et qui regorgent de détails qu'on n'entend pas nécessairement à première(s) écoute(s). Le tempo est lent, la progression également, mais les titres sont assez variés, proposant des accalmies de toute beauté et qui rajoutent leur touche atmosphérique supplémentaire au tout. Les deux morceaux sont puissamment immersifs et constituent en fait un seul bloc divisé en deux mouvements, en quelque sort. Ce qui ferait un morceau de vingt minutes en tout. On distingue ces deux parties, mais elles sont construites selon la même logique avec des rythmiques similaires et des mélodies assez ressemblantes. On pourrait dire qu'elles se complètent parfaitement.

Quant à TROB, ils ont choisi, j'oserai dire judicieusement, l'expérimentation pour ce split. En effet, sur quel autre type de format peut-on s'adonner aussi librement à l'expérimentation ? TROB est de toute manière un groupe atypique : atmosphérique mais incisif, pas vraiment progressif mais peu s'en faut, ritualiste mais à sa façon ; on reconnaît le groupe à des kilomètres tant le style est marqué.
En cela, TROB reste ce qu'il est sur ce split. Dans l'esprit, on est en fait assez proche de l'EP Takitum Tootem!, lui aussi passablement expérimental et qui marquait à l'époque un tournant dans leur évolution musicale.

Le premier titre est lent, hypnotique et tribal et, tout comme ceux de la première partie, fourmille de sons et bruits ambiants qui ne sont perçus qu'au bout de plusieurs écoutes attentives. Les chœurs sont magnifiques et apportent énormément à l'ambiance, sans tomber dans le lourd et le pompeux. Et on connaît le talent du frontman et la versatilité de sa voix.
Fondu enchaîné avec le second morceau, d'emblée plus rapide et percutant, même si le blast est plutôt mou, ce qui n'est pas un défaut et colle même tout à fait au style doomique habituel du groupe. On est plus axé riffs sur ce morceau, plus violent et incisif. On se rapprocherait même d'un black plus orthodoxe. Le final se fait sur un fade out, avec un long solo de facture assez classique, limite heavy. Ce qui tranche totalement avec la première partie. Comme quoi, TROB est capable de beaucoup de choses.

Au final, j'adore ce split. La première moitié est plus homogène, sans doute moins inhabituelle pour Almyrkvi, si je me réfère au descriptif de leur album, mais très prenante au demeurant. TROB fait différemment mais tout aussi brillamment. Les deux parties s'en retrouvent finalement fort bien assorties. Association judicieuse, donc.

Tracklist du split :

01. Almyrkvi - Asomatous Grove
02. Almyrkvi - Managarmr
03. The Ruins Of Beverast - The Grand Nebula Pulse
04. The Ruins Of Beverast - Hunters