Une histoire typiquement américaine que le parcours d’All Them Witches. Fondé en 2012 par le batteur Robby Staebler dont le parcours serait presque un « cliché » de culture alternative US. Vivant alors dans sa voiture à Portland dans l’Oregon, n’ayant pas une thune, le garçon a pris son destin en main, prit la route pour Nashville haut lieu de la musique outre-Atlantique dans l’intention d’intégrer un groupe. N’y parvenant guère, il a composé ses propres morceaux le guitariste Ben McLeod vu à l’œuvre dans un bar, puis les deux se sont mis à une musique plus heavy avec un rock psychédélique un peu plus dense. Naviguant dans un environnement hippie cohérent avec leur orientation musicale, ils ont fini par débaucher le bassiste / chanteur Charles Michael Parks Jr. Le groupe a ensuite connu une trajectoire ascendante, accumulant les albums de qualité. J’ai retenu Nothing As The Ideal, dernier album paru en date lors de l’improbable année 2020.
Aussi parce que c’est l’album le mieux reçu du groupe et à mon sens le plus abouti à ce jour. Ce groupe qui a clôturé la première soirée sur la Valley sur le Hellfest 2024 mérite vraiment qu’on s’y intéresse car la musique proposée est passionnante, plaisante à écouter. Un désert-rock poisseux entre stoner, blues, acid-rock, alternatif, All Them Witches propose une formule épatante, hyper variée entre très belles ambiances typiques US incarnant et racontant une certaine Amérique. Celle des rednecks diront les mauvaises langues, plus authentiques diront d’autres dont je fais partie. Je ne saurai expliquer mais j’ai parfois songé à la BO d’un Forrest Gump vision de cette Amérique version « Sudiste » au passé compliqué et à la philosophie parfois bien réac, il faut bien le reconnaître.
Entre solos bien psychédéliques, ambiances incroyables, le groupe a le sens de la compo qui déchire tout tel un The Children Of Coyote Woman. Rien que le nom du morceau déchire et représente bien ce feeling très 70’s. Woodstock n’est pas loin et le petit côté stoner est délicieusement poussiéreux. Les neuf minutes du définitif Rats In Ruin posent une bonne ambiance où l’esprit divague, part dans ses pensées.
Enregistré dans les légendaires Abbey Road Studios, le disque fut travaillé en Mars 2020. On se rappelle du contexte et le groupe n’avait logiquement pas pu le défendre. La sortie en 2021 d’un Live On The Internet a permis de mettre en valeur ce disque et lui redonner une seconde vie. Lors de la reprise des concerts, le groupe a pu reprendre sa trajectoire même si en Avril 2024, le fondateur a quitté le combo pour partir vers de nouveaux projets. Coup dur pour un groupe très original dont on attendra la suite des aventures. Nothing As The Ideal est un excellent disque, très inspiré, magnifiquement reçu par la critique et qui incarne tellement une certaine Amérique qu’il n’en est que plus attachant. Un groupe à découvrir.