Il aura fallu un peu plus de trois ans à Adrenaline Mob pour nous présenter le successeur de Men Of Honor. Le décès du batteur A.J. Pero (ex-Twisted Sister) a forcé le groupe à prendre une pause et Russell Allen a été occupé par Symphony X qui a sorti un album et tourné à travers le monde pour en faire la promotion. Cependant, Mike Orlando (guitare) et Allen ont fini par se retrouver et se sont remis au travail. Voici donc un troisième album avec un troisième line-up qui accueille le bassiste David Z (SOTO, Trans-Siberian Orchestra) et le batteur Jordan Cannata. Le fait que la moitié du personnel ait changé n'a pas eu de conséquence sur le style du combo étant donné que, comme ce fut déjà le cas pour les deux disques précédents, ce sont Orlando et Allen qui ont écrit l'album. Un simple regard à l'illustration et au titre de la galette font penser que le gang revient avec des paroles politiquement chargées, ce qui va se vérifier (mais pas sur toutes les pistes). Politiciens véreux et aveuglément suivis vont donc s'en prendre plein la tête... Ok, et musicalement, ça donne quoi ?
Les choses démarrent de façon correcte et décevante à la fois avec King Of The Ring qui n'est ni plus ni moins qu'une sorte de relecture d'Undaunted, morceau d'ouverture d'Omerta, premier album du groupe. La chanson n'est pas mauvaise mais déjà entendue et perd donc une partie de son impact potentiel. En plus, très honnêtement, dans ce genre gros metal pas finaud mais qui peut impressionner (avec gros son, gros riff, chant belliqueux etc.), Adrenaline Mob a déjà fait mieux. Le clip tourné pour l'occasion n'arrange pas les choses tant le style y est pachydermique. Voir ces messieurs jouer aux gros durs sur scène a quelque chose de presque embarrassant mais cela n'a pas beaucoup d'importance. En revanche, deux points positifs : on est rassuré (enfin, s'il y avait lieu de s'inquiéter) quant à la solidité de la nouvelle section rythmique qui, en plus, est bien mise en valeur par le mix (même un peu trop d'ailleurs, pour ce qui est de la batterie légèrement envahissante à mon goût) et il y a un passage sympa et mélodique avec de belles harmonies vocales juste après le solo qui apporte un petit plus à la compo.
On reste sur un registre similaire avec We The People, un morceau mid-tempo, bien metal, non dénué de groove, et qui envoie le bois mais qui a du mal à s'incruster dans mon cerveau. Certes, ça joue fort et carré, c'est puissant et technique, pas mauvais mais pas très marquant non plus. Heureusement, les choses s'améliorent à partir de la troisième piste, The Killer's Inside. Voilà, sur ce morceau, Allen arrête un peu d'éructer et prendre sa grosse voix de méchant qui s'envoie des bols de graviers au ptit dej' et se met à chanter davantage. La mélodie, c'est important dans une chanson et on en tient une bonne avec The Killer's Inside au refrain bien trouvé et qui reste en tête. Le style demeure heavy et la production résolument moderne mais c'est bien son aspect mélodique qui fait qu'on se souvient de cette compo (qui, à mon avis, ferait un très bon single). Et de la mélodie catchy, on en trouve sur d'autres pistes comme Bleeding Hands et Blind Leading The Blind, deux accalmies qui sortent les guitares sèches mais restent tout de même assez enlevées (pour de la ballade). Il y a aussi la reprise de Billy Idol, Rebel Yell (sympa, bien interprétée, un peu plus musclée que l'originale - production moderne oblige - mais pas extraordinaire dans la mesure où elle reste tout de même très fidèle à son modèle), forcément très typée 80s. Mais je retiendrai surtout deux chansons, à la fois bien énergiques et accrocheuses : Chasing Dragons (au tempo rapide, refrain bien mélodique sur fond de double grosse caisse) qui arrive à proposer un bon mix de metal old-school et moderne à la fois et la très bonne Lords Of Thunder, l'un des titres les plus forts de cette galette. Ce dernier commence avec une intro grave et orchestrale avant que la machine ne s'emballe et me rappelle The Mob Rules de Black Sabbath (au niveau du tempo et du riff). C'est entraînant, épique et le solo old-school est top. A part ça, vous trouverez une bonne collection de morceaux metal musclés qui officient dans un registre moderne comme Til The Head Explodes (qui se rapproche d'une chanson comme Let It Go sur Men Of Honor), Ignorance & Greed ou Violent State Of Mind (au break instrumental remarquable). Ces compos sont efficaces et conformes à ce que l'on peut attendre de ce groupe après ses deux premiers disques. Rien de révolutionnaire mais ça tabasse.
Adrenaline Mob est de retour et a encore dans sa besace quelques bons morceaux de metal aussi directs qu'écrasants. Les nouveaux membres ne déméritent pas et l'ensemble bénéficie d'une production hyper puissante et dynamique. Maintenant, malgré des qualités évidentes, ce We The People ne fait pas vraiment mieux que les albums qui l'ont précédé. Il ne propose pas de véritable évolution et n'étonne que très rarement (on retiendra quand même Lords of Thunder). L'effet de surprise ou de découverte des débuts s'est donc logiquement estompé et, de plus, avec treize compos et soixante-deux minutes de musique au compteur (ses deux prédécesseurs faisaient dans la petite cinquantaine de minutes et ne proposaient pas plus de onze titres), il s'attarde sans doute un peu trop longtemps dans la platine. Cependant, les écoutes répétées m'ont fait l'apprécier davantage (la première tentative m'a laissé assez froid, je l'avoue) et cet opus n'est pas avare en titres heavy modernes qui décoiffent. Adrenaline Mob ne me met toujours pas THE grosse claque, certains titres sont un peu trop bourrins et ne me semblent pas très inspirés ou intéressants mais We The People a de bons moments et reste un album globalement plaisant, puissant et interprété par des musiciens experts.
Tracklist de We The People :
01. King Of The Ring 02. We The People 03. The Killer's Inside 04. Bleeding Hands 05. Chasing Dragons 06. Til The Head Explodes 07. What You're Made Of 08. Raise 'Em Up 09. Ignorance & Greed 10. Blind Leading The Blind 11. Violent State Of Mind 12. Lords Of Thunder 13. Rebel Yell
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