Avec Nihil Quam…, précédent et premier album, j’étais resté sur l’impression que ce combo italien était un clone du Gorguts d’Obscura. Il leur aura fallu presque six ans pour écrire la suite de ce premier album, mais il faut croire que c’était nécessaire. Puisque celui-ci, que je désignerai par 3Imp, s’écarte sensiblement du style pratiqué sur le premier. Ou plutôt, le style Ad Nauseam, toujours inspiré du même Gorguts, tend à s’affirmer.

C’est toujours du death technique dissonant, limite à outrance (comme sur le très long Coincidentia Oppositorum), mais ça ne sonne plus exactement comme Obscura ; ce qui pour ma part est une très bonne chose, car c’était mon souhait.

Un avertissement me semble nécessaire, de prime abord. Déjà, comme je l’ai dit plus haut, le death pratiqué ici est complexe, labyrinthique et donnera certainement des maux de tête à un auditoire non coutumier du style. Parce que les compos sont non seulement denses, mais aussi extrêmement longues (entre un peu moins de neuf et plus de douze minutes).

Les compos sont donc complexes parce que mûrement réfléchies et construites. On prendra par exemple la première, Sub Specie Aeternitatis, qui démarre d’emblée, sans intro sur un death typé Gorguts sur lequel dissonance et polyrythmie sont les règles ; ralentissement brutal, inattendu vers le milieu du morceau, un passage un peu léthargique et limite bruitiste qui introduit un moment plus posé, dans une espèce d’ambiance chamanique très étrange qui se transforme en pur ambient sur la fin avec fondu enchaîné sur le morceau suivant. Et c’est reparti pour un tour.

Du coup, malgré le côté déstructurant, déroutant de la musique d’Ad Nauseam, il y a tout de même une structure à laquelle on peut s’accrocher sur chaque morceau. Rien n’est finalement laissé au hasard.
C’est ce manque de repères qui m’avait un peu décontenancé sur leur premier album, je pense.

Toujours est-il que 3Imp m’est apparu plus accrocheur, notion toute relative ici j’en conviens, dès la première écoute. Et bien entendu, on est face à une œuvre qui grandit avec le temps et le nombre d’écoutes cumulées.

Je suis donc ravi que le travail de ce groupe ait payé avec un 3Imp ambitieux, exigeant mais intelligemment orchestré et qui ne fait jamais dans le remplissage malgré la durée des morceaux. Très belle progression dans un exercice de style extrêmement compliqué.

Tracklist d’Imperative Imperceptible Impulse :

01. Sub Specie Aeternitatis
02. Inexorably Ousted Sente
03. Coincidentia Oppositorum
04. Imperative Imperceptible Impulse
05. Horror Vacui
06. Human Interface To No God