Amis poètes, voici A Night In Texas. Découvert « à la dure » un soir d’hiver quand un pote m’a dit « « Viens il y a une soirée sympa au Gibus. Il y a Aversions Crown en tête d’affiche mais perso j’y vais surtout pour A Night In Texas ». Dans les faits, sortant d’un arrêté comptable pénible, j’espérais une soirée détente. J’en fus pour mes frais. Agressivité maximale, vocaux à coup de piq-squeal, riffs bourre-pif, fosse agitée, la soirée fut des plus rudes. J’aurais du voir le coup venir quand le pote m’a expliqué que c’étaient des australiens. Bêtement je les pensais… texans. Le lecteur peut bien se moquer, c’était une déduction plutôt logique. Enfin, le résultat décalaminait bien. Alors forcément quand j’ai vu que le groupe revenait, je n’ai pu m’empêcher d’y revenir. Et puis, du deathcore bas du front alors que les 35° sont dépassés sur la Ville Rose qui n’en finit plus de se régaler de ses sportifs aussi performants sur les terrains de rugby que dans les piscines, ça reste un kiff étrange mais allons-y.
Rapide présentation des Aussies : Cory Judd et Angus Gasson aux grattes ; Luke Adkins à la basse ; Anthony Barrone à la batterie. Ce triangle arrière pour retenir une métaphore rugby semble avoir toutes les peines du monde à stabiliser le poste de frontman et on compte au moins quatre anciens hurleurs. En quinze années d’existence, ça fait beaucoup tout de même. Sam Cameron a rejoint le groupe en mai dernier et je suis bien incapable de dire si c’est lui qui officie sur ce Digital Apocalypse. Avec si peu d’ancienneté ça paraît peu probable. Mais A Night In Texas, ce sont aussi et surtout des ambiances deathcore bien chiadées, parfois bien portées par des ambiances sympho bien dark et classieuses. On pense parfois à Carnifex ouShadow Of Intent et le rendu est très propre. Vocalement, l’attaque est permanente à coup de ces fameux pig-squeals qui me désespèrent un peu mais le style veut ça. Les breakdowns présents font bien mal aussi et si le deathcore tend trop souvent à la caricature, A Night In Texas tire son épingle du jeu avec ces ambiances bien amenées et un niveau technique très solide. La compo Death Protocol présentée un peu plus haut propose à ce titre quelques belles mélodies de guitare et j’oserai presque encourager le groupe à approfondir cette dimension dans leur deathcore. Car il faut bien reconnaître que désormais trop balisé, un sentiment de déjà entendu se fait pas mal ressentir. Alors pour moi qui n’en écoute que très occasionnellement, ça passe. Pour les afficionados du style, ça semble tourner en rond.
Reste que c’est très bien produit et A Night In Texas délivre ici un bon disque de deathcore, percutant, idéal pour se défouler après une défaite olympique frustrante (même s’il y en a peu sur cette réjouissante édition pour nous autres français). Si le groupe parvient à stabiliser son frontman, on leur prédit un bel avenir car voici un deathcore efficace, ultra agressif mais néanmoins intelligible. Belle surprise franchement inattendue malgré les réserves inhérentes à la scène deathcore où on a ce sentiment que la multiplication des groupes a généré un appauvrissement de la scène.