Therion

Date

03 Novembre 2010

Lieu

Paris - Elysée Montmartre

Chroniqueur

Blaster of Muppets

L I V E R E P O R T

Trois ans que Christofer Johnsson et sa troupe ne nous avaient pas rendu visite. Ceux qui ont été les heureux témoins de la tournée célébrant les vingt ans d'existence de Therion, en décembre 2007, ont gardé un souvenir très fort de ce groupe hors norme. La question qui se pose alors est la suivante: ces messieurs allaient-ils pouvoir se surpasser ? Et si oui, comment ? Quitte à tuer un suspense qui n'a pas vraiment eu le temps de s'installer, je vous livre tout de suite mon avis sur le concert de ce mois de novembre: c'est sans aucun doute l'un des tous meilleurs shows de Therion que j'ai vu de ma vie ! Et je commence à en avoir vu quelques-uns depuis 1999...

                

Tout d'abord, un mot tout de même sur Leprous, groupe de première partie (non, je n'ai pas vu Loch Vostok pour cause d'interview avec Christofer Johnsson). Pas mal... mais disons que l'accueil aurait sans doute été plus chaleureux s'ils avaient fait la première partie d'un groupe comme Pain Of Salvation... un autre public aurait certainement été plus acquis à leur cause Metal Prog. En tout cas, les jeunes Norvégiens savent jouer et possèdent une belle énergie, il faut leur accorder ça, mais l'ensemble de leurs compos et le chant de leur frontman ne m'ont pas ému plus que ça. Cela dit, les musiciens de Leprous se sont donnés à fond et semblaient heureux d'être là, ça faisait plaisir à voir. Même si leur performance m'a tout de même laissé un peu froid, je n'ai pas envie d'être sévère avec ce groupe et me rappelle que ce style musical un peu complexe n'est sans doute pas le plus aisé à découvrir sur scène. Une chose est cependant certaine, la suite de la soirée allait être d'un autre acabit...

               

A 20h25, au moment où les premières notes de Sitra Ahra résonnent dans la salle, Le public laisse éclater sa joie, et l'ambiance gagne immédiatement en chaleur ! Les musiciens investissent la scène, Christofer Johnsson, vêtu tel un prestidigitateur (il porte exactement les mêmes habits que dans le livret du dernier album) brandit sa guitare, et c'est parti pour un show (et ici, le terme n'est vraiment pas usurpé) de deux bonnes heures.
Au programme: un setlist généreux et plein de nouveautés (beaucoup de changements ont eu lieu depuis la tournée précédente), un groupe en grande forme, un son puissant, une ambiance de folie, un light-show soigné et parfois somptueux, une mise en scène théatrale du plus bel effet...
Là, comme ça, on serait tenté de dire qu'il s'agit probablement d'un des concerts les plus mémorables de l'année 2010. Ce n'est pas exagéré tant les yeux et les oreilles sont à la fête. Le professionalisme du groupe force l'admiration. L'ensemble s'avère riche, varié, surprenant, hautement divertissant... bref, il s'agit tout bonnement d'une prestation irréprochable. Il n'est finalement pas si courant d'assister à un concert parfait. Des détails ? Tout de suite !

                    

Le concert démarra donc tout en classe avec Sitra Ahra, avant de marquer une petite accélération de rythme avec l'excellente Wine Of Aluqah (extraite de Vovin), à la troisième place, c'est la heavy et ténébreuse Typhon, de l'album Lemuria, qui fit headbanger plus d'une tête... Trois titres de qualité, trois ambiances, trois tempos différents: un début de concert parfait qui ravit l'assistance.
Une fois de plus, on constate les progrès accomplis par le groupe depuis des années. En effet, les prestations auxquelles j'avais assisté il y une dizaine d'années de cela étaient plus qu'honorables mais assez statiques. Aujourd'hui, tout cela semble bien loin. Avec une configuration proche de la tournée Gothic Kabbalah, Therion livre une performance dynamique, agréable à écouter mais aussi à regarder. Les quatre vocalistes ont tous un style vocal et une personnalité propres. Du coup, ils excellent dans des registres différents et s'avèrent parfaitement complémentaires. Des duos se forment, puis se désagrègent au profit de nouvelles alliances... quand tout le monde ne vient pas conquérir le devant de la scène d'un même élan. Ce qui se révèle réjouissant, c'est de les voir jouer les uns avec les autres... Therion, ce n'est plus seulement de la musique, c'est aussi de la comédie !

La soirée continue et le groupe choisit de nous surprendre en déterrant des compositions auxquelles il ne nous avait pas habituées jusqu'à ce jour. C'est ainsi que nous découvrons pour la première fois des titres tels que Niefelheim et Ljusalfheim, tous deux extraits de l'excellent Secret Of The Runes. Même constat avec Call Of Dagon (qui provient de l'album Sirius B) ou Abraxas (tirée de Lemuria). Très vite, il devient clair que Therion a opté pour un programme aussi bien composé de classiques, avec quelques incontournables obligatoires (Siren Of The Woods magnifique à en pleurer, Ginnungagap, Blood Of Kingu... il y aura aussi The Rise Of Sodom And Gomorrah et To Mega Therion lors du rappel) que de chansons inattendues. Il met à l'honneur un maximum d'albums différents (Theli, Vovin, Deggial, Lemuria, Sirius B, Gothic Kabbalah, et bien sûr, le tout dernier) sans pour autant nous resservir la setlist de la tournée précédente. Initiative plus que louable dont de nombreux groupes bien trop prévisibles feraient bien de s'inspirer !
Bien sûr, on ne peut jamais totalement satisfaire tout le monde et certains auraient sans doute apprécié un peu plus de titres de l'album Gothic Kabbalah (un seul extrait: Perennial Sophia), ou quelques morceaux supplémentaires de Theli... mais bon, Christofer et ses compères avaient joué cet album culte dans son intégralité lors de la tournée précédente, alors...

Quels moments retenir de cette soirée ? Difficile de répondre, il y en a tellement. Hellequin superbement chantée par un quatuor orné de masques ? La romantique Siren Of The Woods sublimement interprêtée par le duo Lori Lewis/Thomas Vikström ? Les deux complices en ont d'ailleurs profité pour nous dévoiler d'autres facettes de leur talent. En effet, Lori s'est assise derrière un piano et Thomas a agrippé une flûte traversière pour le final, pendant le guitariste Christian Vidal (excellent tout au long de la soirée) a joué le thème de conclusion bientôt repris en choeur par la salle... j'en ai des frissons rien que d'y repenser. Et que dire d'un Voyage Of Gurdjeff (là aussi, une excellente surprise "setlistique") absolument magnifique et terrassante, avec un Christofer Johnsson s'excitant sur sa guitare tel un Scott Ian sous amphétamines (guitariste plus que tonique du groupe Anthrax, pour les non-connaisseurs) ? Un moment de pure magie... Et n'oublions pas de saluer la performance du public parisien qui, ce soir-là, était en grande forme, et qui a surpris de par sa fougue le groupe plus d'une fois. Bien sûr, nous avons l'habitude de nous entendre dire que nous sommes les meilleurs (les fameux "Paris, you're the best!", "Paris, you are number one" etc.), mais cette nuit-là, ça semblait plus que sincère...

Bref, je vous le dis sans détour, si Therion venait à repasser prochainement (ils seront notamment à l'affiche du HellFest 2011) et que vous hésitiez à aller les voir... n'hésitez plus ! Courez-y ! Vous n'en reviendrez pas. Ces musiciens maîtrisent leur art comme jamais, et leur prestation énergique, théâtrale et tout simplement classe, côtoie la perfection de si près qu'on peut véritablement se demander s'il est possible qu'ils fassent mieux.

 

Setlist :

1. Sitra Ahra
2. Wine Of Aluqah
3. Typhon
4. Perennial Sophia
5. Hellequin
6. Niefelheim
7. Siren Of The Woods
8. Voyage Of Gurdjieff
9. Ljusalfheim
10. Dies Irae
11. Ginnungagap
12. Kali Yuga III
13. Call Of Dagon
14. Clavicula Nox
15. Enter Vril-Ya
16. Blood Of Kingu
17. Lemuria
18. Abraxas
19. Unguentum Sabbati
-------------------------------------------
20. The Rise of Sodom and Gomorrah
21. To Mega Therion

Venez donc discuter de ce concert, sur notre forum !