Sebastian Bach + Pleasure Addiction

Date

28 Juin 2014

Lieu

Vauréal

Chroniqueur

Blaster of Muppets

L I V E R E P O R T

Dix-neuf ans. Dix-neuf ans que je n'avais pas vu Sebastian Bach en concert. Il faut dire que le bonhomme se fait rare par chez nous. Alors oui, il y a eu le fameux passage au Hellfest en 2012 (d'ailleurs immortalisé sur le plutôt moyen ABachalypse Now) mais je n'y étais pas. Et à part cela, depuis que le grand blond ne fait plus partie de Skid Row, il ne me semble pas qu'il soit venu défendre ses sorties solos sur une scène française. Dix-neuf ans donc... c'était la tournée de l'album Subhuman Race de Skid Row, un concert ultra-intense et mémorable. Depuis, des hauts et des bas pour Skid Row et Sebastian Bach, désormais séparés... Mais en cette année 2014, deux événements de taille : un, Sebastian sort un très bon album (Give 'Em Hell) dont je ne me lasse pas et deux, son retour est annoncé dans une salle que j'aime particuiièrement : le Forum de Vauréal. Alors oui, quand je me rends sur place, ce 28 juin, avec mon vieux pote qui était avec moi au concert de Skid Row en 95, ça a un petit goût de Noël avant l'heure. Le soirée promet d'être géniale. Retrospectivement, elle le fut... presque. C'est parti pour la chronique d'un concert qui a commencé comme l'un des plus forts de cette année mais qui n'a pas tenu toutes ses promesses.

Pour chauffer la salle, c'est le groupe français Pleasure Addiction qui entre en scène et balance son hard rock très influencé par le glam US des 80's. Tout y est, le look tout d'abord (un marcel Slippery When Wet Bon Jovien porté par le chanteur, le bandana dans les cheveux du guitariste, un peu de maquillage pour le batteur et le bassiste) mais aussi la musique... On se croirait revenu vingt-sept ans en arrière... Et pendant quelques instants, je trouve ça sympa mais ne peux m'empêcher d'arborer un sourire pas forcément bienveillant... Bref, je suis un peu sceptique. Mais j'ai tort. Parce qu'en fait, Pleasure Addiction fait du très bon boulot et au bout de trois titres, voilà que je tape dans les mains et chante quand on me demande de chanter... comme le reste de la salle, d'ailleurs. Merde, ils sont forts les bougres ! 

                   

Pour l'instant, les Frenchies n'ont qu'un album à leur actif et les titres joués proviennent naturellement de celui-ci, mais ils en profitent pour proposer une nouvelle compo très sympa intitulée Can't Stand The Heartache (en première partie de Sebastian Bach... oh, le clin d'oeil !) qui me fait penser qu'il faudra peut-être se pencher sur le second album quand il sera terminé et dispo. L'énergique Hey Boy est convaincante, Don't Let Me Down également. L'ambiance dans la salle est vraiment très bonne. Plus le concert avance, plus Pleasure Addiction se met le public dans la poche. Il faut dire que leur hard rock hyper mélodique et entraînant est idéal pour ce genre de soirée. Même quand on ne connait rien au groupe (ce qui est mon cas), c'est tellement facile d'accès qu'on se laisse porter avec plaisir. Et puis, les musiciens assurent vraiment. Mine de rien, c'est très carré et pro. Comme en plus, ils sont très sympas et semblent prendre leur pied... pourquoi lutter ? 

                   

Le chanteur, répondant au "doux" nom de Butcho, sait faire participer le public et se donne sans compter. Il a l'air de s'éclater et son enthousiasme est contagieux. Il a ces petits trucs de frontman qui aident à s'assurer les faveurs d'une assistance pas forcément venue pour lui... et puis, il y a la reprise (ça aussi, ça aide), et pas n'importe laquelle : Crazy Train d'Ozzy Osbourne, très bien exécutée et reprise par une bonne partie du Forum. Finalement, elle passe vite cette première partie... Et quand Pleasure Addiction quitte la scène, on se dit qu'on vient de passer un moment très sympa. On aurait même pu continuer comme ça encore un peu plus longtemps. La recette n'est certes pas nouvelle mais elle est efficace. Merci messieurs.

 

Une courte pause, il fait chaud, beaucoup vont se prendre une petite bière au bar... mais il ne faut pas trop s'éloigner ou se disperser car à 20h50, les lumières s'éteignent à nouveau et Sebastian Bach et ses sbires s'apprêtent à monter sur scène. Et là, en quelques minutes, c'est la grosse claque... et une vraie leçon. Déjà, les Américains (enfin presque, Bach est canadien) attaquent avec une Slave To The Grind surspeedée qui arrache tout sur son passage. L'entrée en matière est plus que puissante. Mais une bonne (excellente, plutôt) chanson ne suffit pas. Il faut du gros son : check (peut-être même un peu trop fort pour le coup, et pas hyper clair, mais ça claque bien quand même). Et puis, il faut de la présence, du corps, et là, s'il y a bien quelque chose qu'on ne peut enlever à Sebastian Bach, c'est ce charisme inouï dont il fait preuve dès les premières secondes de son show. Avec son sourire de gosse, sa carrure imposante, sa longue tignasse blonde qu'il secoue avec vigueur et son micro qu'il fait tourner à très grande vitesse dans les airs (au risque de décapiter un de ses musiciens au passage), Bach capte le regard et nous tient dans le creu de sa main alors que le concert ne fait que démarrer. 

                   

Après ce démarrage tonitruant, Bach enchaîne avec une compo à lui. Il faut en profiter car son travail avec Skid Row sera largement représenté ce soir, on y reviendra. Cette compo, c'est Kicking and Screaming... qui porte bien son nom. Bonne nouvelle : Sebastian semble plutôt en voix et, sur le refrain, il impressionne. Le public est déjà chaud mais le frontman ne saurait se contenter de ce type de température et sait s'y prendre pour faire en sorte que l'assistance devienne bouillante. Pour cela, rien de mieux qu'un peu d'humour et des gueulantes... mais en français, s'il vous plaît. Et oui, ça marche toujours ! Il nous explique qu'il parle un peu français parce qu'il a vécu au Canada, qu'il fait très chaud... que son bassiste ne comprenait rien à ce qu'il disait quand il parlait français ("il pense que je viens dire que c'était un très bon show !"), qu'il ne comprenait pas comment son bassiste faisait pour jouer avec un blouson en cuir par une telle chaleur... Il ponctue le tout par un beau "C'EST LA MEEERDE !!" et hop, le tour est joué, tout le monde se marre et on est prêt à suivre Bach n'importe où. Il annonce un titre de Skid Row (The Threat) mais se reprend car il vient de se tromper... en fait, ce sera Temptation, extrait du dernier album. Et c'est très bien aussi. Ce titre bien heavy fait mouche sur scène. 

Puis vient The Threat annoncée cinq minutes auparavant. Encore une bonne claque. Petit moment sympa : le chanteur se penche sur un fan dans les premiers rangs et s'empare de sa bannière sur laquelle est écrit le message suivant : "I came from Israel, please sing Wasted Time". Bach, impressionné qu'un fan ait fait tout ce chemin, s'exécute et entonne donc Wasted Time a cappella, bientôt rejoint par une bonne partie de la salle sur le refrain. Un bel imprévu. En tout cas, je m'en souviendrai. La prochaine fois que j'aurai envie qu'un groupe joue absolument un de mes titres préférés non prévus dans la setlist, je me fabriquerai une bannière et dirai que je viens de loin. On ne sait jamais, sur un malentendu...

                   

On continue sur du Skid Row avec la percutante Big Guns. Un vrai bonheur. Et jusque-là, franchement, je me dis que je suis peut-être en train d'assister à un des meilleurs concerts de l'année. C'est fort, c'est chaud, c'est drôle, l'ambiance est excellente (même si la fosse a déjà été un peu plus remuante dans cette salle, notamment lors du dernier passage, qui affichait complet lui, de Skid Row et Ugly Kid Joe en co-tête d'affiche)... Rien à redire. Sur scène, il n'y a qu'un guitariste (je ne le connais pas et j'ai oubiié son nom) au lieu des deux habituels mais ça passe sans problème. A la basse, c'est Rob De Luca qui joue également avec UFO. Quant au poste de batteur, il est occupé par le grand Bobby Jarzombek ! Je suis ravi de voir sur scène cet excellent musicien connu pour ses prestations chez Bach, bien sûr, mais aussi pour ses services rendus à des groupes comme Riot, Fates Warning ou Halford.

Donc, comme je le disais, jusque-là, c'est impeccable. Et avec le recul, il est clair que si toute la soirée avait été du niveau de ces cinq premiers titres (j'enlève volontairement le petit passage de Wasted Time, vu que la chanson n'a pas été jouée en entier), j'affirmerais que ce show fut l'un des meilleurs qu'il m'ait été donné de voir ces derniers temps. Hélas, les ennuis vont commencer juste après Big Guns. Apparemment, le groupe a des problèmes avec le retour et ne s'entend pas correctement... Quand Sebastian prend la parole, il s'énerve un peu parce que le micro fait des siennes... quelques soucis de réglages, donc. Tout cela n'est pas bien grave dans l'absolu, sauf quand ce sont les chansons qui en font les frais. Et à ce titre-là, Piece Of Me est un vrai massacre. Le chanteur est complètement à côté du morceau et chante faux du début à la fin. La chanson est même interrompue rapidement après avoir commencé. Le groupe la démarre à nouveau mais rien à faire, ça reste peu probant. Ensuite, Bach et ses potes tentent de jouer Harmony, mais là encore, ça ne passe pas... ils zappent carrément cette compo tant le son a l'air exécrable pour eux et décident de passer directement à 18 and Life. Et là, c'est mieux. Le fait de jouer une ballade permet aux musiciens de mieux s'entendre et le quatuor semble reprendre confiance. N'empêche qu'à ce moment de la soirée, et bien que ce ne soit pas forcément la faute du groupe, l'ambiance est un peu retombée... mais vraiment, juste un peu. Heureusement. 

Le grand blond case deux titres de sa carrière solo à la suite : American Metalhead (encore un peu massacrée par un Bach dont la voix semble de plus en plus fatiguée au fur et à mesure que le show avance) sympathiquement rebaptisée Français Metalhead pour l'occasion, ainsi que l'efficace Taking Back Tomorrow qui sera malheureusement le second et dernier extrait de Give 'Em Hell ce soir. Oui, je le déplore. Je sais que beaucoup sont venus voir le chanteur dans l'espoir qu'il joue un maximum de titres de son ancien groupe mais, personnellement, j'aime vraiment beaucoup son dernier album et je trouve qu'il aurait mérité d'être mieux défendu que cela. Petite remarque pas trop méchante en passant avant que je l'oublie : Mr. Bach est un peu narcissique, il a passé beaucoup de temps à se regarder sur l'écran situé sur le mur de la salle qui retransmettait le concert filmé en simultané pour les gens adossés au bar. Voilà, parenthèse refermée.

In A Darkened Room, belle ballade de l'album Slave To The Grind, vient à point pour nous rassurer sur les capacités vocales d'un Sebastian Bach un peu plus à l'aise que sur les chansons précédentes. Mais rien ne sert de mentir, si le showman m'a impressionné en début de concert, j'entends bien qu'il est maintenant à la peine. Pour masquer les imperfections, il y a beaucoup d'effets sur son micro, la réverb est très poussée, on entend encore la voix du chanteur résonner alors qu'il est passé à autre chose. Il est encore capable de faire de bonnes choses et pousser quelques belles gueulantes de temps en temps mais sa performance demeure inégale. Monkey Business, tout de même plus que correcte, en sera la parfaite démonstration.

                   

Pour finir le show, Tunnelvision (youpi, un autre extrait plus récent et qui n'est donc pas de Skid Row), la ballade I Remember You qui fait toujours son petit effet, avec encore une petite pointe d'humour de la part du frontman qui fait monter un second guitariste sur scène et le présente en disant qu'on a de la chance parce qu'il s'agit de Joe Satriani... probablement en raison du manque criant de cheveux sur le sommet de son crâne, et l'hymne final que tout le monde attend : Youth Gone Wild, sur lequel Sebastian montrera encore ses limites. En effet, le refrain est très poussif. Clairement, il n'y arrive plus.

Au final, ce concert m'a apporté de la joie mais m'a également laissé un goût amer. Quatorze titres (la setlist en comptait seize mais Harmony et All My Friends Are Dead ont été zappées) pour une heure et vingt minutes de show, c'est un peu court. Soit, le début fut vraiment génial, peut-être un peu trop au regard de la suite des événements. Je ne veux pas sembler trop dur à l'égard de ce chanteur que je continue de trouver intéressant mais voilà, tout n'était pas au point. Peut-être parce que c'était la première date de la tournée européenne, peut-être à cause de certains problèmes techniques (c'est le staff de Bach qui a fait les réglages, je le précise car la salle du Forum a souvent un meilleur son) mais également parce que Sebastian Bach a livré une performance inégale, parfois très impressionnante (au début), parfois digne des casserolles de certaines émissions télévisées que je n'ai pas besoin de citer. Reste que le monsieur sait se tenir sur scène et conserve, comme je le disais plus haut, un charisme indiscutable. Malgré quelques défauts, je suis bien content d'avoir assisté à cette soirée et ne regrette absolument pas le déplacement. Dommage quand même... ça a failli être grand. 

Setlist Sebastian Bach :

01. Slave To The Grind
02. Kicking and Screaming
03. Temptation
04. The Threat
05. Big Guns
06. Piece Of Me
07. 18 and Life
08. American Metalhead
09. Taking Back Tomorrow
10. In A Darkened Room
11. Monkey Business
12. Tunnelvision
13. I Remember You
14. Youth Gone Wild

 

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