Nightwish

Date

17 Avril 2012

Lieu

Paris

Chroniqueur

Ostianne

L I V E R E P O R T

Le dernier passage de Nightwish en France remontait au 23 et 24 mars 2009. A l'époque, le groupe avait rempli deux fois le Zénith. Alors, avec la sortie en grande pompe d'Imaginaerum, le groupe, ou plutôt son tourneur, a vu les choses en grand pour Paris : Bercy et sa capacité à accueillir entre seize et dix-huit mille personnes ! Pour beaucoup de fans, ce fût la déception : Bercy trop grand, pas adapté, manque de chaleur et de proximité déjà parfois limitée au Zénith... Une raison pour certains de ne pas être présent par cette journée pluvieuse d'avril. Mais heureusement pour Nightwish, tous les fans n'ont pas renoncé à les voir à cause de la grande capacité d'accueil de la salle, et quelques dix milles personnes étaient présentes, aussi bien dans les gradins que dans la fosse.

C'est au quatuor Eklipse d'ouvrir le bal pendant une trentaine de minutes. Looks soignés et gothiques, les quatre demoiselles livrent un concert (de reprises essentiellement) au violon et violoncelle, de Cry Me A River de Justin Timberlake à In The End de Linkin Park, le public écoute patiemment. On ne peut s'empêcher de penser à Apocalyptica, maîtres dans le genre et de constater que cette formation qui a sorti son premier album il y a peu manque cruellement de pêche. Bien sûr, elles maîtrisent toutes leur sujet, jouent impeccablement bien, mais la magie n'opère pas. Version mélodique et mélancolique du violon qui pourtant sait aussi faire bouger le public quand il est utilisé de manière plus "vivante". Bien sûr, le choix est de jouer sur le côté sensible et émouvant, Paparazzi de Lady Gaga en est la preuve d'ailleurs, mais dans un concert comme celui-ci, même si bien évidemment l'émotion est importante, on s'attend aussi à faire la fête, danser, bref, s'échauffer avant que n'arrive le groupe principal.

Le changement de scène s'opère très rapidement : Les quatre demoiselles n'ayant que des violons, la scène pour Battle Beast a été montée avant, pas de réaccordage à faire, l'attente ne dure donc que cinq minutes maximum. La vue des deux drapeaux avec un dessin assez sombre fait craindre aux personnes du public qui ne s'étaient pas renseignées sur le groupe que la musique servie va être violente. On se souvient de Pain en 2008 et 2009 qui n'avait pas fait l'unanimité. Battle Beast a sorti son premier album, Steel, il y a tout juste un an et sert donc son heavy metal finlandais au public français pour la première fois. Et si avec Eklipse, on était dans la douceur, avec Battle Beast on est dans du metal qui envoie ! Une chanteuse au look très prononcé et marquant qui occupe la scène, de très bons musiciens qui eux aussi savent occuper la scène de Bercy (ce qui n'est pas donné à tout le monde). Les morceaux se suivent, réveillant le public avec des titres aux refrains facilement mémorisables : Steel, Enter The Metal World ou encore Show Me How To Die. Bien évidemment, rien de bien nouveau, on pense aux groupes de heavy metal basique, on peut même penser un peu à Lordi sur Enter The Metal World, mais une chose frappe chez Battle Beast : cette maîtrise de la scène, du heavy metal. Pas un seul faux-pas, des morceaux très bien choisis, comme si tout était calculé pour marquer les esprits. Le groupe a voulu frapper fort et a réussi, allant jusqu'à surprendre quand Nitte Valo passe de sa voix heavy à une voix lyrique pendant quelques secondes. On regrette seulement que le groupe ne bénéficie pas de lumières aussi sympathiques que le son. Les quarante-cinq minutes qui leur sont imparties passent bien vite et l'on regrette presque que cela s'arrête, mais en même temps, si le groupe quitte la scène, c'est pour que le groupe principal y entre et l'excitation ne fait que grandir.

Setlist de Battle Beast :

Justice and Metal
Armageddon Clan
Cyberspace
Steel
Iron Hand
Victory
Enter the Metal World
Show Me How to Die

Une grande partie de la scène était déjà montée avant l'arrivée du public : le clavier de Tuomas customisé en orgue/corail et la batterie étaient cachés derrière des draps noirs. Mais l'installation du rideau à franges fantomatique a pris du temps, le réaccordage aussi... L'attente dure environ trente minutes, le temps que le public soit de nouveau un peu refroidi... Puis les lumières s'éteignent, le public est tourné vers le rideau et regarde Marco Hietala sur son rocking chair pendant qu'il interprète Taïkatalvi. Une bonne entrée en matière, une bonne mise en scène, mais on regrette la présence du rideau qui se démocratise de plus en plus (Tarja Turunen, Epica, Indochine pour ne pas citer que du metal...). Effectivement, si cela donne une ambiance particulière, le fait que celui-ci ne tombe qu'à la fin du premier refrain du single Storytime empêche au public d'être "chauffé" par l'arrivée des musiciens de Nightwish ! Car oui, cela fait monter la pression de les voir arriver un à un, attendant qu'entre la chanteuse. Mais il faut reconnaître le côté exultant lorsque le rideau tombe. Un mal pour un bien, un bien pour un mal ? L'avis est mitigé. C'est donc ainsi qu'on découvre le clavier de Tuomas, l'horloge sur la grosse caisse de Jukka, l'écran géant sur lequel des images, des films et des phrases seront diffusés sans pour autant que celui-ci soit trop omniprésent, et enfin les lights sont enfin allumés. Anette Olzon semble en forme malgré une main droite blessée et s'affiche dans une tenue plutôt sobre. Car il faut le dire, parmi les fans de Nightwish, il y en a qui redoutent bien souvent les habits de la fausse brune. On la retrouve donc dans une robe noire, et avec de l'énergie. On se souvient de leur dernier passage en France la jeune femme s'était assagie par rapport à 2008, mais on la sentait fatiguée par l'allure de la tournée ! Ici, elle retrouve sa fraîcheur, occupe plus la scène, est plus énergique...

Cela se confirme sur Wish I Had An Angel qui surprend par son emplacement dans le set... Nightwish démarre très fort ! Pour certains, il est encore difficile d'entendre Anette sur les "anciens morceaux", et pourtant, la Suédoise a fait de grands progrès. Elle maîtrise mieux le titre, est plus à l'aise avec les lignes de chant. Tout comme sur Amaranth, troisième single et troisième titre de la soirée où elle montre son travail. Le morceau est retravaillé, et même s'il y a encore des notes difficiles (le "daybreak" final passe difficilement), Bercy est charmé par la chanteuse. Vient ensuite l'un des morceaux phares d'Imaginaerum, dernier album en date du combo : Scaretale ! manège projeté sur l'écran pendant l'intro... Et l'on se rend alors compte qu'Anette sort relativement souvent de scène lorsqu'elle ne doit pas chanter. Mise en scène spéciale ou à cause de sa main ? Le public exulte, participe, notamment sur la partie chantée par Marco, et admire Anette qui confirme sa capacité à passer d'une voix à une autre, d'un univers à un autre et qui souligne ce chant de "sorcière" par des mimiques très théâtrales qui accompagnent à merveille les paroles et le ton de la chanson.

Viendra ensuite The Siren, la version que connait déjà le public présent sur la dernière tournée. Effectivement, celle-ci est réarrangée pour la voix d'Anette qui ne peut faire des montées lyriques. Que ça soit sur ce morceaux ou sur Planet Hell qui viendra plus tard dans la soirée, on se rend compte de la difficulté pour une chanteuse pop de reprendre du lyrique. Oui, ça a été retravaillé pour être plus adapté, mais quand un morceau est écrit pour un type de voix, il n'est jamais vraiment adapté pour un type de voix différent. C'est donc de la gratitude que l'on ressent lorsque l'on se rend compte que seuls des morceaux de Century Child et Once on été choisis pour la tournée, et que rien de la période Oceanborn et Wishmaster ne sort, permettant ainsi aux fans de ne pas être déçus par les nouvelles versions, et à Anette de ne pas se casser la figure sur des morceaux interprétés par Tarja et trop difficiles pour elle.

On voit aussi que le groupe bichonne sa chanteuse : Nemo est joué en acoustique. Effectivement, ce morceau posait problème avant. Là, il est presque sublimé car on ne peut plus vraiment faire de comparaison entre l'ancienne version et celle-ci. D'ailleurs, une grande partie de public ne veut plus faire cette comparaison ancien vs nouveau Nightwish et le prouve lorsque sur ce morceau, les premiers rangs affichent des feuilles où sont imprimés des coeurs. La pyro et les effets de fumée sont très présents mais semblent moins gêner Anette et sa voix. Peut-être aussi que la pause acoustique aide la demoiselle. Effectivement, si Slow, Love, Slow se retrouve entre deux morceaux très énergiques, le nouveau single The Crow, The Owl And The Dove, The Islander et Nemo se suivent. (Oui, encore trois singles à la suite...) Revenons donc sur ce passage : Avec des lights vertes, Anette s'assoit sur son tabouret et Slow Love Slow retentit. Elle maîtrise ce côté jazzy et sublime le morceau qui ne fait pas l'unanimité au sein des fans de Nightwish. Et puis, I Want My Tears Back arrive et balaye tout sur son passage : une énergie folle, un public qui danse en retrait alors que ça pogote dans les premiers rangs de Bercy. C'est à ce moment qu'arrive le sixième membre du groupe. Déjà présent en 2009, Troy Donockley vient faire de la flûte, chanter (The Crow, The Owl And The Dove) etc... Il accompagne donc le groupe sur son set acoustique, qui se poursuit par l'instrumental Last Of The Wilds.

Il n'y a pas que Troy qui est plus présent qu'avant. Effectivement, le groupe a choisi de mettre Marco Hietala plus en avant. Il est omniprésent, chantant même sur des morceaux où il n'était pas par le passé (Over The Hills And Far Away, où il donne une énergie supplémentaire au refrain). Il parle d'ailleurs plus qu'Anette, qui tente de faire chanter Chanson d'Amour de Manhattan Transfer au public qui ne répond pas, lui offrant un très grand moment de solitude. Frère Jacques avait mieux fonctionné il y a quelques années, et on lui souhaite de trouver un morceau plus connu en France la prochaine fois que Nightwish viendra et qu'elle continuera la tradition qu'elle y a établie. Marco, lui, aura la joie de voir sa demande exaucée lorsqu'il parle au public d'allumer portables, appareils photos afin d'illuminer le public lors de The Islander. Après sa reprise de Gary Moore, le groupe quitte la scène sous les applaudissements du public. Mais les voici de retour pour le rappel !

Un rappel qui débute par Finlandia, reprise de Jean Sibelius. Un instrumental où l'on retrouve pour la dernière fois Troy. Anette revient sur scène pour Song Of Myself, le plus long morceau de l'album... Et par chance et intelligence, le groupe a supprimé la quatrième partie de la chanson : on évite les dialogues interminables et l'on se rend alors compte de tout le potentiel de ce morceau. Un final qui monte crescendo, puisque s'en suit The Last Ride Of The Day, dernier morceau énergique qui clôt superbement bien le concert. Pluie de confettis, pyro et finalement feu d'artifice en mettent une dernière fois plein la vue aux fans. Le groupe salue la foule, ils sont six à remercier et à être applaudis par un Bercy au deux tiers plein qui entend résonner Imaginaerum !

En conclusion, Nightwish aura bluffé par un show très pro, très carré, calibré pour être d'une redoutable efficacité. Anette a pris de l'assurance, le fait de chanter des morceaux adaptés à sa voix lui permette plus de libertés scéniques. Mais à Bercy, il manque un côté humain qui se ressent, un côté impersonnel, peut-être dû à un show trop calculé, trop cadré par une pyro et des effets scéniques très présents.

 

Setlist Nightwish :

01. Taïkatalvi
02. Storytime
03. Wish I Had An Angel
04. Amaranth
05. Scaretale
06. The Siren
07. Slow Love Slow
08. I Want My Tears Back
09. The Crow, The Owl And The Dove
10. The Islander
11. Nemo
12. Last Of The Wilds
13. Planet Hell
14. Ghost River
15. Dead To The World
16. Over The Hills And Far Away
------------------------------
19. Finlandia
20. Song Of Myself
21. The Last Ride Of The Day

 

Venez donc discuter de ce concert, sur notre forum !