Iced Earth / White Wizzard / Fury UK

Date

8 novembre 2011

Lieu

L'alhambra - Paris

Chroniqueur

Blaster of Muppets

L I V E R E P O R T

Question du jour : Quel est le point commun entre Iced Earth, White Wizzard et Fury UK, en dehors de cette tournée européenne qui les réunit sur la même affiche ? La réponse est simple, et si vous étiez à l'Alhambra il y a quelques jours cela n'aura pas échappé à vos oreilles aguerries, ces trois groupes sont de vrais, de purs inconditionnels d'Iron Maiden. Vous pourrez dire (avec raison) que cette remarque est assez banale dans la mesure ou "la vierge de fer" a probablement influencé plus de formations de metal que nous pourrions en compter, même si nous avions jusqu'à fin 2012 pour nous acquitter de cette tâche. Seulement, si Iced Earth s'est forgé une personnalité depuis bien longtemps et s'est fait un nom sur la scène metal mondiale, l'affaire n'est pas si simple pour les petits nouveaux qui débarquent. Intéressons-nous donc à cette soirée de plus près et traitons les événements dans l'ordre.

                   

Ce sont les Anglais de Fury UK (avec un nom pareil, on se doutait bien qu'ils n'étaient pas polonais), venus tout droit de Manchester, qui ouvrent le bal avec un Metal très énergique et influencé, vous l'aurez compris, par Iron Maiden. Force est de reconnaître que, malgré quelques plans un peu limites au niveau de l'emprunt (tiens, c'est le riff de Two Minutes to Midnight... oh, cette mélodie à la gratte ne rappelle-t-elle pas Wasted Years ?), l'ensemble passe très bien. Déjà, le trio fait preuve d'une poigne et d'un dynamisme qui font plaisir à voir... et à entendre !
Très vite, les Britanniques auront dissipés mes doutes (apparus lors du premier titre que j'ai personnellement trouvé assez bateau) et dès la seconde chanson, je me mis à battre la mesure et légèrement secouer la tête. Ce début de headbanging timide est bien la preuve que Fury UK sait envoyer la sauce, le punch British marque des points. En plus, malgré les influences déjà mentionnées plus haut, les morceaux sont bien écrits et contiennent quelques breaks réjouissants. Le solo sur le dernier titre joué, Death By Lightning, en a sûrement épaté plus d'un dans l'assistance.

Je ne connaissais pas les chansons de Fury UK avant ce concert, mais si certains d'entre-vous sont fans, sachez que le groupe a également joué I See Red, Fall From Grace et Saviour, entre autres. Les musiciens furent au taquet (le batteur brutalise bien son instrument tout en se montrant expert headbanger) et, au bout d'une demi-heure, la conclusion s'imposa d'elle-même: on avait passé un moment très sympa ! Une dernière petite précision qui explique ma sympathie pour le trio: le metal old-school servi par ces messieurs avait quelque chose de rugueux, presque punk par moments, qui le distingue d'un certains nombre de formations actuelles. D'ailleurs le timbre de voix du chanteur/guitariste rappelait bien plus celui d'un Paul Di'Anno que celui d'un Bruce Dickinson... cette petite "originalité" a incontestablement donné de la saveur à la prestation du groupe.

Une demi-heure après la fin du set de Fury UK, ce fut au tour de White Wizzard de monter sur la scène de l'Alhambra. Eux sont américains mais ils aiment quand même beaucoup Iron Maiden. Beaucoup trop, même...
Alors là, c'est bien simple, si Steve Harris manque un peu d'argent ces temps-ci (peu probable, je vous l'accorde), ou qu'il a envie de s'offrir une nouvelle piscine, ou peut-être même d'acheter de nouveaux et magnifiques décors pour la prochaine tournée de son groupe, sans que tout cela ne lui coûte une Livre Sterling, il y a une chose tout simple à faire : coller un procès à White Wizzard pour plagiat éhonté, et hop, ça devrait le mettre à l'abri du besoin jusqu'à la fin de sa vie (et de celle de ses petits-enfants) !

                   

Le premier morceau (Over The Top) fait illusion, et vu que le style est plus qu'agréable, on est prêt à faire preuve d'indulgence. Mais bon, quand même, c'est vraiment très très très proche de ce que fait Iron Maiden. Et puis, au bout de trois ou quatre chansons, je me dis non. J'en ai assez. C'était marrant dix minutes, mais là, White Wizzard prend vraiment des allures de tribute band sans aucune ambition. C'est rigolo un moment de jouer à "d'où vient ce riff ? Et cette ligne de basse ? Et ce couplet là, il ne vous dit rien ? Mais si, c'est Alexander the Great, voyons !", mais pendant tout un concert (aussi court soit-il), ça lasse et agace un peu. La fougue des musiciens n'est pas à remettre en cause, le chanteur est même assez puissant, le bassiste a une bonne dégaine avec son t-shirt Iron Maiden (tiens tiens...) et son chapeau, mais trop c'est trop. D'ailleurs, une fois les quatre premières chansons passées, mon pote m'a dit: "Nan, j'en ai marre, je vais boire un coup". Et il quitta la fosse. Il est comme ça mon pote. Moi, je suis resté... mais je demeure tout de même pour le moins stupéfait qu'on puisse à ce point piller la discographie d'un groupe... même si on en est super fan. Pas désagréable pour autant, la musique de White Wizzard se laisse évidemment écouter, mais je n'irai pas jeter une oreille sur un album, sauf si quelqu'un me dit que les Américains se sont, entre-temps, achetés une personnalité. Qu'il est étonnant qu'un groupe ayant apparemment si peu de choses à dire (qui n'aient été dites avant) décroche une tournée en première partie d'Iced Earth alors que nous connaissons tous plein de petites formations autrement plus talentueuses qui n'ont jamais l'occasion de passer par la France. Bref, passons à autre chose.

Les choses sérieuses démarrent enfin avec l'arrivée du groupe pour lequel tout le monde s'est déplacé ce soir. Enfin, quand je dis tout le monde, je devrais peut-être préciser "ceux qui ne sont pas allés voir Alice Cooper au Zénith ou Dark Tranquillity et consorts au Bataclan qui jouaient le même soir". Pas de chance pour Iced Earth, alors qu'ils jouaient encore dans un Elysée Montmartre bien rempli il n'y a pas si longtemps que cela, c'est face à quelques trois-cents personnes qu'ils se produisent ce soir. Aïe. J'espère que c'est vraiment dû au fait qu'il y ait trois concerts de metal dans la capitale ce soir, et pas à une baisse de popularité tant leur nouvel album, Dystopia, et leur nouvelle recrue au poste de chanteur, Stu Block, valent le détour. Enfin, c'est ainsi... Passons à ce concert tant attendu qui allait nous permettre de voir si le nouveau vocaliste qui s'était montré si convaincant sur album allait faire une aussi bonne impression sur scène. Le suspense n'aura pas duré longtemps...

                   

Stu Block ne fait pas les choses à moitié, et dès le premier titre de la soirée, l'excellent Dystopia, cela apparaît clairement. Le bonhomme peut sourire et arborer des expressions démoniaques, il assure comme un chef. On est immédiatement impressionné par la puissance, la précision et la justesse de sa voix. On s'en doutait, Jon Schaffer, leader incontesté de la bande, n'est pas du genre à s'entourer de bras cassés, et après des vocalistes comme Matthew Barlow ou Tim "Ripper" Owens, il n'allait pas revenir avec un rigolo dans ses bagages. C'est maintenant confirmé, le petit nouveau venu du Canada atomise tout sur son passage. Il est à l'aise dans différents registres et apporte une présence sur scène et un dynamisme que n'avaient pas forcément ses prédécesseurs (Matthew et Tim, aussi excellents soient-ils, étant plutôt du genre force tranquille ou statique). On pourrait même dire qu'il en fait un chouilla trop tant il ne cesse de grimacer ou de solliciter le public (et que je te fais chanter des "ho ho hoooo", et que je te fais taper dans les mains, et que je te fais lever le poing en éructant un bon et viril "hey !" des familles...) toutes les deux minutes... On pourrait s'en plaindre, mais on ne le fera pas. Il est très compétent, il est énergique et apporte au groupe une bonne dose de sang neuf ! Bravo !

A part ça, le son est fort et puissant mais pas toujours bien équilibré. Ce n'est pas très grave et ne gâche aucunement la prestation des Américains, mais il est vrai que la guitare de Jon "Stop being a pussy !" Schaffer et la basse de Freddie Vidales ont tendance à légèrement couvrir les parties de guitares de Troy Seele, ou le chant de Stu qui, bien que très audible, sonne parfois un peu en retrait derrière cet impressionnant mur du son ! En tout cas, on s'en prend plein la figure (ou les oreilles), et le quintet ne ménage pas ses efforts pour nous assommer !
Niveau setlist, des remaniements ont eu lieu, et on redécouvre des chansons que le groupe ne jouait plus ces dernières années comme When The Night Falls, Slave To The Dark, Stand Alone, Damien ou la fabuleuse pièce de dix-sept minutes, l'incroyable Dante's Inferno. Pour une fois, il ne sera pas dit que l'excellent album Burnt Offerings, habituellement assez boudé en concert, aura été ignoré ce coup-ci.
Bien sûr, Iced Earth est venu présenter son nouvel album, et vu qu'il est bon, on aura le droit à cinq extraits du nouvel opus dont on retiendra (en plus de la terrible chanson titre) la cavalcade épique nommée Dark City, ou la heavy mid-tempo Anthem dont le refrain est fait pour être repris par la foule.   

L'ambiance est chaleureuse, quelques pogos démarrent ici ou là, le groupe est impeccable de maîtrise et assez avare en discours, comme toujours. Tout ça s'enchaîne très vite et on ne voit pas l'heure et demie passer... Le concert s'achève avec le traditionnel Iced Earth qui s'avère toujours aussi redoutable. Rien à redire alors ? Et bien si, quand même, mais ça ne concerne pas vraiment le concert en tant que tel. Non, ce serait plutôt une petite plainte par comparaison. La setlist du concert londonien (deux jours plus tôt) comptait dix-sept chansons... nous en avons eu treize. Ainsi, nous avons été privés de classiques comme Burning Times et Pure Evil, ou de nouvelles chansons comme Days Of Rage et End Of Innocence. Pire, un ami vient de m'envoyer la setlist du concert lyonnais qui a eu lieu le lendemain du nôtre, et il s'avère que ces messieurs ont carrément joué dix-huit titres (avec The Last Laugh en bonus !). Sûr, je n'ai pas à me plaindre du show à l'Alhambra, et je n'ai certainement pas boudé mon plaisir, mais quand même, rétrospectivement, cette inégalité de traitement me dérange un peu... Pourquoi donc un show privé de quatre ou cinq morceaux par rapport au reste de la tournée ? Est-ce la volonté d'Iced Earth ? Un problème d'organisation ? Le concert a-t-il commencé trop tard ? Est-ce un problème de couvre-feu parisien ? Je ne connais pas la raison d'un tel décalage mais je trouve cela bien dommage. Messieurs, ne cherchons pas midi à quatorze heures, je ne vois qu'une solution: il va falloir revenir nous voir... et vite !

                   

Setlist Iced Earth :

01. Dystopia
02. Angels Holocaust
03. Slave To The Dark
04. V
05. Stand Alone
06. When The Night Falls
07. Damien
08. Dark City
09. Anthem
10. Declaration Day
11. Tragedy and Triumph
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12. Dante's Inferno
13. Iced Earth

 

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