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Qu’est-ce qui nous pousse à faire 7h de voiture aller-retour, un jeudi, pour aller à un concert ? L’envie de voir un truc spécial, soit connu soit nouveau, qui va créer de nouveaux souvenirs, de mieux comprendre l’évolution d’un groupe et peut-être ouvrir notre playlist vers de nouveaux horizons. C’est donc chargé d’envie et d’espoir que je me suis rendu ce jeudi à Zurich, à l’autre bout de la Suisse, pour aller enfin voir Opeth sur scène. Ma connaissance d’Opeth était à ce jour principalement ancrée sur leurs trois derniers albums, sur une décennie prog metal qui convenait bien à mes penchants musicaux. Trois albums exceptionnels, qui ont peut-être dérangé les fans historiques, plus habitués aux penchants death du groupe. L’album et la tournée de Last Will & Testament donnait à tous l’opportunité de se réunir dans un environnement commun. Paatos Le groupe Paatos, suédois comme Opeth, ouvrait les feux à 19h30 pétante avec une setlist très pointue, quasi élitiste, basée sur leur récent album Ligament sorti en 2025. Leur concert a été enthousiasment. Leur approche musicale mélangeant rock, jazz et prog est imbibée de matière folk résolument scandinave. Sans Mikael Åkerfeldt, qui a plus tard proclamé haut et fort son amour pour ce groupe (dixit "le meilleur groupe suédois, juste après ABBA") je n’aurais su vous dire s'ils étaient islandais, suédois ou norvégiens ; mais clairement l’atmosphère générale nous poussait vers le nord de l’Europe. Les titres s’enchainent. Souvent arythmique, parfois déstructurée mais toujours mélodique, la musique de Paatos plait aux spectateurs présents. Malgré un petit problème de balance sur les basses en ouverture de Gasoline, le concert va se dérouler sans accrocs. Les titres sont régulièrement lancés par Petronella d’une voix douce. Pour un groupe d’ouverture, c’est globalement très bon, même si pour ma part je retiens surtout leur performance sur un Chemical Escape très prog-jazzy, le morceau Ligament parce qu’ils poussent pour ce titre le coté prog au max avec de multiples influences qui me font penser au travail expérimental d’une Björk, Téa un titre doux et jazz chanté en suédois (je crois) et The Last Ones of Our Kind prog-rock et délicieusement inventif. Un groupe que je ne connaissais pas et qui va entrer dans la liste de groupes à suivre. 
Setlist : Gasoline Chemical Escape Beyond The Forest Ligament Svart Téa Gone Last Ones of Our Kind Opeth Après une courte pause de 30 minutes, Opeth rentre en scène ; ils lancent leur concert sur §1, le titre d’ouverture de The Last Will & Testament puis ils enchainent immédiatement avec deux titres anciens, sortis au tout début des années 2000. Master’s Apprentices et sa rythmique martiale et The Leper Affinity donnent le ton. La base de la soirée sera death par le chant et, comme souvent avec ce groupe, historique par son contenu. Mais quoi de mieux que commencer une soirée avec un titre de l’excellent Blackwater Park et un du conceptuel Deliverance ? 
Dès §7 et jusqu’à la fin du concert, les interventions de Mikael seront constantes et régulières. Il interagit avec le public, prend son temps pour accorder ses guitares et se perdre en digressions diverses et variées. L’homme semble heureux d’être sur scène et assume complètement son leadership. Si ce n’est les trois titres du dernier album (§1, §3 et §7), seul The Devil's Orchard sera issu d’un album datant d’après 2010 (Heritage). Le concert me permet de comprendre que le coté progressif exprimé à l’aube des années 2020, est en fait dans l’ADN du groupe. Tous les titres en sont imprégnés, même les plus extrêmes comme The Leper Affinity. Après l’excellent The Devil’s Orchard, et le plus calme To Rid the Disease, le groupe se permet même un saut de près de 30 ans avec The Night and the Silent Water tout droit sorti de Morningrise, l’album de 1996. L’impression de cohésion au sein du groupe est impressionnante. Certes l’aura de Mikael illumine, mais chaque pièce semble bien à sa place. Le mieux pour s’en rendre compte c’est de garder un œil sur les acteurs moins visibles du groupe ; Martin Mendez à la basse est aussi sobre dans son comportement que ses doigts sont agités sur ses cordes. Joakim Svalberg au clavier est en transe alors que le jeune et très impressionnant Waltteri Väyrynen à la batterie, même s'il semble encore être intimidé d’être sur scène avec le groupe, est un métronome incroyable de calme. 
La dernière partie du concert, après §3 suis la même trame. Fredrik Åkesson et Mikael Åkerfeldt font du ping-pong de lead guitare. Mikael démontre son étonnante capacité à changer de registre de voix. Il est bluffant de facilité tant en voix claire qu’en voix gutturale ; et les changements de registre ne semblent pas lui poser le moindre problème. L'excellent Ghost of Perdition clôt le concert; et après un court mais vibrant rappel, le groupe revient sur scène pour un final de toute beauté avec Deliverance, un titre monstrueux et fait pour être joué sur scène. Clap de fin, le groupe distribue ses mediators et ses baguettes. Le public est conquis, et moi je comprends que ça valait vraiment la peine de faire 700km dans la soirée pour venir voir Opeth sur scène. Setlist : §1 Master's Apprentices The Leper Affinity §7 The Devil's Orchard To Rid the Disease The Night and the Silent Water §3 Heir Apparent Ghost of Perdition --- Deliverance
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