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Une soirée pagan metal au Bateau Ivre de Tours, ça ne se refuse pas. En plus il fait doux, c’est samedi, tous les voyants sont au vert. Pour cette soirée c’est Eihwar qui fait figure de tête d’affiche, et les connaisseurs l’ont bien compris puisque la date est sold out depuis un moment. Ce que j’aime dans cette salle indépendante du centre de Tours, c’est qu’il n’y a pas de queue quand on arrive, tout est fluide et l’équipe super sympa. Allez hop, place, tampon pour ressortir, et un p’tit tour au bar pour se mettre dans l’ambiance : choix de bières locales, vins et nouveauté ! Hot-dog maison, local et goûtu, bien vu les mecs ! Le programme est annoncé à l’entrée avec en toute première partie Ilum Sîn qui doit se produire à 20h00, et à 20h pile les lumières s’éteignent. Qu’est-ce que c’est bon quand ça commence à l’heure…
Ilum Sîn C’est dans une ambiance très sombre avec juste une lumière bleue qu’arrive Ilum Sîn, artiste solo qui décrit son projet de pop nocturne voire de dark folk médiévale, seule sur scène et derrière son micro et son clavier. La salle est réceptive puisque très bien remplie pour une première partie, les spectateurs sont visiblement intrigués par la demoiselle et ont déserté le bar pour venir s’agglutiner dans la fosse et remplir les gradins. C’est donc une Ilum Sîn presque tétanisée par ce qui lui arrive qui commence son show par un loupé, pardonné par le public qui l’encourage. Elle qui avoue faire son…quatrième concert, et devant une salle bien remplie ce soir. Si Ilum Sîn fera un peu plus tard un autre loupé, le reste de sa prestation est parfaite, et même toute seule, elle arrive à emporter la salle. Ses titres sont épurés et basés uniquement sur un clavier / voix, le reste étant importé par ordinateur. Elle utilise une flute sur un titre, mais c’est surtout le côté habité qui ressort de cette prestation, bien que l’ensemble soit très calme, très lent, et surtout très loin du metal. Ilum Sïn quitte la scène comme elle est venue, sur la pointe des pieds, laissant un public comme flottant sur un nuage. Si c’était la volonté de l’artiste c’est parfaitement réussi. Le problème c’est que moi, il me faut une bière maintenant, sinon je vais m’endormir. 
Solventis C’est au tour de Solventis de fouler les planchers en espérant un peu plus de pep’s, sinon la salle risque de piquer un roupillon. Duo toulousain qui s’inscrit dans une sorte d’esthétique dream pop ou de dark folk, c’est selon, il s’agit surtout de deux demoiselles habillées de blanc (qui n’est pas sans rappeler la légende urbaine de la Dame Blanche) dans un décor noir qui arrivent presque timidement devant le public pour soutenir son album Alcyon qui vient de sortir. Ici toujours point de batterie, ni de basse, seulement deux guitares, une acoustique, une électrique, pour accompagner le chant. Alors oui les voix sont sublimes, envoutantes et juste au possible, mais il faut vraiment être dedans pour être transporté dans leur univers. Tout est épuré et plusieurs fois dans l’assistance j’en ai chopé qui retenaient un bâillement. Aie, compliqué. Solventis va tout de même offrir un happening sympa au public tourangeau en faisant venir Ilum Sîn pour partager le chant sur un de leurs titres, ces dernières expliquant avoir eu cette idée dans la voiture qui les a amené sur le lieu. Cool, d’autant que ça permet de réveiller un –tout- petit peu les spectateurs. 
Il faudra attendre Burns et Alcyon pour enfin voir décoller le show avec une ambiance plus rentre dedans (toute proportion gardée), les hurlements sont de sorties, les guitares plus féroces, on retrouve une ambiance bien plus connue. Dommage juste qu’il s’agisse des deux derniers morceaux. Si ce ne fut pas l’emballement, il faut reconnaitre que Solventis est marqué par deux voix sublimes, et comme le public répondait présent, c’est juste que je ne dois pas être la cible. 
Eihwar Dès la fin du concert de Solventis, la salle se remplit comme un œuf, cette date tourangelle comme je le disais est sold out, les t-shirts Eihwar sont arborés de partout (d’ailleurs le design est franchement beau), on trouve même des spectateurs déguisés, peinturlurés, prêts quoi ! Ma seule interrogation, c’est comment va faire le groupe pour réveiller un public qui n’a pas été aidé par les deux premières parties ? Mon questionnement sera vite balayé en une minute. Oui une seule minute aura suffi à Mark et à la Louve Asrunn pour retourner la salle du Bateau Ivre, dont la touffeur est presque intenable, les ventilateurs de la salle tournent à plein régime. Si le public est bien entendu venu pour eux, tout le monde s’est pris une mandale de malade par leur prestation. Ça saute, applaudit et chante de partout, exhorté par une louve qui ne ménage pas ses efforts en tapant comme une damnée sur son tambourin viking, courant d’un bout à l’autre de la scène. Mark de son côté en programmateur hors pair, fait un boulot monstre pour faire de ce concert un moment qui restera dans les annales de cette salle. Eihwar nous transporte dans un moment hors du temps, au pays des vikings et enchaine les titres tout aussi puissants les uns que les autres, une véritable transe viking portée par deux artistes au firmament. Le Viking War Transe est toujours un moment tellement entrainant qu’il devrait être écouté et vécu par tous, et Berserkr est repris à l’unisson par la salle.  
Eihwar nous offre aussi deux moments plus calmes qui permettent de montrer le talent de Mark à la guitare, surtout que le Chevalier a dû improviser quelques instants, le temps qu’Asrunn puisse faire une retouche de costume avec ses os, visiblement joueurs ce soir. Le public répond présent du début à la fin, et signe que ce concert a emporté tout le monde, quand le duo annonce la dernière chanson, je me suis surpris à regarder ma montre, ‘tain déjà ? J’ai pas vu le temps passer ! Signe que le spectacle était à la hauteur. Les inconditionnels, forcément, ont été conquis, les non érudits ont découvert un truc, l’unanimité en somme. Un excellent concert pour un groupe qui devient majeur dans la sphère viking metal (ouais aussi un peu barré il faut le reconnaitre), et d’une rare gentillesse et disponible (la louve est restée de très longues minutes à discuter, signer des autographes, prendre des photos) avec le public tourangeau visiblement conquis et qui avait envie de causer ce soir, ce qui est à souligner.  
Une soirée qui aura débuté un peu bizarrement, c’est le moins qu’on puisse dire, mais Eihwar aura su retourner un Bateau Ivre comble avec un concert digne d’athlètes de haut niveau. Les spectateurs présents savent qu’ils ont vécu un moment à part, trop rare dans la ville de Tours, mais qu’il faut savoir saisir quand il passe. Un grand merci au groupe Eihwar pour l’invitation, et à mes acolytes des Portes du Metal (Ced12, Le Diable Bleu, et L.Red) qui, depuis quelques temps, me titillent avec ce style pagan metal. Et comme eux, j’ai été séduit, et me v’la plongé dedans.
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