Groupe:

Toto + Bobbie

Date:

11 Juillet 2024

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster of Muppets

Le 11 juillet dernier s'est déroulée une soirée que les inconditionnels de Toto ne pouvaient pas manquer. En effet, Steve Lukather, seul membre de la formation d'origine restant, était de retour (bien accompagné) dans la capitale pour un concert complet au Dome (Palais des Sports). Il se peut que je me trompe mais il me semble que cela n'était pas arrivé depuis 2018. En plus de Joseph Williams (chanteur qui a d'ailleurs le droit à son nom en haut de l'affiche aux côtés de celui du guitariste fondateur), le line-up comptait des musiciens que les habitués des concerts du groupe connaissent bien : le multi-instrumentiste (chant, saxophone, percussions, flûte...) Warren Ham (qui a fait ses premières apparitions avec le groupe en même temps que Williams, au milieu des 80s), le batteur Shannon Forrest, le claviériste/vocaliste Greg Phillinganes (dont la première apparition scénique avec Lukather & co. remonte à 2003), le bassiste John Pierce (présent depuis 2020) et un petit nouveau venu remplacer Steve Maggiora au chant et clavier : Dennis Atlas. Alors oui, certains ne manquent pas d'ironiser sur le fait que tout cela, ça n'est plus vraiment Toto... mais certainement pas les milliers de fans qui ont fait le déplacement ce soir-là et pris un pied monstrueux. 

En guise de chauffe-salle : Bobbie, une chanteuse française que je ne connaissais pas mais qui, avec sa guitare, sa veste à frange et sa très belle voix semble venir d'un autre lieu et d'un autre temps... Pensez Etats-Unis et années 70 et vous aurez une petite idée de la proposition. Sur l'album (j'ai un peu écouté depuis), la chanteuse est accompagnée (piano, guitare, batterie...) mais là, c'est un petit show solo tout en retenue qui est proposé. Seule face à des milliers de personnes (dont on imagine bien qu'une grande partie ne la connait pas), la jeune femme ne se démonte pas, se lance et impose le calme dans le Dome de Paris. On est tout de suite saisi par la beauté et la douceur de la voix. Puis elle se présente, nous remercie chaleureusement de l'accueil et nous invite à profiter du présent et célébrer toutes les petites choses ordinaires du quotidien à travers la chanson titre de son premier album The Sacred In The Ordinary. Le style est épuré (guitare/voix oblige) mais fonctionne assez bien... si l'on est réceptif à ce genre musical américain qu'est la folk/country. 

L'artiste prendra la parole quelques fois pour présenter un morceau, une reprise notamment qu'elle tease bien et avec le sourire... "pas de Toto, je ne vais pas spoiler, mais c'est une grande artiste américaine que j'aime beaucoup... et en même temps, qui ne l'aime pas ? Le suspense est à son comble...". La chanson en question, c'est Jolene de Dolly Parton et Bobbie lui rend un bel hommage en la chantant impeccablement. Le public sera invité à chanter des "wou-hou-hou-houuuu" sur le refrain de la jolie Old Mountain Music, titre plus ancien qui ne figure pas sur l'album récemment sorti... mais, comme Bobbie le dira à une ou deux reprises avec un grand sourire, la plupart des compos sont plutôt des chansons d'amour tristes... La fin du set approche, la chanteuse nous remercie encore de l'accueil ("... vous ne me connaissez pas et je sais que vous attendez Toto") et conclue avec Losing You - encore une chanson d'amour triste - qui referme un set d'une petite trentaine de minutes, tout en douceur, nostalgie et mélancolie... mené par une très belle voix. 

Setlist Bobbie :

?
The Sacred In The Ordinary
Lifetime
Jolene
Lord
Nothing Ever Lasts
Old Mountain Music
Losing You

 

Place au plat de résistance : les Américains de Toto montent sur scène avec un peu d'avance (ils étaient annoncés à 21h15, il est à peine 21h quand ils débarquent) et attaquent, sans intro, par un très vieux titre puisqu'il s'agit de Girl Goodbye extrait de leur premier album. Belles lumières, son assez clair et puissant d'entrée de jeu, sept musiciens souriants et visiblement motivés... le riff et le refrain enjoués nous entraînent sans mal, le groupe est acclamé... et il sera encore plus quelques minutes plus tard quand il proposera (déjà !?) en deuxième position dans son set l'intemporel classique Hold The Line. Excellent démarrage.

Puis c'est l'heure d'une première blague de Toto (ok, je ne la referai pas, promis) quand Steve Lukather prend la parole pour introduire (avec humour) la troisième chanson de la soirée (99) en disant qu'il s'agit d'une chanson dont on a dit à tort qu'il ne l'aime pas... alors qu'il s'est mis à l'apprécier quand il a compris que son titre faisait en fait référence à une position sexuelle oubliée. C'est un peu tôt pour un morceau aussi calme, je trouve, même s'il est joliment interprété... mais pourquoi pas. On quitte les 70s et le swing est de retour avec Pamela, premier titre qui nous renvoie au très bon disque The Seventh One (deux autres morceaux imparables de cet album nous seront servis plus tard). Le son est vraiment très bon et on peut apprécier la qualité d'une partition parfaitement maîtrisée par les musiciens... ces derniers vont d'ailleurs s'en donner à cœur joie sur le morceau suivant, totalement instrumental, Jake To The Bone qui déroule son rock jazzy prog avec technique et élégance juste avant que Greg Phillinganes ne nous propose un petit interlude au clavier (dans lequel il placera une bonne partie du classique I Won't Hold You Back). 

Joseph Williams, qui va sur ses soixante-quatre ans et ressemble de plus en plus au chanteur Zucchero, s'en sort plutôt très bien dans l'ensemble... malgré quelques petites fragilités à certains moments. Heureusement, quand il est un peu "limite", sur quelques envolées censées être trop hautes ou puissantes, le valeureux chanteur est bien soutenu par le reste du groupe... Eh oui, ça sert d'avoir cinq musiciens sur scène qui peuvent tous pousser la chansonnette de façon plus que convenable... et pas juste pour les harmonies vocales chères à la formation au moment des refrains. On notera notamment la très bonne performance de Dennis Atlas qui a tout ce qu'il faut pour chanter les passages les plus aigus / compliqués du répertoire de Toto. Lukather, comme à son habitude, prend régulièrement le micro, pas seulement pour montrer son côté blagueur ou poser le contexte de certaines chansons et évoquer quelques souvenirs mais aussi pour donner de la voix (c'est lui qui se charge de la plus grande partie de I'll Be Over You par exemple, il en fera de même sur la reprise de Little Wing de Jimi Hendrix - rallongée par un très beau solo - et à bien d'autres moments).

C'est un set assez varié qui nous est offert et sur près de deux heures. Entre prouesses instrumentales (un petit solo de batterie viendra se caler entre Little Wing et I'll Supply The Love), méga-hits plus festifs (Stop Loving You sur lequel le public donne très joliment de la voix... les plus grands tubes sont à venir, en fin de concert), morceaux plus rares ou pointus, de différentes époques (Burn, Dying On Your Feet) et reprises (celle de Hendrix mais également With A Little Help From My Friends des Beatles, sur laquelle on pourra encore bien apprécier le fait d'avoir plusieurs chanteurs sur scène), pas le temps de s'ennuyer. Même quand Steve Lukather présente le groupe, le moment est plutôt fun. Il le fait assez longuement, avec un petit discours pour chaque musicien (on apprendra notamment à cette occasion que c'est Williams qui chante Hakuna Matata dans le fameux Roi Lion de Disney... ce dernier en fera même la démonstration pendant quelques secondes). Tout cela est très bien... mais je reprendrais bien une petite dose d'énergie et, pourquoi pas, quelques tubes en passant. Ça tombe bien, ça arrive...

En effet, c'est l'heure du morceau de bravoure avec Home Of The Brave ! Epique et enlevé, il fait un bien fou. Warren Ham chante une partie du couplet et accompagne le groupe à la flûte (c'est un peu l'homme à tout faire du groupe...), Williams se charge des parties plus hautes, le break instrumental avec l'excellent riff de Lukather est jouissif... c'est propre, carré, impeccable. Après la reprise des Beatles mentionnée plus haut, le groove opère son retour avec deux morceaux de l'album IV, curieusement mis de côté jusqu'ici. Rosanna, tout d'abord, fait bouger et chanter l'assistance, en plus de proposer une fin rallongée par un petit jam dont le groupe a le secret... et puis, évidemment, la soirée n'aurait pas été complète sans l'incontournable Africa qui fait danser une bonne partie de la salle dans une ambiance extrêmement chaleureuse. 

Très honnêtement, il ne manque pas grand-chose... pour ne pas dire rien. Le show a duré près de deux heures, les musiciens se sont montrés au top, l'atmosphère était décontractée et joviale, la qualité de la musique proposée n'est plus à prouver... Bien sûr, vu la discographie étendue de Toto, chacun pourra toujours trouver des titres manquant à la setlist (personnellement, je n'aurais pas craché sur un petit rappel comprenant Goin' Home et White Sister par exemple) mais il reste difficile de faire la fine bouche face au talent et à la générosité déployés ce 11 juillet au Dôme de Paris. Une très belle soirée.

Un grand merci à Veryshow pour l'accréditation !

P.S. : Et pour plus de photos (en plus grand format), c'est ici.

Setlist Toto :

Girl Goodbye
Hold The Line
99
Pamela
Jake To The Bone
Keyboard solo
Burn
I'll Be Over You
Stop Loving You
Little Wing (Jimi Hendrix cover)
Drum solo
I'll Supply The Love
Georgy Porgy
Dying On Your Feet
Home Of The Brave
With A Little Help From My Friends (The Beatles cover)
Rosanna
Africa

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