Retour sur les lieux du crime pour Symphony X. Enfin, lieux du crime, pas vraiment, c'est plus une sorte de pèlerinage, une visite à la Machine du Moulin Rouge, salle - si je ne dis pas de bêtises - où a eu lieu leur tout premier concert français en 1998, quand celle-ci s'appelait encore "La Locomotive". Le groupe n'a pas de nouvel album à promouvoir, Underworld est sorti il y a déjà neuf ans (hé, les gars... il faut faire quelque chose là, ça n'est pas sérieux !)... Les Américains étaient déjà venus se rappeler à notre bon souvenir en 2019, alors pourquoi un concert de Symphony X en 2024 ? C'est au stand merchandising qu'un élément de réponse s'offre peut-être à nous car y figure un t-shirt "30th anniversary"... mais oui, c'est exact, le tout premier disque de ces messieurs a bien vu le jour en 94. Excellent ! Est-ce à dire que le concert de ce soir va nous offrir un retour dans le passé, des titres rares, des surprises ? Mmm... soyons prudents dans nos attentes, on risquerait d'être déçu. En tout cas, pour ma part, c'est toujours un plaisir de retrouver ce groupe que j'aime d'un amour indéfectible et qui se fait bien trop rare à mon goût depuis un moment (je ne suis d'ailleurs pas le seul puisque le concert affiche complet... ça fait plaisir !). D'amour, il ne sera malheureusement pas question (en ce qui me concerne) pour la première partie, Edge Of Paradise, que j'ai découvert ce soir. Il s'agit d'un groupe californien donnant dans un metal moderne, à la thématique cybernétique, très mélodique et, potentiellement sympa (fédérateur) mais qui m'a laissé totalement froid. Ce n'est pas forcément de leur faute, disons que je ne suis vraiment pas réceptif à leur style, d'autres le sont et c'est très bien ainsi, chacun ses goûts, chacun ses limites. La scène est sympa et met en avant un visuel soigné (bel artwork, costume de lumières changeantes de la chanteuse). Les compos sont assez directes, plutôt éloignées de la musique proposée par la tête d'affiche, avec un mélange hard/heavy/indus (léger)/alternatif et des gros refrains accrocheurs aux influences parfois pop/rock. Les musiciens font le job avec conviction, je n'ai donc pas envie d'en dire trop de mal... même si j'ai trouvé les riffs peu enthousiasmants et les lignes de chant très aiguës... pour ne pas dire criardes. Quelques morceaux entraînants ne m'ont pas foncièrement déplu mais ça minaude un peu trop à mon goût et ce metal moderne et un poil maniéré (vocalement parlant) avec ses touches electro (qui, de loin, m'évoque parfois la formation Amaranthe en moins pop) et ses bandes (pas envahissantes mais tout de même bien présentes, ce qui enlève clairement le petit côté rock'n'roll live que j'affectionne), n'est juste pas fait pour moi. L'accueil de la part du public reste assez chaleureux, pas délirant non plus, mais tout à fait courtois... et le groupe déroule son set sans encombre ou presque... puisqu'il sera victime d'une coupure de courant en plein milieu d'un morceau, ne laissant plus que la batterie jouer (de façon audible) pendant quelques instants, le temps que tout le monde s'arrête. Le timing doit être serré car le morceau ne sera pas repris et les Californiens enchaîneront direct avec la compo The Faceless. Parmi les titres joués, je peux vous citer Hologram (qui porte clairement une touche indus et se révèle assez efficace sur scène), Go Higher ou un nouveau single intitulé Rogue (Aim For The Kill). Le set n'a pas dépassé les quarante minutes (même si, personnellement, cela m'a semblé plus long). A 20h40, Symphony X foule les planches de la Machine... Dès que les lumières s'éteignent et que les musiciens se montrent, la foule crie, l'ambiance est hyper chaleureuse. Un tel accueil doit mettre en confiance ! C'est sur le titre épique Iconoclast que démarre - comme en 2019 - le set de la formation originaire du New Jersey. Et là, premier gros bémol de la soirée : le son est mauvais. Pas un peu décevant ou moyen, non, mauvais, brouillon avec une guitare et un clavier à peine audibles, une batterie bien trop forte qui couvre tout. On entend la voix de Russell Allen mais elle est aussi noyée dans un mix franchement pas équilibré. Les fans se montrent tout de même hyper enthousiastes - grosse atmosphère de fête dans la fosse - et scandent comme il se doit les "WE ARE STRONG" et "FIGHT ! FIGHT ! FIGHT !" du refrain... pendant que le groupe se montre extrêmement virtuose (enfin, c'est ce que je vois et entends clairement pour le batteur - très impressionnant - Jason Rullo et devine plus ou moins pour les autres). Les solos du maître Michael Romeo - bien que moyennement audibles - sont acclamés et Russell Allen, avec ses lunettes de soleil et son aisance légendaire, est une vraie rock star qui capte tous les regards. Si vous cherchez la définition de "charisme" dans le dictionnaire, une photo du chanteur devrait servir d'illustration. Mais il n'empêche que le son est honteusement dégueulasse (oui, je vais insister un peu... on est trop indulgent concernant cet aspect dans les concerts de metal, probablement parce que c'est du metal justement, pas de la pop, du jazz ou du classique) et cela me gâche une partie du plaisir. Après cette mise en bouche d'une dizaine de minutes, déboule sans transition le speed et hymnesque Nevermore ! La fosse hurle sa joie, le groupe donne tout... mais le son est toujours aussi infect. Il faudra attendre des titres moins véloces / furieux (Without You, To Hell And Back...) pour mieux profiter - auditivement - de la musique. Avant cela, il y aura tout de même eu Inferno (moment du show où l'on commence à noter une légère amélioration du son qui passe donc de "honteux" à juste "vaguement passable"), seul rescapé de l'album The Odyssey, et Serpent's Kiss, toujours aussi excellents... exécutés avec maestria et chantés par un Russell Allen qui demeure le patron des vocalistes de ce style musical. Le frontman nous a fait un petit discours juste avant Without You, nous rappelant que rien de tout cela ne serait possible sans nous, bien sûr... nous remerciant très chaleureusement et annonçant (enfin !!!) un nouvel album prévu pour l'année prochaine. Il demande donc à l'assistance si on reviendra les voir dans un an... vous imaginez bien que le public a manifesté sa joie avec ardeur et a bien fait comprendre au groupe qu'il était attendu ! Les morceaux s'enchaînent et sont tous excellents. Comment résister à l'incroyable Evolution et son fabuleux refrain ? Et quand Romeo et ses copains nous ressortent un Out Of The Ashes de derrière les fagots (issu du magnifique The Divine Wings Of Tragedy), que se passe-t-il ? Tout le monde chante à gorge déployée, évidemment. Et ce n'est pas Set The World On Fire qui fait retomber l'ambiance juste avant que le groupe ne quitte une première fois la scène. Symphony X, c'est heavy, rapide, virtuose... les Américains frappent fort et juste. Je me dis que le concert serait tout bonnement génial si le son était à la hauteur. Mais à dire vrai, il y a un second bémol que je ne peux taire (oui, si vous avez bien lu, j'avais prévenu... le son n'était que le premier bémol) : la setlist aussi réussie soit-elle (et elle l'est, il n'y a quasiment que des morceaux géniaux) est sacrément avare en surprises. Pour les trente ans du groupe, il y avait plein de compos plus ou moins anciennes ou rares à ressortir (vous voulez des idées ? J'en ai plein : Dressed To Kill, Eyes Of Medusa, Church Of The Machine, In The Dragon's Den, Fallen, Wicked, Eve Of Seduction...) mais non, Symphony X reste un peu fainéant sur ce coup-là et se contente de ressortir les mêmes classiques (oui, il y aura Of Sins And Shadows, Sea Of Lies, Paradise Lost... et les titres déjà cités plus haut, bah, le groupe les joue tous depuis des lustres). En plus de cela, il n'y a que treize chansons à se mettre sous la dent. Certaines, quelques-unes sont longues et le show a quand même durée quatre-vingt-quinze bonnes minutes... mais je suis ressorti tout de même un peu frustré. Quelques efforts de remaniement de la setlist et davantage de générosité seraient grandement appréciés... une prochaine fois ? Mais, malgré ces défauts, je ne peux m'empêcher de passer un bon moment. Il n'y a pas à dire, un concert de Symphony X, ça reste tout de même quelque chose ! Allen (je ne tarirai jamais d'éloges à son encontre) a harangué la foule comme il le faut et s'est mis l'assistance dans la poche, Lepond demeure un excellent bassiste, discret, souriant, efficace... Pinnella nous a fait une jolie intro au clavier pour ouvrir le rappel, juste avant d'enchaîner avec les premières notes de Paradise Lost, morceau calme et donc très audible (on en profite, on a jamais aussi bien entendu la voix de Russell depuis le début du concert), bref, tous les musiciens sont des monstres dans leur domaine respectif, ils sont super sympas, et le public reste en feu jusqu'à la fin du set... En plus, on a de la chance, il semblerait que le concert était censé s'achever avec le douzième titre (Of Sins And Shadows) mais les Américains nous ont gratifié d'un morceau supplémentaire : le classique mais toujours appréciable Sea Of Lies dont le refrain est magistralement repris par l'audience. Conclusion : j'aime toujours Symphony X. Ce groupe est incroyable. Son répertoire est d'une constance qui force l'admiration. Les gars restent très forts sur scène, en plus d'être extrêmement sympathiques. Mention spéciale au public, en grande forme, qui a largement contribué à faire de cette soirée un moment plus qu'agréable. Mais, vous l'avez bien compris (vu que je n'ai pas arrêté de le dire) : il va falloir sérieusement régler ces problèmes de son (ce n'est pas la première fois que les Américains se présentent avec un son pas terrible... mais cette fois, c'était trop) et se remettre à bosser un peu pour proposer des setlists plus surprenants et généreux... et là, quand ce sera le cas, oui, on pourra vraiment dire que "c'était génial !". Un grand merci à Garmonbozia pour l'accréditation. Setlist Symphony X : Iconoclast Nevermore Inferno (Unleash The Fire) Serpent's Kiss Without You To Hell And Back Evolution (The Grand Design) Run With The Devil Out Of The Ashes Set The Word On Fire (The Lie of Lies) --------------------------------------------- Paradise Lost Of Sins And Shadows Sea Of Lies
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